Citation:
J'ai quelques questions, vis-à-vis de personnes très sensées, cultivé historiquement et curieux, comment prouver que la Tora, à la lettre près, n'a pas changé depuis Moshe Rabbenou ?
(Exemple de leur réfutation: Qumran, gmara qui dit qu'on choisissait la bonne version selon 2 témoins (taanit on m'a sorti mais je ne connais pas plus de sources), le roi Josias et le sefer Tora trouvé, le concile de Yabneh qui aurait changé de manière antichretienne certains textes ou aurait décidé de changer les interprétations, codex sinaiticus... Et pleins d'autres)
Deuxième chose, quoi répondre a quelqu'un qui dit que nous les juifs, nous idolatrons la lettre, le sens littéral de manière absurde. Exemple: la paix que le messie doit apporter sur terre est une paix intérieure et spirituelle, et pas physique. En gros les juifs déduisent des choses du texte jusqu'à la moindre petite virgule de manière limite idolâtre, alors que le dessein de Dieu est bien plus spirituel, comprehension que Jesus est venu apporter.
Je pense que les deux questions se rejoignent.
Je pense que ces 2 questions suffisent pour l'instant.
C'est un très vaste sujet et les questions indiquent qu'elles viennent de la polémique avec les chrétiens ou de ces discussions qui visent à établir « de force » la supériorité de sa religion.
Tout d’abord -et je crois l’avoir déjà écrit sur ce site, je ne pense pas que ce soit une bonne chose de chercher la polémique avec les chrétiens, leur religion est (enfin !) devenue pacifiste après plus d’un millénaire très sanguinaire, pour nous c’est un miracle et une aubaine.
Voilà, pour ceux qui cherchent les « miracles » de Jésus, en voici un exceptionnel : après tant de siècles où ses adorateurs se sont comportés comme des terroristes et assassins en tuant, spoliant, trucidant, exécutant et massacrant les « infidèles », ils se sont enfin calmés ! Baroukh Hashem.
[Je ne dis pas, bien entendu, que tous les chrétiens étaient des criminels, mais je dis qu’ils en comportaient beaucoup trop dans leurs rangs et que ces derniers n’hésitaient pas à invoquer Jésus pour justifier leurs crimes.
De plus -et c’est très lourd de conséquence- leurs plus grandes autorités se sont parfois malheureusement illustrées dans ce domaine, certains papes étaient d’odieux criminels et des bandits qui de nos jours auraient été condamnés par n’importe quel tribunal.
Parlons déjà de certains dont il est de notoriété publique qu’ils se sont mal comportés, sans entrer dans le cas de papes très pieux mais terriblement racistes et encourageant à la haine (et donc responsables de vols, crimes et assassinats).
Et je ne parle pas de leurs rois (désignés par dieu ! quelle blague).
Le pouvoir lié à la richesse a toujours fait dévier les esprits, mais les rois chrétiens ont vraiment atteint des sommets.
Une fois on m’a répondu «
et vous avez vu les rois d’Israël décrits dans la Bible ? ils n’étaient pas tous des anges ! ».
C’est très vrai mais totalement hors sujet, car il y a une différence fondamentale et colossale entre ces rois juifs et les rois chrétiens dont je parle :
Ces rois juifs sont considérés
par le judaïsme et tous les juifs depuis plus de 2000 ans comme des sales types, des impies qui se sont souvent emparés de la royauté par le glaive et qui étaient des Reshaïm.
On a toujours mis en comparaison les rois impies et les rois Tsadikim que notre peuple a connus et les juifs depuis plus de 2000 ans ont toujours critiqué et même parfois maudit la mémoire de certains rois Reshaïm.
Tandis que les rois chrétiens étaient soutenus par les autorités ecclésiastiques, le roi chrétien était supposé être un fidèle de D.ieu et nommé par lui, et il commettait toutes les abominations. Si ses rapports avec le pape s’envenimaient, c’est parce qu’il y avait des conflits d’intérêts entre ces deux « représentants de D.ieu ».
Bref, il y a eu des bandits chez les juifs et il y en a eu chez les chrétiens, mais les juifs ne canonisent pas un impie.
Je ne souhaite pas parler trop de ce sujet douloureux, hélas les gens ignorent l’histoire des papes et celle des rois de France
(et d’ailleurs), mais D.ieu merci les temps ont changé et les chrétiens ne tolèrent plus les crimes de leurs dirigeants comme ils les toléraient dans le passé. Aujourd'hui, ils savent critiquer les agissements critiquables de certains papes et de certains rois réputés très pieux.
(Même pour la pédophilie des prêtres, croyez-vous que ça ne se savait pas avant ? Bien sûr que ça se savait, mais moins car il y avait des pressions et menaces sur les témoins et les victimes.)]
Le judaïsme ne s’oppose pas au christianisme pour les non-juifs.
C-à-d qu’un non-juif n’est pas tenu de pratiquer les 613 mitsvot et s’il adhère sincèrement au christianisme, c’est très bien car il respectera ainsi les « 7 Mitsvot »
(ne pas voler, ne pas tuer, pas d’adultère, établir et faire respecter des lois, etc.) en y ajoutant même quelques autres éléments très positifs comme croire en D.ieu, pratiquer le ‘Hessed et la Tsedaka, respecter son prochain, etc.
Si ces vertus pouvaient être respectées par tous les français, nous serions un état exceptionnel et unique au monde.
Les chrétiens sincères et qui n’ont pas été pollués par les idées racistes et antisémites que l’Eglise a professées durant des siècles, sont une fierté pour notre pays et si nos concitoyens athées pouvaient s’en inspirer, la France irait mieux
(je dis s’en inspirer, mais sans pour autant devenir chrétien systématiquement, car si tout le pays redevient chrétien, je crains -mais peut-être à tort- une rechute et qu’on en revienne aux égarements du Moyen-Âge).
Bref, les (vrais) chrétiens sont des gens bien de nos jours, si pour cela ils ont besoin de croire que Jésus est vivant et se cache quelque part, laissons-les le croire -tant qu’ils n’essaient pas d’en convaincre des juifs, ni de les exterminer.
Oui, car hélas, il leur reste cette manie tenace du prosélytisme.
Au lieu de l’appliquer aux juifs, ils devraient s’y employer uniquement avec les athées.
Ceci étant dit, j’en viens à vos questions.
Je cite :
Citation:
comment prouver que la Torah, a la lettre pres, n'a pas changé depuis Moshe Rabbenou?
Ça c’est plutôt une question de musulman.
Pour les chrétiens c’est très simple, ils ont la même Torah que la nôtre (l’Ancien Testament), c’est donc qu’ils ne pensent pas qu’on l’ait changée.
(Quant aux musulmans qui pensent que nous y avons apporté des changements, je ne sais pas comment ils s'arrangent avec le fait que le christianisme les a précédés et se retrouve avec la même Bible que nous. Ils auraient opéré exactement les mêmes changements?)
Quand vous dites « à la lettre près », il faut savoir que ce n’est pas la prétention du judaïsme.
Ce dernier ne fait qu’assurer l’absence de changement du texte, du contenu, du sens, des mitsvot, mais pas d’une simple lettre qui ne change rien au sens.
La Gmara
(Kidoushin 30a) dit clairement qu’on n’est pas certain des ‘Hassérot et Yetérot, c-à-d qu’il peut y avoir des lettres comme le Vav et le Youd qui parfois s’ajoutent dans un mot sans en changer le sens.
Et il est de notoriété publique aujourd’hui que le sefer Torah Sfarade diffère du Sefer Torah Ashkenaze sur UNE lettre
[dans Dvarim (XXIII, 2) : Petsoua Daka avec un Alef ou un Hé final : דכא – דכה] sans que cela n'ait aucune sorte d'incidence sur le sens du verset et la halakha.
Et avec le Sefer Torah des yéménites, il y a encore quelques différences dans :
Bereshit (IV, 13) Minesso sans Vav.
Bereshit (VII, 11) Mayanot sans Vav.
Bereshit (IX, 29) Vayihyou avec Vav.
[
Bereshit (XLI, 45) Potiféra en un seul mot.]
Shemot (XXV, 31) Téassé sans Youd.
Shemot (XXVIII, 26) Haéfod sans Vav.
[
Vayikra (VI, 2) Mokda avec un Mem normal (chez nous il est petit)]
Bamidbar (I, 17) Beshemot sans Vav.
Bamidbar (X, 10) ‘Hodshékhem avec Youd.
Bamidbar (XXII, 5) Beor sans Vav.
[
Bamidbar (XXV, 12) Shalom avec un Vav normal (chez nous il est petit)]
Et
Dvarim (XXIII, 2) Daka avec Alef comme le Sefer Torah Ashkenaze.
Donc rien de tout ça ne porte à conséquence, mais qui irait dire que la Torah est inchangée A LA LETTRE PRES ?
Pour l’histoire du choix de la bonne version selon deux témoins, il ne s’agit pas de deux témoins mais de deux
textes témoins, à l’époque d’Ezra, suite à l’exil de Bavel, les juifs avaient des doutes sur la manière d’orthographier certains mots de la Torah et c’est là qu’en se basant sur trois anciens Sifrei Torah, ils ont suivi et adopté la majorité ; lorsque deux des trois Sifrei Torah orthographiaient un mot de la même manière, ils les suivaient
(ajoutant ou retranchant un Vav ou un Youd sans incidence).
Mais tout cela ne concerne pas les Mitsvot ni le sens de la torah car encore une fois, il ne s’agit que de lettres qui ne portent pas à conséquence et ne changeront rien aux Mitsvot
[il ne faut pas croire qu’une version disait « mettez les Tfilines et faites Shabbat » et l’autre disait « non ce n’est pas la peine », ou encore « à shabbat il suffit de faire une sieste mais vous pouvez effectuer des Melakhot ».
Rien de tout cela, les divergences d’orthographe dont nous parlons sont inconséquentes et ne justifient pas -ni ne sont à l’origine- des changements instaurés par les chrétiens dans la pratique des Mitsvot.]
Ces changements et variations d’orthographe ne pourront donc aucunement relativiser les Mitsvot.
La seule chose à relativiser serait les « codes dans la Torah », ces Drashot modernes (basées sur des espacements et calculs de lettres et Cie) et très prisées dans certains milieux.
En effet, selon notre tradition, ces « codes » sont de peu d’intérêt puisqu’il subsiste des doutes sur l’orthographe.
Citation:
le roi Josias et le sefer Torah trouvé
C’est dans
Melakhim (II, 22, 8).
Voyez le
Abrabanel (ad loc) qui explique que puisque le roi A’haziahou avait truqué les Sifrei Torah (cf.
Sanhedrin 102b) en supprimant/effaçant les noms de D.ieu pour y mettre des noms d’idoles
(-Eh oui, il y a eu des rois impies à ce point), un des cohanim ayant craint qu’il abime aussi le Sefer Torah autographe de Moshé
(himself), l’a dissimulé
(voir aussi Rashi qui ne précise pas que c’est le Sefer de Moshé mais qu’il a été caché pour le sauver d’A’haz qui l’aurait brûlé. Mais voir aussi Radak).
Le
Metsoudat David écrit des choses similaires.
Et pour le
Malbim, si le Sefer de Moshé a été caché, c’est
(à une autre période sombre) à cause du roi Menashé (et non A’haz) qui risquait de le brûler (et non de le truquer).
Et c’est ce Sefer qui a été retrouvé par ‘Hilkiyahou le Cohen Gadol à l’époque du roi Yoshiyahou.
Ce dernier était bon, mais nombre de ses contemporains n’étaient pas brillants en Yirat Shamayim et n’accomplissaient pas la Torah, comme vous le verrez explicitement au début des prophéties de
Yirmiyahou (1, 16) (voir aussi
Yirmiya IV, 4) qui débutèrent sous le règne de Yoshiyahou [comme vous le verrez dans
Yirmiya (XXV, 3)].
Donc oui, les juifs de l’époque de Yoshiyahou avaient pas mal oublié la Torah et la délaissaient, mais le texte n’était pas perdu pour autant, il était snobé seulement, et de nombreux Sifrei Torah avait été « falsifiés » au niveau du nom divin (comme dit plus haut).
Et lorsqu’on a retrouvé le Sefer Torah écrit par Moshé Rabénou, il était « roulé » à la page des Klalot de Ki Tavo.
Shafan Hassofer en a fait une lecture devant le roi (comme les versets le racontent) et le texte portait sur les Klalot de Ki Tavo, ce qui a amené le roi à déchirer son vêtement en signe de deuil et de Tshouva et à envoyer des hommes vers le prophète (en l’occurrence la prophétesse ‘Houlda Hanevia) car il prit conscience que peu était fait pour faire respecter la Torah, les Bnei Israel étant pris dans la Avoda Zara…
La prophétesse a en effet interprété cela négativement
(d’avoir trouvé le Sefer de Moshé qui s’ouvre sur une klala) et a prophétisé des malheurs, avec une remise de peine pour le roi qui a fait Tshouva en déchirant son habit et en pleurant.
Ce dernier s’est donc mis au travail pour purger le Temple et Jérusalem de l’idolâtrie, voyez
Melakhim (II, XXIII,4-7 , 10).
Mais ça ne veut pas dire qu’ils auraient trouvé un Sefer Torah alors qu’ils n’en avaient pas du tout.
C’est juste qu’ils ont retrouvé LE sefer Torah (celui de Moshé) et que les phrases sur lesquelles il s’est ouvert annonçaient un terrible présage.
Voilà pourquoi le roi a tenu à ce qu’on fasse une lecture du passage sur lequel le sefer s’était ouvert.
[Il y a une autre explication, donnée par le très sage et très instruit
Rav Sliman Sassoon (1915–1985) dans
Natan ‘Hokhma Lishlomo (p.220 et les 10 pages suivantes), qui démontre que ce que l’on appelle ici « Sefer Torah » est en fait un rouleau des Klalot de Ki Tavo qui avaient été écrites à part par Moshé Rabénou et transmises aux Cohanim qui ne devaient pas en faire de copies.
Le Rav apporte des preuves que l’expression Sefer se rapporte à tout document écrit
(comme un Guet, qui ne fait qu’une page et est appelé Sefer Kritout dans la Torah, idem pour la parasha de la Sotah à effacer dans l’eau, et d’autres exemples encore), et que le terme Torah signifie essentiellement un enseignement de Moussar, des Tokha’hot. ]
Citation:
le concile de Yabneh qui aurait changé de manière antichretienne certains textes ou aurait décidé de changer les interprétations
Là je demande des exemples de changements antichrétiens par le « concile de Yabneh ».
Ce dernier (-pour peu que l’on puisse la qualifier de concile,) s’est attelé à faire des Takanot pour le maintien du judaïsme en absence de Beit Hamikdash.
Il n’a rien « changé » de la Torah, mais a ajouté des prescriptions rabbiniques, comme prendre le Loulav toute la semaine de Soukot (même en dehors de Jérusalem) au lieu du seul premier jour comme écrit dans la Torah.
Mais il n’a jamais prétendu que ce soit le texte de la Torah qui l’indiquait et n’a jamais changé ce texte pour le lui faire dire.
Je ne sais pas trop de quoi votre interlocuteur vous parle
(à moins d’imaginer qu’il se soit embrouillé avec la Birkat Haminim qu’il aurait injustement qualifiée de « changement » et d’ « anti-chrétien » ?), car -à ma connaissance, le texte de la Torah que nous avons est aussi celui qu’ils ont.
Il est difficile de répondre à des arguments qui n’en sont pas et à des preuves qui ne prouvent que l’incompétence des détracteurs du judaïsme qui se sont mal renseignés ou qui pensent savoir étudier et comprendre le Talmud.
J’imagine que l’origine de leurs arguments vient de leur compréhension erronée des textes talmudiques portant des expressions comme pouvant leur sembler un dévoiement du verset , du type Al Tikrei «
Ne lis pas ceci, mais cela ».
De manière plus générale, les chrétiens ne comprenaient pas grand-chose au Talmud, mais ils tentaient de l’étudier et cela les a amenés à diffamer bêtement ce livre magnifique et -durant des siècles au Moyen-Âge, provoquer des disputations pour « prouver » aux juifs qu’ils étaient dans l’erreur.
Des notes résumées de ces disputations ont parfois été consignées, rapportant des discussions véhémentes entre les deux clans.
J’ai lu beaucoup de ces comptes-rendus, parfois rédigés par les chrétiens, d’autres fois par des juifs, et je peux vous dire que l’argument chrétien est parfois lamentablement ridicule pour ceux qui SAVENT comprendre le langage talmudique
(hélas, dans 95% des cas, le juif n’était pas à l’aise pour répondre franchement et il fallait faire usage de diplomatie pour ne pas avoir la tête tranchée).
Il ne s’agit pas de simple traduction de l’araméen, je parle de compréhension du sens des expressions talmudiques, la teneur des Drashot, la manière de s’exprimer en vogue à l’époque, etc.
Eh oui, c’est qu’un livre vieux de 15 siècles et rédigé en araméen ne peut pas être à la portée du premier linguiste venu.
Il faut connaitre et comprendre la mentalité des gens de cette époque et savoir déchiffrer leurs expressions.
L’étude du Talmud nécessite une transmission, de maître à élève, depuis l’époque de sa rédaction.
Les chrétiens se sont montrés lamentablement pitoyables durant des siècles, en jugeant une œuvre à laquelle ils ne comprenaient rien, et en voulant imposer leur bêtise aux juifs avec beaucoup de vanité et d’intolérance.
Quelques-uns, mais peu, parmi ces hébraïstes chrétiens, avaient compris que la compréhension réelle du Talmud était une affaire sérieuse et que son texte était très précieux et louable.
Ils furent d’excellents défenseurs de notre cause et de nos livres, face à des coreligionnaires souvent obtus et imbus de leur personne.
Même de nos jours, certains râlent et rouspètent contre le Talmud en nous prouvant leur inconséquence et leur ignorance, voyez ici :
https://www.chiourim.com/comparaison-finance-juive-finance-islamique-accusations-contre-le-talmud-html/
Citation:
Deuxième chose, quoi répondre a quelqu'un qui dit que nous les juifs, nous idolatrons la lettre, le sens littéral de manière absurde. Exemple: la paix que le messie doit apporter sur terre est une paix intérieure et spirituelle, et pas physique. En gros les juifs déduisent des choses du texte jusqu'à la moindre petite virgule de manière limite idolâtre, alors que le dessein de Dieu est bien plus spirituel, comprehension que Jesus est venu apporter.
Encore une fois, je ne pense pas qu’il soit nécessaire de répondre car l’accusation est absurde ; c’est contre les Caraïtes qu’elle se porte, pas contre les juifs « rabbiniques ».
Notre tradition ne prend pas tout à la lettre comme les Caraïtes, ni non plus tout comme une allégorie ou vague idée philosophique et facultative comme le font les chrétiens.
Aussi, notre tradition a l’avantage d’être reconnue par les chrétiens comme étant la plus ancienne et celle d’origine
[il y a bien eu des décrets rabbiniques qui se sont ajoutés avec le temps, bien entendu, mais nous parlons ici de l’approche qui consiste à considérer les Mitsvot comme devant être accomplies physiquement].
Dès lors, devrions-nous avoir à nous justifier de continuer ce que les juifs ont toujours fait depuis le don de la Torah ?
Les chrétiens, qui se veulent être les nouveaux juifs (et Verus Israel), ont décidé que tous se trompaient, depuis Moïse jusqu’à -lehavdil- Jésus, et qu’il fallait comprendre la Torah autrement.
Grand bien leur fasse, mais de là à venir demander une justification aux juifs alors que ce sont eux qui sont venus changer les choses et nous qui sommes restés fidèles à la tradition, non.
[je sais bien qu’ils ne disent pas que Moïse et Jésus se trompaient, ils disent que c’était nécessaire avant mais plus maintenant que Jésus est mort. Cependant, c’est à eux de devoir se prouver que ce changement est juste, pas à nous.
Jésus pratiquait la Torah et les Mitsvot comme les rabbins pharisiens, c-à-d ni comme les Caraïtes, ni comme les actuels chrétiens.
Ces derniers ont donc décidé de changer ce que faisaient tous les prophètes -le leur inclus- pour avoir une toute nouvelle approche de la Torah.
Avoir en plus l’audace de demander aux juifs comment ils se justifient est ridicule.
Et puis avec ce genre de décision qui annule les Mitsvot, on peut tout envoyer valser à souhait.
Demain un type va se lever et annoncer qu’il a reçu un message divin par l’entremise de Jésus, ou même de Paul tant qu’on y est, selon lequel les choses ont de nouveau changé et dorénavant il faut accomplir les Mistvot !
D’ailleurs, vous devez vous souvenir que le pape a récemment laissé entendre qu’il fallait respecter le shabbat 😊 ]
Nous avons tellement de plaintes et critiques de ce genre, des chrétiens comme des juifs de tous bords. Je proposerais de rediriger ces chrétiens vers des juifs du courant qui s’appelle « Massorti » (alias
Conservative).
Ces derniers nous reprochent aussi notre pratique trop fidèle au Talmud, mais partagent notre approche pratique des Mitsvot.
Les chrétiens pourraient donc discuter avec eux de ce point, au lieu de tous venir porter leurs plaintes contre nous, qu’ils se débrouillent déjà entre eux, ça nous ferait gagner du temps.
Citation:
la paix que le messie doit apporter sur terre est une paix intérieure et spirituelle
Mais qui le leur a dit ? Lorsque le prophète
(Yeshaya II, 4) parle de la paix entre les peuples qui ne tireront plus l’épée l’un contre l’autre, pourquoi mentionner les peuples ?
pourquoi mentionner deux partis ?
Et l’épée ?
S’il s’agit de la paix intérieure propre à chacun, il n’est pas compréhensible que l’allégorie porte sur deux belligérants, deux peuples opposés.
Au mieux on aurait pu parler de deux personnes
(car si chacun atteint la paix intérieure, il y aura forcément moins de disputes), mais pourquoi parler de plusieurs peuples ?
Avec de l’imagination et beaucoup de bonne volonté pour s’arranger avec les versets, on trouvera comment répondre à cela, mais pas comment justifier que ce soit la seule lecture acceptable.
De plus, cette lecture n’était pas celle d’origine, au départ, tous comprenaient que ces versets comme nous, même s’ils comportent des allégories, il y était bien question de paix entre les peuples.
C’est par la suite que cette nouvelle interprétation s’est imposée aux chrétiens presque contre leur gré, puisqu’ils voulaient penser que le messie était déjà venu, il leur fallait donc expliquer ces versets autrement (puisque nous avons pu constater des guerres depuis la mort de Jésus).
Nous qui ne considérons pas Jésus comme le messie, n’avons pas besoin d’entrer dans leurs Do’hakim pour s’arranger avec les psoukim et nous pouvons légitimement espérer un messie qui apportera la paix -pour de vrai (c’est aussi ce qu’espéraient les premiers chrétiens), pas une paix allégorique ou une simple « paix intérieure » avec une « guerre extérieure ».
J’ajouterai encore que même pour la paix intérieure ce n’est pas gagné. Combien de personnes ont vraiment atteint ce « niveau » ?
Et si le verset de Yeshaya n’annonçait que la paix intérieure et que pour quelques personnes
(qui seraient tellement bien dans leur vie religieuse qu’elles accéderaient à une paix intérieure), il n’était pas nécessaire d’attendre le messie pour cela, il y avait déjà avant Jésus des gens bien dans leur tête et qui vivaient une paix intérieure.
Citation:
En gros les juifs déduisent des choses du texte jusqu'à la moindre petite virgule de manière limite idolâtre, alors que le dessein de Dieu est bien plus spirituel, comprehension que Jesus est venu apporter.
Bon, tout d’abord, c’est absurde, nous n’idolâtrons pas la moindre virgule, nous respectons le sens du texte (comme dit plus haut).
Les chrétiens interprètent le verset qui impose la circoncision, comme étant allégorique ; il s’agit de retirer le mal qui est nous, l’ablation du Yetser Hara.
Il y a par exemple des versets que l’on interprètera ainsi, sur ce même vocable, comme dans
Dvarim (X, 16) ומלתם את ערלת לבבכם וערפכם לא תקשו עוד
(qui pourrait se traduire : « vous circoncirez le prépuce de votre cœur ») car d’une part il serait compliqué de pratiquer cette ablation sur le cœur, il serait nécessaire d’avoir recours à la sternotomie médiane, cela semble peu probable et peu praticable
(c’est donc que le texte nous demande autre chose), et d’autre part, il faut lire le contexte, la suite même du verset nous dit וערפכם לא תקשו עוד qui signifie « et vous ne raidirez plus votre nuque »
(la raideur de la nuque signifie, dans le langage biblique, l’insolence, l’effronterie…).
Cette fin de phrase indique donc qu’il ne s’agit pas d’une opération à cœur ouvert, ni d’un triple pontage, mais bien de supprimer l’impureté de son cœur.
Dans ce cas, oui, pas de doute, l’intention du verset est allégorique et nous n’idolâtrons pas « la moindre virgule ». Idem dans
Yirmiya (IV, 4).
Mais lorsque le verset semble parler de véritable circoncision, comme dans
Vayikra (XII, 3) où l’on nous dit que lorsqu’un bébé naitra, on le circoncira le 8ème jour, c’est autre chose.
Si lorsque le texte dit de circoncire un bébé à huit jours, il faut interpréter que c’est une circoncision spirituelle, dans l’esprit, c-à-d qu’on demande au bébé de bien vouloir supprimer l’impureté de son cœur, et de contenir son mauvais penchant, ça s’annonce compliqué à son âge.
Idem dans
Bereshit (XVII, 12).
Et puis pourquoi le verset ne l’impose que pour les garçons [
Bereshit (XVII, 12) et (XVII, 10) et (XVII, 14) et (XVII, 23)] ? Les filles n’auraient pas de cœur à circoncire, pas de mauvais penchant ?
[Et pourquoi le verset
(Bereshit XXXIV, 25) nous dit que les habitants de la ville de Shkhem étaient souffrants le troisième jour après leur circoncision si ce terme signifie supprimer son mauvais penchant ?]
Bref, la lecture sensée du texte porte à croire qu’il s’agisse d’accomplir la Mitsva telle que nous la connaissons et pas seulement d’y voir une allégorie moussarique.
Et un chrétien qui présenterait comme argument qu’un texte religieux comme la Bible doit être compris autrement que NOUS, les juifs, comprenons la Bible, ne se rend pas compte qu’il contredit le christianisme !
Car ce dernier reconnait que c’est la lecture à avoir d’un texte
(et il reconnait que tous les lecteurs de Bible jusqu’à Paul -et Jésus/Marie/Joseph inclus, lisaient la Bible comme les juifs la lisent depuis toujours), il ne fait que se réclamer d’une « prophétie » de Paul qui viendrait changer les choses et présenter une lecture autre que la lecture sensée.
Si c’était déjà indiqué par le bon sens, il n’y aurait pas eu besoin d’intervention de Paul, et il aurait été délicat de dire que Jésus (et tous les juifs) s’étaient laissés aller à une lecture infantile du texte.
Voilà pour la Brit Mila et il en va de même pour beaucoup d’autres points.
Comme ne pas manger certains animaux (cochon et Cie), habiter dans la Souka la semaine de Soukot, manger de la Matsa le soir de Pessa’h, ne pas manger de ‘Hamets à Pessa’h, jeûner à Yom Kippour, …
[Je précise que le
Yaabets (Din Birkat Ha'hama - à la fin du Seder Olam imprimé avec ses annotations en 1757) écrit longuement, avec preuves à l'appui en se basant sur des citations des Evangiles (de mémoire au moins 8) avec lesquelles il se livre à un véritable pilpoul, pour prouver que Paul n'a jamais indiqué cette nouvelle interprétation de la Torah !
Il montre que les Evangiles disent assez clairement que Paul disait aux chrétiens d'origine juive de continuer à pratiquer toutes les Mitsvot, alors qu'aux chrétiens d'origine païenne, il disait qu'ils n'avaient pas besoin de se circoncire et qu'ils devaient se suffire de se circoncire dans l'esprit.
Autrement dit, Paul suivait parfaitement la halakha qui préconise que le juif doive pratiquer les Mitsvot alors que le non-juif ne doit pas faire Shabbat comme les juifs, ni être circoncis comme les juifs, etc.]
Il y a des passages qui sont allégoriques, c’est certain (comme celui de la circoncision du cœur), mais il faut comprendre deux choses :
1) Le bon sens l’indique.
2) Ces passages ont toujours été compris de manière allégorique
(nos ancêtres -ainsi que Jésus- n’étaient pas totalement stupides et savaient lire un texte avec intelligence).
Tandis que dans les interprétations allégoriques des Mitsvot par les chrétiens, ce n’est pas le bon sens qui indique et recommande cette lecture
(au contraire, comme on l’a vu), mais ce qui peut la motiver, c’est une « prophétie »
(ou la volonté de se débarrasser de mitsvot jugées trop embarrassantes et contraignantes).
Citation:
comprehension que Jesus est venu apporter
Oui, alors ça, c’est une blague, parce que Jésus ne mangeait pas de porc, jeûnait à Yom Kippour, mangeait de la Matsa à Pessa’h, respectait le Shabbat sans travailler ni faire les Melakhot interdites.
[les Evangiles
(Matthieu XII,1-8) (Marc II, 23-28) (Luc VI,1-5) racontent que les disciples de Jésus étant affamés, ont une fois, pendant shabbat, cueilli des épis de blé pour en manger les grains.
Les pharisiens l’ont reproché à Jésus qui s’est justifié en invoquant deux types de dérogation et en reprochant aux pharisiens leur « idolâtrie du shabbat ».
De là, les chrétiens déduisent que respecter le shabbat c’est idolâtrer le texte comme l’ont dit vos amis, mais c’est la déduction inverse que je retiens : si la seule transgression du shabbat par les disciples de Jésus est répertoriée et que Jésus a tenté de la justifier halakhiquement
(pour une sorte de Pikoua’h nefesh ou pour comparaison avec le service divin au Temple qui repousse les lois du shabbat), c’est donc qu’en temps normal ils respectaient le shabbat -et à plus forte raison Jésus lui-même qui n’a pas cueilli de blé ce samedi-là.
C-à-d que Jésus professait un respect de la halakha tout en tolérant des dérogations, mais de là à lui attribuer la transgression systématique des halakhot (si chère aux chrétiens), c’est impossible].
Bref, Jésus n’a pas changé les lois juives d’un iota
(Matthieu V, 18) (cf. Luc XVI, 17) et disait qu’il n’est PAS venu abolir la loi de la Torah ni celle des rabbins
(Matthieu V, 17) et que tant que le ciel et la terre seront là, la halakha ne changera pas
(Matthieu V, 18) (Matthieu XXIV, 35) et (Luc XXI, 33).
Ce n’est donc absolument pas le message qu’il a apporté, il a seulement essayé d’insister sur le travail intérieur que doit produire le respect de la halakha et ne pas se focaliser sur l’orthopraxie sans se travailler intérieurement.
C’est un message sur lequel insistaient déjà les rabbins pharisiens
(même s’il y a toujours eu des personnes hermétiques à cela -et parmi elles des rabbins), c’est aussi le message essentiel de la ‘hassidout et c’est encore un message relayé par plein de bons rabbins même de nos jours.
Mais insister sur le travail intérieur ne signifie pas se dispenser de l’acte des mitsvot (comme le disent les chrétiens depuis Paul), ni relativiser son importance au point de trouver de nouvelles dérogations (comme l’a fait Jésus).
Tout ça n’est qu’une grande farce, la lecture juive est totalement justifiée, c’est la lecture innovante des chrétiens qui est choquante et difficile à justifier.
Dire que Jésus s’est dévoilé à Paul ou à quelqu’un d’autre pour lui dire qu’il n’est plus nécessaire d’accomplir l’acte des Mitsvot est un tour de passe-passe, un truchement par lequel on pourrait tout justifier (jusqu’à la réforme du christianisme, voire son abandon).
Jésus aurait dit que tant que le ciel et la terre seront là, la halakha ne changera pas [
(Matthieu V, 18) (Matthieu XXIV, 35) et (Luc XXI, 33)] et après sa mort, un autre débarque et dit en son nom l’inverse (alors que le ciel et la terre semblent être encore là)?!
Voilà pourquoi je déconseille ce genre de discussion avec les chrétiens, leurs arguments contre la Torah sont basés sur une incompétence et une incompréhension extraordinaire du Talmud, j’ai lu des dizaines de livres écrits par des chrétiens pour critiquer le Talmud, c’est incroyable de voir l’arrogance de personnes totalement incompétentes en Talmud qui veulent néanmoins se battre avec lui.
Je ne pense pas qu’il convienne non plus de tenter de déstabiliser un chrétien dans sa foi.
Selon nos Poskim, un non-juif qui professe le christianisme est -de nos jours- un Tsadik, un ‘Hassid Oumot Haolam, pourquoi aller lui mettre des doutes alors qu'il se comporte selon la volonté de D.ieu et qu'il fait le bien sur terre?
De manière générale, je trouve que les religions doivent se respecter mutuellement dans la mesure où elles professent de bonnes Midot.
Il ne faut pas juger les autres sur base de (notre compréhension de) leurs livres saints.
Peu importe ce qui nous paraitrait être une incohérence dans les textes religieux d’autrui, tant que les concernés eux-mêmes comprennent leur texte de manière à ce qu’il leur indique de faire le bien sur terre.
Il ne faut pas juger les textes eux-mêmes, il faut juger l’interprétation qu’ont les gens de leurs textes.
Il en va de même pour le Coran qu’il est à la mode de critiquer depuis qu’on voit des tarés assoiffés de sang qui crient Allahou Akbar en assassinant des innocents.
Certains disent que c’est le texte du Coran qui l’indique, d’autres les contredisent.
Peu importe ce que le Coran veut réellement dire
(puisqu'on peut tout lui faire dire), ce qui importe c’est la lecture qu’on en aura.
Les musulmans qui ont une lecture pacifiste du Coran sont dignes de notre respect et de notre fraternité et soutien.
Ceux qui en ont une lecture terroriste et raciste sont condamnables.
Pareil pour ceux qui auraient une lecture terroriste des Evangiles (je ne crois pas que ça existe de nos jours Baroukh Hashem, c’est du passé), ou une lecture terroriste du Talmud (ou du code civil, ou de Tintin, ou de n’importe quel texte hissé au rang de livre saint ou contraignant dans l’esprit de cette personne).
En conclusion : Dépassons ces querelles ridicules, aimons-nous entre humains responsables et bienveillants et laissez vos chrétiens tranquilles.
PS: il est tard et j'ai été long, je n'ai pas la force de me relire, veuillez excuser les fautes, merci.