1. Pour un sépharade, en théorie il est préférable d'accompagner sa femme en voiture plutôt que d'appeler une ambulance conduite par un non-juif. Cependant, puisque d'un point de vue halakhique c'est très compliqué de prendre la voiture pendant Chabbat (notamment à cause du problème de l'extinction du moteur évoqué plus bas), en pratique il est recommandé d'appeler une ambulance.
Pour un ashkénaze en revanche, il est préférable d'appeler une ambulance dont le conducteur est non-juif, ou un chauffeur de taxi non-juif, à moins qu'il y ait un risque qu'il tarde à arriver ou qu'il manque d'empressement dans sa conduite.
2. Pour éteindre le contact et verrouiller les portes, le mieux est d'allusionner à un non-juif en lui disant par exemple : "Je n'arrive pas éteindre le contact". Puis lui dire par exemple "Savez-vous comment verrouiller les portes ?" Et celui qui demande explicitement à un non-juif d'éteindre le contact, il a sur qui s'appuyer.
Apres quoi il est permis de porter les clés de la voiture de manière inhabituelle, comme par exemple dans ses chaussures.
Mais puisque tout ça est très compliqué (notamment car beaucoup n'osent pas demander à un non-juif d'éteindre le contact), il vaut mieux appeler une ambulance.
3. Il est permis de demander à un non-juif de chauffer un plat pour une accouchée. Et elle a le droit de le manger mais pas son mari.
Par ailleurs, s'il n'y a pas de nourriture cachère dans cet hôpital, il est souhaitable qu'un non-juif transfère votre nourriture (ainsi que vos affaires et les documents nécessaires) depuis votre appartement jusqu’à la voiture, et de la voiture jusqu’à l'enceinte (clôturée) de l'hôpital.
Parce que si vous ne trouvez pas de non-juif pour transférer vos affaires de cette façon, vous n'aurez le droit de prendre avec vous que le strict minimum nécessaire, (à moins qu'il y un érouv entre chez vous et l'hôpital).
Sources et explications
Voiture ou ambulance ?
Le Choul'han Arou'h (סימן שכח סעיף יב) écrit que lorsqu'on profane le Chabbat pour les besoins d'un malade qui est en danger de vie, il faut s'efforcer de ne pas faire appel à un non-juif.
Le Or Letzion (פרק לו ס"ב) explique que puisque sauver une vie est une mitzvah très importante, il ne convient pas de laisser cette mitzvah à un non-juif.
D'un autre côté, le Rama écrit que la coutume est de faire appel à un non-juif, lorsqu'il n'y a pas de risques qu'il manque d'empressement, pour que le Chabbat soit moins profané.
Les décisionnaires sépharades tranchent comme l'opinion du Choul'han Arou'h [כף החיים (שם סקע"ח), אור לציון (פרק לו ס"ב) וחזון עובדיה (ח"ג פרק יד סכ"ג)]. C'est pourquoi pour un sépharade, en théorie il est préférable d'accompagner son épouse à l'hôpital (ou d'appeler une ambulance si son conducteur est juif), plutôt que d'appeler une ambulance dont le conducteur est non-juif. Mais en pratique il est préférable d'appeler une ambulance comme nous l'avons écrit plus haut.
En revanche pour un ashkénaze, il est préférable d'appeler une ambulance si son conducteur est non-juif, ou de faire appel à un chauffeur de taxi non-juif (lorsqu'il n'y a pas à craindre qu'il manque d'empressement et qu'il n'y a pas des risques qu'elle accouche en chemin) plutôt que d'accompagner son épouse à l'hôpital en voiture.
Éteindre le moteur
Le mieux est de demander à un non-juif sous forme d'allusion d'éteindre le moteur, comme l'écrivent le Chemirat Chabbat Kehil'hata (פרק מ הערה קנא) et le Or'hot Chabbat (פרק כ סעיף פ).
Cependant celui qui demande explicitement à un non-juif d''éteindre le moteur, il a sur qui s'appuyer. C’est-à-dire sur Rav Ovadia Yossef (חזון עובדיה ח"ג פרק טו סק"א) qui le permet, parce qu'il est permis de demander à un non-juif de faire un interdit derabanane en cas de perte conséquente (et ici il y a des risques qu'on lui vole sa voiture). En effet éteindre le moteur est une mela'ha cheina tzri'ha legoufa.
S'il n'y a pas de non-juif
Si nous ne trouvons pas de non-juif, il est vrai que le Chemirat Chabbat (פרק מ סע"ב והערה קנג) écrit au nom de Rav Chlomo Zalman Auerbach qu'il est permis – dans ce cas – d'éteindre le moteur (à moins que cela entraine l'allumage d'une lumière du panneau de contrôle par exemple), car cela ne fait qu'empêcher qu'un nouveau feu s'allume et c'est un cas de perte conséquente. Et il rapporte que le 'Hazon Ich aurait autorisé à un juif dans un cas similaire d'éteindre le moteur.
Cependant Rav Bentzion Abba-Chaoul (אור לציון פרק לו סי"ח) et Rav Ovadia Yossef (חזון עובדיה ח"ג פרק טו סק"א) affirment qu'il nous interdit d'éteindre le contact, car cela n'entre pas dans le cadre des besoins de l'accouchée.
Par ailleurs, le Or'hot Chabbat (פרק כ הערה קכ) émet la possibilité qu'il serait peut-être permis d'éteindre le contact d'une manière inhabituelle (בשינוי), car dans certains cas de pertes conséquentes nos sages ont permis de faire un travail de manière inhabituelle. Mais ses propos restent indécis.
Porter les clés de la voiture
Si nous nous garons dans l'enceinte de l'hôpital, si c'est un endroit clôturé, c'est considéré comme un Rechout Haya'hid et il n'y a donc pas d'interdit de porter (הוצאה) avec soi les clés de la voiture.
Toutefois ces clés sont Mouktzés. Par conséquent il faut les porter de manière inhabituelles (בשינוי) comme par exemple dans ses chaussures comme l'écrit le Michna Broura (סימן שא ס"ק קכג).
Demander un à non-juif de réchauffer un plat
Il est permis de demander à un non-juif de cuisiner pendant Chabbat pour un malade qui n'est pas en danger mais qui se sent très faible (חולה שאין בו סכנה), comme l'écrivent le Rambam (פרק ב הלכה י) et le Michna Broura (סימן שכח סקמ"ז).
Et il est permis à ce malade de manger ce plat, comme l'écrit le Choul'han Arouh (סימן שכח סעיף יט), car les malades ne sont pas concernés par l'interdit de manger un aliment cuit par un non-juif (בישול עכו"ם).
En outre, une accouchée est considérée comme un malade qui est en danger (חולה שיש בו סכנה) dans les 3 jours qui suivent l'accouchement (ou dans les 7 jours en cas de besoins). Et pendant 30 jours elle est considérée comme un malade qui n'est pas en danger mais qui est faible (חולה שאין בו סכנה) comme l'écrit le Choul'han Arou'h (סימן של סעיף ד). Par conséquent, elle a le droit de manger un plat réchauffé par un non-juif pendant Chabbat.
Cependant quelqu’un qui n'est pas malade, il lui est interdit de manger un plat qui a été cuit (ou réchauffé) par un non-juif pour un malade, comme l'écrit le Rama (סימן שיח סעיף ב). Et tel est l'avis du Kaf Ha'haïm (שם סקל"א).
Par conséquent, si un non-juif a cuit (ou réchauffé) un plat pour une accouchée, il est interdit à son mari de le manger pendant Chabbat.
Emmener ses affaires à l'hôpital
Emmener à l'hôpital plus que le strict minimum nécessaire lorsqu'on ne trouve pas de non-juif pour transférer ses affaires de la maison à la voiture est un problème de Hotza'a qui est évoqué dans les livres 'Hout Chani (ח"ג פרק צא סק"א עמ' רמה) et Or'hot Chabbat (פרק כ ספ"ב וספ"ה).
Dernière édition par Rav Mordehai Alberman le Sam 15 Mars 2025, 22:11; édité 1 fois
