L'habitude qui s'est installée de dissimuler l'afikomane dans un sac et de permettre aux jeunes enfants de le dérober contre une récompense est très ancienne et paraît remonter à l'époque de la Michna.
Elle s'inscrit dans la pédagogie très particulière du Sédèr de Pessa'h, laquelle insiste sur la nécessité d'exciter la curiosité des enfants. Cette curiosité est également stimulée par l'ensemble de la gestuelle du début du Sédèr (our'hats, karpas, ya'hats), et l'auteur de la Haggada la fait culminer avec le Ma nichtana.
Il est vrai que certains décisionnaires – très minoritaires, il est vrai – ont émis des réserves sur cette pratique, qu'ils considèrent comme une forme d'incitation au vol, et donc comme contraire à une bonne et saine pédagogie.
On attribue au Mikhtav Sofèr, petit-fils du 'Hatham Sofèr, une explication plus profonde de cette pratique :
Lorsque Hachem a tué les premiers-nés égyptiens, indique la Tora (Chemoth 11, 7), aucun chien n'a aboyé. Or, la Haggada, qui énumère une quantité considérable de miracles qui se sont produits au moment de la sortie d'Egypte, est muette à ce sujet.
En fait, a expliqué le Mikhtav Sofèr, c'est le vol de l'afikomane qui constitue le rappel de ce silence des chiens. La Guemara nous met en garde contre le fait d'habiter dans une ville où il n'y a pas de chiens (Pessa'him 113a). En effet, explique Rachi, les aboiements des chiens sont une protection contre les voleurs.
Il s'ensuit que le silence des chiens, la nuit de la sortie d'Egypte, a aggravé les risques de vols.
C'est donc pour rappeler cette aggravation des risques que l'on permet aux jeunes enfants, le soir du Sédèr, de « voler » l'afikomane.