Citation:
Bonjour Rav Wattenberg,
Nous sommes une famille de région parisienne avec enfants et avons un projet d'alya beH
Est-ce qu'il faut demander à un Rav une autorisation ou une validation de ce projet ?
Est ce qu'il faut demander où s'installer ou le prendre uniquement comme des conseils?
A qui demander une telle question ? Bcp décourage par principe plus que de raisons
Merci pour votre aide
Mazal tov.
Personne n’a à vous dire ce que vous DEVEZ faire et, de facto, vous seul êtes responsable de votre décision.
En revanche, il est plus qu’utile et intelligent de se renseigner auprès de Rabanim et autres (amis qui ont déjà fait la aliya, amis qui se sont renseignés et ont repoussé leur projet…)
Un Rav de la région parisienne, à la tête d’une grande communauté à partir de laquelle il y a régulièrement des Aliyot de fidèles vers Erets Israel, m’a affirmé qu’avec le recul et l’expérience (sur une trentaine d’années), les familles très frum/yeshivish qui ont fait la Aliya l’ont globalement bien réussie, mais les autres, ceux qui ne sont pas vraiment Yeshivish, même s’ils sont pratiquants, ont -d’après lui- un taux de réussite de Aliya de … 10%.
Dit autrement, il estime que la grande majorité de ceux qui ne sont pas « yeshivish » et qui ont fait la Aliya depuis la France, n’ont pas bien réussi leur Aliya au niveau spirituel.
Les dommages sont plus palpables au niveau des enfants de la famille qu’au niveau des parents, et ces derniers ne se rendent pas toujours compte du virage pris par leur famille.
(c'est pourquoi ce chiffre de 90% sera contesté par les concernés...)
Ceci pour dire qu’il est donc plus que bienvenu et nécessaire de se renseigner et prendre conseil un peu partout.
Il y a des rabanim qui se montrent hostiles à la Aliya de manière systématique, parfois parce qu’ils ont peur de perdre leurs ouailles.
D’autres, sionistes dans l’âme, encouragent systématiquement à y aller en fonçant tout de suite,
Kadima !
Je n’appartiens à aucun de ces deux groupes.
Je pense que c’est bien pour certains et dangereux pour d’autres.
Voyez ce que j’ai écrit ici
https://www.techouvot.com/viewtopic.php?p=43687#43687 (il y a plusieurs messages).
Le job du rabbin
(et de toute personne que l'on consulte pour un conseil) est de répondre en recherchant
le bien de celui qui le questionne. Hélas, certains l'oublient -ou ne l'ont jamais su.
Il faut surtout savoir qu’en Israël la notion de Kehila n’existe pas vraiment
(ou pas de la même manière qu’en France) et que le type d’école juive à la française n’y reproduit pas la même chose.
Les écoles juives françaises proposent des études de ‘hol et de kodesh, les écoles israéliennes qui en font autant ne donnent pas les mêmes résultats du point de vue spirituel, les enfants pourront certes lire le ‘houmash ou la mishna de la même manière, voire parfois même mieux, mais leur cœur n’y sera pas, ils ne seront pas intéressés par la religion comme ils peuvent l’être en France.
D’un autre côté, les écoles qui préservent mieux la fibre religieuse sont souvent beaucoup plus religieuses que les écoles françaises et même lorsque les parents sont prêts à y inscrire leurs enfants, il arrive que l’école les refuse… (surtout si son patronyme est à consonance orientale).
Il faut donc bien mener son enquête, sur les écoles, sur les quartiers, etc. AVANT de débuter les démarches.
Et les conseils qu'on pourra prendre auprès d'amis et de rabanim ont pour but de nous éclairer et nous indiquer sur quels points il faut se renseigner et se méfier.
Pour ce qui est de la Parnassa, je pense que le Tsibour français a déjà entendu parler de ce problème (car parmi les trois problèmes susmentionnés, c’est le seul qui est perceptible par tous ; celui des kehilot est moins souvent souligné, et celui des écoles encore moins, car souvent les parents ne prennent pas conscience de l’ampleur des dégâts spirituels qu’ils ont entrainés à leur fils en ne s’étant pas renseignés chez leur rabbin sur ce point avant de faire la Aliya.)
Il y a 10 ou 15 ans, un ami m’a raconté qu’il pensait à faire la Aliya et était allé en parler avec un Rav francophone installé en Israël et qui poussait énormément les français à faire la Aliya.
Lorsque mon ami lui a demandé ce qu’il pensait des statistiques accablantes qui démontrent que la majorité des enfants de français (du type concerné, religieux mais pas orthodoxe) qui font la Aliya régressent en religion, ledit rav a répondu que c’était vrai mais qu’il fallait malgré tout faire la Aliya, car lorsqu’il y aura (quasiment) tous les français en Israël cela contribuera à corriger ces problèmes, même si, effectivement, ceux qui vont faire la Aliya en attendant, condamnent un peu l’avenir spirituel de leurs enfants, mais c’est pour Erets Israël qu’ils sont « sacrifiés », donc c’est bien. ( !!!)
Je ne partage absolument pas cette vision consistant à faire passer Erets Israël avant la Torah et les Mitsvot.
Concrètement, le danger pour les enfants concerne essentiellement les juifs français qui ne sont ni « ultra-orthodoxes » ni « ultra-frei »
(ces derniers gagnant à se rendre en Israël pour, au moins, éviter la Hitbolelout de leurs enfants ou petits-enfants).
Quant à savoir avec qui en parler, je pense qu’il ne faut pas hésiter à parler avec des personnes de tous les styles, vous verrez de vous-même lorsque vous tomberez sur un rabbin antisioniste par principe ou qui craint de perdre son Tsibour, tout comme lorsqu’il s’agira d’un sioniste aveuglé pour qui vos enfants n’ont pas de réelle « valeur intrinsèque ».
Il faut hélas aussi savoir qu’il existe des menteurs, comme celui qui vous garantira que votre diplôme de médecin est valable en Israël et qu’il n’y aura aucun besoin d’équivalence à passer etc.
(Un ami s’est fait tromper par un agent de l’agence juive, arborant grosse kipa et grosse barbe, qui le lui a affirmé avec tant d’assurance qu’il lui a fait confiance et s’est rendu compte, après avoir fait sa Aliya, qu’il lui avait tout simplement menti.
Du coup il fait des allers-retours constants et travaille encore en France.
Ça aussi ça fait partie des particularités qui peuvent heurter le français en Israël, il ne faut pas croire que tout le monde soit honnête…)
En bref : il faut avoir un bon job là-bas, prévoir une belle somme pour tenir au début, être prêt à encaisser toutes les difficultés liées à un changement de pays, savoir qu’il y a beaucoup de conseilleurs « intéressés » dans ce domaine
(qui veulent retenir tous les juifs en France, ou le contraire), choisir avec réflexion le quartier où l’on va habiter et trouver une école adaptée à nos enfants et à ce qu’on veut leur offrir.
Ce dernier point est souvent le plus difficile d’accès.
Hatsla’ha.