Tout d’abord, sachez que Tosfot dans ‘Haguiga (16a) n’est pas d’accord avec ce Rashi de Meguila (24b) qui explique l’invalidité du Cohen en question de cette manière.
Selon Tosfot, le problème est que si les mains du Cohen présentent un défaut, cela risque de perturber le Kavana du peuple (qui va regarder au lieu de penser).
Mais votre question reste tout de même (sans parler de ce Rashi) à partir de la Gmara ‘Haguiga (16a) qui cite parmi trois choses à ne pas regarder sous peine de voir sa vue baisser, « les mains du cohen à l’époque du Temple et lors de la bénédiction».
Pour y répondre, je dirais qu’il faut comprendre qu’il ne s’agît pas d’un phénomène naturel, d’un « impact physique » sur la personne (selon votre expression) , que la vue des mains à ce moment abimait les yeux.
C’est plutôt une sorte de Onesh/punition envers celui qui n’était pas « ‘has al kevod kono ».
C-à-d qu’étant donné qu’on est supposé ressentir la kdousha de la shkhina sur les mains du cohen du Temple à ce moment, celui qui n’a pas froid aux yeux et les observe (alors qu’il est irrespectueux de regarder/fixer la Shkhina -Cf. Shemot XXXIII, 20), se verra puni par un affaiblissement de sa vue, Mida Kenegued Mida.
Nous pouvons donc toujours expliquer que la Shkhina est un ressenti, mais que le mépris affiché par celui qui ose observer le support de cette Shkhina à ce moment, lui vaut une punition Min Hashamayim (sans qu'il n'y ait un « impact physique »).
A part cela, je me permets d’attirer votre attention sur ce qu’écrit le Ben Ish ‘Haï à propos de cette Gmara dans son Ben Yehoyada (‘Haguiga 16a), qui explique l’intention de la Gmara comme étant de dire « qu’il mériterait que sa vue s’assombrisse ». (mais pas que sa vue baisserait réellement. Il n'y aura donc absolument pas d'« impact physique ».)
Ou bien, il propose de dire qu’on ne parle pas de ses yeux, mais des « yeux de son âme ». (Bref, aucun passage chez l’ophtalmo ne sera nécessaire).
Rav Dessler aussi interprète ainsi cette Gmara, voyez Mikhtav Meéliahou (IV, p.10) qui explique que les yeux dont on parle ici sont les « yeux de son cœur ».
Voyez aussi Sefer Haïkarim (II, §29) [ainsi que le ‘Hida dans Peta’h Enayim (‘Haguiga 16a)].