Aussitôt après avoir énuméré les dix commandements promulgués au mont Sinaï, la Tora annonce les michpatim, c’est-à-dire le système de lois civiles auxquelles seront désormais soumis les enfants d’Israël.
La place que ces michpatim occupent dans le texte de la Tora, et leur proximité par rapport à celui du Décalogue est mise en lumière par les versets suivants : « Et sur la montagne de Sinaï tu descendis, et tu parlas avec eux depuis les cieux, et tu leur donnas des ordonnances droites et des lois de vérité, et de bons statuts et commandements. Et tu leur fis connaître ton saint Chabbath, et tu leur prescrivis des commandements et des statuts et une loi, par ton serviteur Moïse » (Néhémie 9, 13 et 14).
De cette proximité découle une conséquence importante, mise en valeur par rabbi Chim‘on dans la Mekhilta de-rabbi Yichmaël (début de Michpatim) : « Pourquoi les lois (dinim) ont-elles été promulguées avant tous les autres commandements de la Tora ? Parce que lorsque deux personnes en litige font trancher leur différend par un tribunal, la paix est restaurée entre eux. »
Peut-être rabbi Chim‘on a-t-il voulu mettre ici l’accent sur le fait que l’on ne peut se consacrer à l’exécution des mitswoth que si l’on est en paix, non seulement avec soi-même, mais aussi avec les autres.
Un écrit de Rabbeinou Ya‘aqov ben Abba Mari Anatoli, gendre de rabbi Chemouel ibn Tibbon, va dans le même sens : « Nous savons que les nations ont toutes leurs lois, qu’elles soient promulguées par un soi-disant émissaire de Hachem, ou par un roi ou un juge. Tous les descendants de Noé sont tenus de les respecter, car si la loi existe c’est pour promouvoir l’harmonie dans le monde » (Malmad le-Talmidim, parachath Noa‘h – 13ème siècle).
Ce qui est vrai pour les Noahides l’est à plus forte raison pour les Juifs. Comme l’a en effet écrit le prophète : « Ainsi a parlé Hachem : Que le sage ne se glorifie pas dans sa sagesse, et que l’homme vaillant ne se glorifie pas dans sa vaillance ; que le riche ne se glorifie pas dans sa richesse ; mais que celui qui se glorifie, se glorifie en ceci, qu’il a de l’intelligence et qu’il Me connaît ; car Je suis Hachem, qui use de bonté, de jugement et de justice sur la terre, car je trouve mes délices en ces choses-là, parole de Hachem » (Jérémie 9, 22 et 23).