Citation:
Je me demandais, au sujet de la Michna dans Brakhot (9,3) où il est écrit: "היתה אשתו מעברת ואמר יהי רצון שתלד אשתי זכר הרי זו תפלת שוא":
Il semble être indiqué dans la guemara que cette prière sera inutile étant donné que le genre de l'enfant est déjà déterminé (après quarante jours).
Dans ce cas là; si le soucis est ici la prédétermination de l'objet de la prière, quelle différence y a-t-il avec la prière pour la pluie dans la Amida? (Etant donné que si l'on en croit la physique moderne, le fait qu'il pleuve ou non demain ou dans 1000 ans est déjà déterminé par les paramètres physiques d'aujourd'hui (il en est d'ailleurs de même pour tous les phénomènes physiques (à l'exception de ceux qui ont trait à la physique quantique) ne dépendant pas de l'homme (car on croit chez nous que le comportement de l'homme n'est pas déterminé), d'où mon choix de l'exemple de la pluie...) et on pourra aussi se demander quelle différence il y a entre avant et après quarante jours...).
Ma question s'étend en réalité à un plus vaste sujet:
Quel est l'objectif de la tephila? (Si ce n'est pas une demande à l'égard de D... de changer la nature des choses, action qui ne peut être opérée que par le biais d'une intervention Méal Hatéva).
Vous écrivez que la pluie qui tombera demain ou dans 1000 ans est déjà déterminée et calculable (si on avait les bons outils).
Permettez-moi de douter de cette affirmation, la pluie qui tombera dans 1000 ans dépend aussi de paramètres et choix humains.
La pollution participe aussi au climat, les gaz à effet de serre etc., le réchauffement climatique, vous avez dû en entendre parler, non ? Depuis 2 ou 3 décennies ils ne parlent que de ça à l’école.
Mais en réalité, ce qui importe surtout c’est que « pour nous » ce ne soit pas calculable. Si ça l’était, il eût été incongru de demander un miracle dévoilé.
C’est l’idée dont on parle dans le Talmud, vous remarquerez (et même vous avez remarqué) que l’on fait une différence entre avant et après 40 jours, car à 40 jours le genre est distinguable.
Pourtant, même avant 40 jours il est déjà « programmé », c’est juste que ça n’a pas encore pris forme, car les membres ne sont pas encore formés !
Nous voyons donc que ce qui importe n’est pas si c’est déjà prédestiné, mais si c’est déjà « formé », si ça a une réalité perceptible dans ce monde.
Là encore, vous me direz qu’on pourrait considérer qu’à l’époque des ‘Hazal où l’on ne pouvait pas faire d’échographie, même si le genre était déjà établi avec une réalité physique dans ce monde, personne n’y avait accès et on ne devrait plus considérer la prière à ce moment comme une demande de miracle dévoilé.
C’est vrai que ça se discute, et d’ailleurs c’est discuté. Le
Midrash Tan’houma (Vayetsé §8) affirme que l’on peut encore prier pour cela jusqu’à l’accouchement :
רבי הונא בשם רבי יוסי אומר אף על פי ששנינו היתה אשתו מעוברת ואמר יהי רצון שתלד אשתי זכר הרי זו תפלת שוא, אינו כן, אלא אפילו עד שעה שתשב על המשבר יתפלל שתלד זכר, לפי שאין קשה לפני הקדוש ברוך הוא לעשות את הנקבות זכרים ואת הזכרים נקבות
Voir aussi le
Yeroushalmi Brakhot (IX,3) où la yeshiva de R. Yenay dit que la Mishna parle du moment où la femme est déjà sur la table d’accouchement, c’est là que la prière pour que ce soit un garçon est vaine, mais jusque-là (=durant 9 mois et pas seulement les 40 premiers jours), on peut encore prier :
דבית ינאי אמר ביושבת על המשבר. הא קודם כן יצלי. על שם הנה כחומר ביד היוצר
Voir encore
Bereshit Raba (§72,6) où après avoir cité la yeshiva de R. Yenay, on nous rapporte l’opinion de R. Yehouda Ben Pazi qui va encore plus loin et affirme que l’on peut encore prier au moment de l’accouchement !
(C’est à se demander comment il interprète la Mishna, qui dit bien que celui qui prie pour que sa femme enceinte accouche d’un garçon, c’est une prière vaine.
On peut dire que la Mishna parle à partir de 40 jours, ou encore jusqu’à l’accouchement, mais en disant que même au moment de l’accouchement on peut prier pour cela, on ne voit plus vraiment ce que vient dire la Mishna, quand s’appliquera-t-elle ?
Toutefois, il faut remarquer que la formulation dans le Tan’houma (op cit) indique un désaccord avec la Mishna et non une interprétation différente de celle du Bavli…)
[Note au passage : c’est vexant pour une fille de voir qu’ils priaient pour avoir un garçon. Il faut comprendre qu’à leur époque, les femmes vivaient moins longtemps et ne pouvaient pas vraiment subvenir à leurs besoins, ni se protéger des dangers.]
Quoi qu’il en soit, nous voyons qu’il n’y a pas de problème de demander à D.ieu de faire un miracle, là où c’est problématique c’est de demander un miracle visible (ou « un miracle qui change ce qui est déjà réalisé/matérialisé dans ce monde »).
Tous s’accorderaient que prier pour qu’une fille déjà née devienne un garçon, est une prière vaine.
Tous s’accordent aussi à dire que prier pour avoir un garçon avant que la femme ne soit enceinte, a un sens. Et même jusqu’au 40ème jour de grossesse.
Sur le reste des 9 mois, c’est discuté.
Ceux qui pensent qu’on peut prier jusqu’à la fin des 9 mois estiment qu’étant donné qu’il n’y a pas d’échographie, personne sur terre ne sait ce qu’est ce bébé, donc ce n’est pas demander un miracle dévoilé/flagrant.
D’autres diront que puisque le corps est déjà formé, il y a déjà une réalité physique « sur terre », même si elle ne nous est pas visible, comme on sait qu’elle est là, dans ce ventre, c’est déjà demander un miracle donc c’est une prière vaine.
Par contre, lorsqu’on prie pour la pluie, tant qu'on n'a pas la possibilité de calculer avec précision -et a fortiori tant qu’on n’a pas de réalité physique déterminant s’il va pleuvoir dans un mois (même si certains facteurs portent à croire qu’il y a 90% de chances qu’il ne pleuvra pas dans le mois), la prière a encore un sens.
Ceci associé au fait qu’il peut y avoir des éléments naturels (ou humains) qui viennent changer la donne, en priant pour la pluie on n’est pas comparable à celui qui prie pour qu’une fille devienne un garçon.
PS: Je ne me relis pas, merci d'excuser les fautes.