Lecture de la Thora par les femmes
On m’a demandé ce que je pensais d’un article (
http://www.jforum.fr/forum/communaute/article/que-dit-le-talmud-sur-la-lecture ) publié sur
JForum concernant la lecture de la Thora par des femmes de la communauté de la
rue Ancelle à Neuilly-sur-Seine.
En voilà un sujet polémique !
J’aurais volontiers décliné l’invitation, mais eu égard aux
rabanim qui me l’ont demandé, j’ai trouvé inadéquat de refuser.
Je préviens tout de suite, je risque d’être un peu long.
Il y aurait tellement à écrire que l’on pourrait en faire un livre, mais je vais essayer de cibler l’essentiel en accordant à ce que je pense être majeur les explications nécessaires et en me contentant de ne souligner que quelques points de ce que je considère être les sujets périphériques (mais ceux qui m’ont déjà lu savent que j’ai une fâcheuse tendance à ne plus m’arrêter lors de mes digressions…).
Voici le plan –en trois étapes cardinales- de ce que j’ai en tête actuellement et que je m’apprête à écrire :
1) quelques exemples de problèmes ala’hiques et les possibilités et manières de les contourner.
2) cibler le véritable problème –qui lui n’est PAS « ala’hique ».
3) propositions de solution.
(Me connaissant, j’imagine que j’aurais du mal à taire totalement les remarques que j’ai sur l’article de
JForum, mais je m’engage à ne pas m’y affairer "comme j’aurais envie de le faire", ça n’est pas le but essentiel, je n’y ferai donc que de brèves allusions en passant).
Commençons.
Avant tout, je tiens à préciser que je ne cautionne aucunement un quelconque manque de respect envers les femmes, bien au contraire je le condamne sévèrement.
Je trouve un peu ridicule d’avoir à le préciser, mais quand je constate que cet article fait mention de l’enseignement du
Talmud (Baba Metsia 59a) qui enjoint l’homme à faire attention au Kavod (respect) de sa femme, je me demande si nous parlons bien du même problème…
Il est évident que celui qui manque de respect à sa femme, ou aux femmes en général, est dans l’erreur et est considéré comme pécheur pour cela, ça va sans dire. Et si ça va mieux en le disant c’est que nous sommes en présence d’un amalgame déplorable.
Un homme qui se sent supérieur aux femmes leur est à mes yeux déjà inférieur ne serait-ce que pour ce sentiment qui prouve sa stupidité.
Il n’y a aucune échelle de valeur de la personne qui peut s’imposer entre hommes et femmes, seuls les rôles diffèrent.
Je ne m’étends pas sur le ridicule de toutes les balivernes (du genre de celle-ci) émises par les ignorants qui pensent que l’on peut accéder à la connaissance et la compréhension du
Talmud par simple lecture dans un Talmud traduit, sans jamais être passé par la yeshiva, ni n’avoir reçu l’enseignement d’un véritable maître, nous sortirions du sujet et c’est dommage.
Pour ceux qui croient encore comprendre de la bénédiction «
qui ne m’a pas fait femme » que la religion considère que l’homme est plus valeureux que la femme, je me contente de leur indiquer ce que j’ai écrit à ce sujet par ce lien:
http://techouvot.com/application_des_ecrits_du_talmud_sur_les_goyim-vt14747.html?highlight= (voyez le message du lundi 12 mars 2012 à 00h24)
Ensuite je tiens encore à ajouter que je partage avec l’auteur de l’article polémique ce sentiment (plus global et pas vraiment lié au sujet) qui met mal à l’aise lorsqu’on assiste dans des synagogues à cette surenchère ridicule, cette « course à la ‘houmra déplacée », bien souvent orchestrée par des ignorants du
Talmud.
Je trouve bien triste que l’inculte pense savoir mieux pratiquer la religion et se rapprocher de D. que le rabbin de sa communauté, tout comme je trouve bien triste tous ces articles sur internet écrits par des ignorants connectés qui se croient branchés et au courant, souvent irresponsables, qui se permettent de remettre les rabbins en place « à distance » sans avoir jamais pris la peine de tenter de questionner un véritable érudit.
Le nombre d’amalgames qu’ils commettent ne dépasse pas toujours celui des âneries qu’ils véhiculent, mais il est rare que leur texte en soit exempt.
Je ne dis pas cela pour le présent article puisque l’auteur affirme avoir tenté d’obtenir de rabbins «
très orthodoxes » (sic !) autre chose qu’un aveu de faiblesse, mais sans succès.
Pourtant sur cet article aussi il y aurait tant à redire !
Je ne sais pas si notre protagoniste se rend bien compte qu’il manque totalement de respect envers tous les rabanim orthodoxes du monde en laissant sous-entendre qu’ils n’auraient pas lu ce passage du
Talmud et du
Shoul’han Arou’h.
C'est comme un écolier qui voudrait rappeler à un mathématicien que 3X3=9.
Son intention était-elle vraiment de les discréditer aux yeux du peuple ?
Pas que je vienne les défendre par compassion étant gêné de leur humiliation publique et ayant le sentiment qu’ils en sont ridiculisés.
Car la majeure partie d’entre eux n’est pas au courant de cet article et ne le lira probablement jamais.
Mais je suis sensible au fait que l’auteur de l’article se ridiculise lui-même en montrant qu’il n’a même pas le minimum de sagacité ni l’humilité de présenter ses remarques sous forme d’étonnement et de questionnement.
Le ton affirmatif et sûr de soi qu’il utilise, même s’il ne s’en rend pas compte, le ridiculise aux yeux de tout lecteur qui aurait étudié un peu de
Talmud sérieusement.
Tout ce qu’il aura réussi à prouver c’est qu’il n’a pas étudié en Yeshiva et si jamais il avait fait un petit passage à la yeshiva, il fût bien court.
Bien sûr le lecteur profane et inculte n’y voit que du feu, mais -s’il n’est pas complètement stupide- il se doute un peu que les choses ne sont pas si simples que ce qu’elles sont présentées ici (sans quoi, tous les rabanim du monde seraient des idiots finis ou des orgueilleux qui mentent par omission pour préserver leur mainmise sur le peuple -perso, je n'y crois pas).
Et que dire des réactions candides postées sur
JForum à la suite de l’article par des personnes naïves persuadées qu’elles ont là touché le fond du problème et que rien ne leur échappe après avoir lu un article qui leur donne l’impression d’être écrit par quelqu’un qui aurait pensé à tout.
Il m’apparaît certain que ces personnes feraient preuve de bien plus de méfiance en d’autres circonstances, mais la souffrance et la frustration accumulée au fil des années en étant au contact de misogynes écervelés fréquentant leur synagogue et l’espace reclus et restreint, parfois malpropre, réservé à la Ezrat Nashim dans leur local de prière confirmant le sentiment de supériorité de ces « mâles », aura certainement poussé ces personnes à s’empresser d’adopter avec soulagement les vues de l’auteur de l’article.
Mettre en exergue les amalgames, les omissions et autres erreurs –selon moi- de cet article ne me semble pas intéressant mais surtout terriblement fastidieux et comme l’auteur semble bien intentionné, il convient donc de diriger la discussion vers ce qui l’intéresse -et nous intéresse- véritablement.
Je ne voudrais pas non plus entrer dans le détail des discussions ala’hiques sur les points qui poseraient problème car je crois que le débat ne se situe pas à cet endroit, de plus, je pense que la quasi-totalité des problèmes ala’hiques pourraient être contournés en s’ingéniant et avec un peu de bonne volonté.
Je serai donc un peu expéditif concernant le paramètre Ala’ha car il n’est pas le centre de cette affaire selon moi et s’il fallait traiter et expliquer chaque erreur "fanfaronnée" par les incultes, on ne s’en sortirait plus.
Voici par exemple quelques-uns des problèmes ala’hiques qui se poseraient lors d’une lecture féminine du sefer Thora:
1- Bra’ha levatala : Les bénédictions qui seraient interdites aux femmes non-tenues par cette lecture.
(Ne serait-ce que pour cette raison, le
Méiri (Meguila 23a) écrit que cette loi du
Talmud n’est plus applicable et une femme ne peut pas monter à la Thora car elle ne pourra pas faire la bra’ha et de nos jours chaque personne qui monte doit faire les bra’hot)
[Hé oui, n’oublions pas qu’à l’époque de la
Mishna, lors de l’appel des sept personnes, seuls le premier et le dernier à monter à la Thora disaient une bénédiction, pas ceux du milieu. Mais de nos jours chacun fait une bénédiction avant et une autre après sa montée à la Thora…
Ainsi l’auteur de l’article décide de refuser tout bonnement les commentaires sur le
Shoul’han Arou’h qui précisent que cette règle ne concerne que « les 7 montées » comme écrit dans le
Talmud, sous prétexte qu’en l’absence de justification explicite, cette note lui paraît «
contraire aux règles de lecture de la Guemara ».
Faites-moi rire !
Monsieur ne connait pas l’explication alors il décide qu’il n’y en a pas et que cette règle a été inventée par un rabbin misogyne «
faisant preuve de bien moins de modernité et d’ouverture » et tous les commentateurs qui suivent cette opinion ne seraient que des idiots qui suivent bêtement le misogyne. A savoir :
le Maguen Avraham, le Knesset Agdola, le Ma’hatsit Ashékel, le Baer étev, Rabbi Akiva Eiger et le Mishna Broura.
Et ça, ce ne sont que les commentateurs du
Shoul’han Arou’h qui l’écrivent sur place (la pseudo
« discrète » note de « bas de page » !!!) mais des centaines d’autres rabanim qui considéraient cette distinction sont aussi ici méprisés par cet article.
Imaginez un malade qui voit dans la notice d’un médicament que ce dernier est dangereux pour les personnes sujettes à l’hypertension, mais déclare qu’en l’absence d’explication qu’il puisse comprendre, cette note est fausse !
C’est ridicule, lamentable et déplorable.
Il ne faut pas se moquer du monde quand même ! Enfin, si… un petit peu, mais il ne faut pas exagérer, il y a des limites, quoi.
Si monsieur savait qu’à l'époque de la Mishna seuls deux des sept disaient une bra’ha, il pourrait imaginer par exemple que cette règle ne s’appliquait pas lorsqu’il n’y a que trois montées.
Ou encore, s’il voulait tenter de réellement comprendre il aurait pu se documenter un peu avant de rejeter en bloc ce qui est écrit par pratiquement tous les commentateurs du
Shoul’han Arou’h.
Ainsi, lorsque monsieur déclare –je cite : "
si les femmes peuvent monter à la Torah le jour du shabbat, on voit mal – sauf justification explicite qui n’est donnée nulle part (quelle audace !)
– ce qui les rendrait invalides les autres jours ", je lui conseillerais la lecture du
Arou’h Ashoul’han (O’’H §282, 10) pour commencer par une piste d’explication.
Mais lorsque l’auteur de l’article écrit au nom du
Mishna Broura une note qui n’existe pas du tout, je reste perplexe ; pensait-il que tout le monde allait lui faire confiance ? Ou bien s’est-il fait berner par un autre article sur internet et n’a pas lui-même vérifié ?
Je le cite : «
Enfin, saluons cette note de Mishna Beroura, qui vient préciser le texte du Shoulhan Aroukh : les femmes peuvent monter à la Torah le shabbat –lors de l’office rituel public en présence des hommes – , mais il est interdit de faire monter uniquement des femmes. D’un point de vue halakhique, toujours selon le Shoul’han Aroukh, on peut faire monter le Shabbat six femmes et un homme ! Voilà qui invalide définitivement les postures sexistes que l’on rencontre bien trop souvent dans nos synagogues. »
Je ne sais pas où a-t-il lu cela dans le
Mishna Broura.
Dans la
note 11 il se contente de dire que ce que dit le
Shoul’han Arou’h ne concerne que les lectures où il y a 7 montées, mais pas celles où il n’y en a que 3 ni celles où il y en a 4,5,ou 6. (=la fameuse compréhension qui lui paraît être «
contraire aux règles de lecture de la Guemara » !).
Plus loin
(note 14) il précise que seule une minorité de femmes est tolérée, ce qui signifie maximum trois femmes sur les 7 montées, ce n’est pas du tout ce que voulait lui faire dire notre auteur à l’imagination fertile et nous voici consternés en perdant l’argument de choc qui était supposé invalider définitivement «
les postures sexistes que l’on rencontre bien trop souvent dans nos synagogues »].
Mais ce problème de la bénédiction concerne essentiellement les femmes sfarades pour qui il s’agît d’une véritable bra’ha levatala -selon les décisionnaires qui ne considèrent pas la femme tenue d’écouter la lecture.
Il est vrai qu’il existe des décisionnaires qui imposent aux femmes d’assister à la lecture de la Thora (-il y a toujours différents avis sur tout dans la ala’ha) et là, même une femme sfarade s’en sort, mais suivre ces poskim équivaut à remettre en cause la pratique de tous nos ancêtres.
En effet, combien de femmes parmi nos grand-mères s’acquittaient de cette obligation (d’écouter la lecture des hommes à la synagogue)?
La Ala’ha répandue dans tout Israel est donc que les femmes ne sont pas tenues d’assister à ces lectures et par conséquent il leur est interdit de faire les bénédictions lors d’une montée (sauf pour la coutume ashkenaze qui permet aux femmes de bénir sur une mitsva qui leur est facultative (=positive et dépendante du temps), voir
Tosfot Rosh Ashana 33a).
Il y a bien une discussion concernant le caractère de ces bénédictions, on pourrait donc jouer sur la différence entre Birkat Ashva’h et Birkat Amitsvot pour permettre selon certains, mais on pourrait même s’arranger « d’après tout le monde » -par exemple avec une lecture SANS bénédictions- ça enlèverait du charme, soit, mais ça serait déjà ça.
2-Nida : La lecture par une femme Nida est interdite selon le
Rama (O’’H §88, 1), le Mishna Broura (que saluait l’auteur de l’article)
(ad loc. Sk.7), le ‘Hayei Adam et une ribambelle d’autres décisionnaires.
Ce problème semble ne concerner que les femmes ashkenazes pour le coup et il est difficile de le contourner, ce qui rend cette lecture impossible, si ce n’est pour les femmes « non Nida » (-on pourrait faire un minian de ménopausées
: ) ).
De telle sorte que cette lecture présente des problèmes ala’hiques pour les sfarades et d’autres pour les ashkenazes.
Reste encore l’option de faire une kriat athora uniquement pour converties
: )
3-Kol Beïsha Erva, principe talmudique interdisant aux hommes d’écouter une voix féminine chanter.
Là aussi , il existe des avis pour qui un chant liturgique (de mitsva) serait toléré
(Shevet Alévy III, §54) et on pourrait s’arranger avec tout le monde en réservant une salle fermée (par une porte) pour les femmes entre elles ou en lisant sans l’air de cantillation (teamim) (même si selon certains en lisant sans chanter du tout cela resterait interdit, mais on ne peut pas se coltiner toutes les ‘houmrot ! On risquerait d’être taxé d’orthopraxie).
4- Le Talmud dit clairement que les Sages ont déclaré : une femme ne doit pas lire (monter à la Thora).
J’ai bien noté que l’auteur de l’article décrète, je cite : «
Soyons clairs : ce qui est énoncé ici n’est pas une loi, mais un conseil » pour conclure ensuite : «
si la cause disparaît, la règle disparaît ! »
(et au passage, la référence à
Avot qu’il nous donne généreusement est rigolote pour qui irait vérifier et n’a pas vraiment de rapport ; concernant notre sujet, elle ne nous apprend rien de plus que ce que le bon sens indique.
On n’y parle pas d’une règle rabbinique qui s’annulerait si la cause disparaissait, on nous dit seulement, concernant une amitié entre deux personnes qui n’est pas sincère mais intéressée, qu’une fois que l’intérêt disparait, l’amitié aussi. L’extrapolation à notre sujet est quelque peu acrobatique…)
Notre homme a décidé qu’il ne s’agît que d’un conseil et pas d’une loi, mais je précise que ce n’est pas si évident.
Lorsque les
Sages établissent une précision en expliquant « mipnei kvod tsibour » (car il y a d’autres cas encore), certains poskim comprennent qu’il s’agît d’une loi et que l’accord de la communauté ne suffira pas pour faire monter une femme.
Par exemple
le Ba’h (ora’h ‘haim §53), le Taz (O’’H §53 sk.2), Elia Raba (ad loc), et le Beth Yehouda (Ayache) (O’’H §22)
Le
Maguen Avraham (O’’H §689, sk.5) aussi semble bien penser qu’il sera impossible ala’hiquement de décider que nous ne sommes pas gênés par la lecture d’une femme, car la Takana des ‘ha’hamim l’invalide.
Bien sûr, si notre ami se contente de les traiter de misogynes parce qu’il n’arrive pas à cerner leur raisonnement, je comprends qu’il ne fasse pas cas de ces poskim classiques, mais nous sommes tout de même en droit de savoir la vérité.
(Petite parenthèse qui risque de ne pas être très compréhensible pour le lecteur étranger aux règles talmudiques, vous pouvez la sauter si vous vous savez concerné :
Le Kvod Tsibour ne signifie pas forcément ce que veut lui faire dire notre protagoniste, que ça vexerait les hommes de voir une femme instruite.
Kvod Tsibour peut vouloir signifier un niveau auquel les Sages voulaient pousser le tsibour, de se sentir gêné et humilié s’il s’avère qu’une femme qui n’est pas tenue de venir prier à la synagogue, qui théoriquement est déjà plus qu’occupée à la tâche spirituelle que lui réservent les Sages et n’a donc que bien moins de temps à consacrer à l’étude que l’homme , si malgré tout elle se trouve plus instruite que l’homme, c’est une situation où l’homme devrait être honteux car cela indique qu’il ne s’acquitte pas de sa tâche, c’est pourquoi les Sages auraient fixé comme loi que la femme ne monte pas au Sefer pour que l’homme n’oublie pas qu’il doit s’inspirer des femmes lettrées et c’est pourquoi l’accord des hommes pour laisser monter les femmes n’est pas accepté par les Sages qui craindraient justement qu’une telle situation puisse s’installer et être acceptée, devenir normale, alors que l’homme est tenu d’étudier dix fois plus que la femme .
Si le Tsibour pouvait donner son accord pour annuler cette loi, il en résulterait que les hommes se reposeraient sans honte sur les femmes savantes (qui auraient réussi l’exploit de remplir leur rôle d’un côté et de d’exceller en étude de l’autre) et ils ne seraient pas préoccupés à rétablir ce décalage. C’est peut-être ça ce que les Sages veulent éviter.
(et le fait que les hommes se reposent sur d’autres hommes savants, même si ce n’est pas génial non plus, mais il est normal que certains percent plus en étude que d’autres, alors qu’une femme qui remplissait son rôle ne pouvait que très rarement dépasser les hommes en étude.)
Il est vrai que de nos jours cette inquiétude n’a plus vraiment de sens puisque les femmes qui dépassent les hommes en étude le font généralement au détriment du rôle que les Sages leur attribuaient, ainsi une femme serait à considérer comme un homme et pas plus que l’homme.
Mais étant donné qu’à l’époque les femmes s’acquittaient de leur rôle avant de s’acquitter éventuellement de celui des hommes aussi, les Sages auraient donc fixé une loi interdisant à la femme de monter au Sefer malgré l’accord des hommes.
Fin de parenthèse, que ceux qui pensent que je suis dans l'erreur pour ce que j'ai écrit dans cette parenthèse veuillent bien l'oublier, elle n'est pas du tout capitale)
Cependant il faut reconnaitre qu’il y a aussi des rabanim qui pensent –en général, pas sur ce cas explicitement- que l’accord de la communauté pourra permettre ce qui est interdit pour raison de Kvod Tsibour.
Néanmoins, même si l’accord de la communauté suffit, le
Moutsal Méesh (§11) se demande encore si cela signifie qu’il faut l’accord de la totalité de la communauté sans exception ou si l’on peut se contenter de la majorité. (et pour notre cas à
Ancelle, il n’y avait pas la totalité).
Quoi qu’il en soit ce problème devrait être contournable tout simplement en réservant une salle pour la lecture féminine (même si ce n'est pas unanime).
5- on pourrait encore penser à plusieurs problèmes ala’hiques, mais je ne désire pas allonger (de trop) mon message qui s’apprête à l’être déjà suffisamment sans cela.
Et de toute façon, pour chacun des problèmes ala’hiques auxquels je pense il y aura toujours une opinion plus permissive (malgré qu’il soit assurément malsain d’opter de manière systématique pour la permission uniquement par volonté de permettre et non par approfondissement honnête des textes) et même lorsqu’elle ferait défaut on pourrait encore s’arranger avec des compromis (comme la suppression des bénédictions, réserver la lecture aux femmes ménopausées, en lisant sans chanter, etc… ).
Mais je crois que le fond du problème n’est pas là.
Le problème n’est pas de définir les conditions ala’hiques qui permettraient une telle lecture (c’est pourquoi j’ai « expédié » un peu le côté ala’hique sans trop entrer dans tous les détails).
Quand bien même arriverions-nous à organiser une lecture permise selon la lettre de la ala’ha, nous ne devons pas négliger un autre paramètre extrêmement important que l’auteur de l’article cité plus haut semble ignorer totalement.
Il s’agît d’
éviter les changements ala’hiques -même permis- s'ils sont brutaux, car ils entrainent systématiquement des dérives.
Il faut savoir que
Moses Mendelssohn, le père spirituel de la Askala [et des mouvements réformés qui en découlèrent (sans en être l’instigateur du tout)], était –contrairement à ce qui est retenu dans l’esprit de la masse- un Talmid ‘Ha’ham de très grande envergure et un homme profondément pieux et respectueux de la tradition.
Dans les milieux laïcs on a tendance à occulter sa stricte observance des mitsvot.
Le «
Socrate de Berlin » qui remporte le premier prix du concours de
l’Académie royale des sciences en présentant sa «
Dissertation sur l’évidence dans les sciences métaphysiques » alors que le second prix est décerné à
Emmanuel Kant, ne saurait être un juif de stricte observance.
Et pourtant, c’était un juif qui -selon les critères du XXIème siècle- serait défini comme orthodoxe.
C’est bien lui qui écrit
(Gesammelte schriften –Jubiläumsausgabe II, 317) que l’observance des mitsvot est le seul moyen de parfaire nos âmes.
Son attachement à la pratique est clair lorsqu’il explique
(Gesammelte schriften V, 544) que la spéculation est un niveau de sagesse inférieur à la pratique, « penser le bien » ne peut se mesurer à « faire le bien ».
Par ailleurs, dans les milieux orthodoxes il est souvent dépeint comme un impie sournois et certainement ignorant de la loi talmudique pour ne pas dire Apikoros, mais c’est aussi une grossière erreur.
Cet homme était un savant de Thora qui dépasse de loin une grande quantité de rabbins d’aujourd’hui, orthodoxes comme traditionnels (ou autres) et sa pratique des mitsvot dans les détails était fidèle au judaïsme traditionnel dit rabbinique.
A ce sujet, la lettre du très fameux
Rav Yonathan Eibeschütz (datée de 1761,
Mendelssohn n’avait que 32 ans !) est très édifiante.
Lettre dans laquelle il fait l’éloge de
« Rav Moshé de Dessau » (=Moses Mendelssohn) en utilisant des termes plus qu’élogieux et allant même jusqu’à paraphraser le panégyrique de
Moshé Rabeinou par D. dans la Thora! (lettre imprimée dans
Kérem ‘Hémed III, mi’htav XXI, page 224)
D’autres rabanim « orthodoxes » non plus ne tarissaient pas d’éloges à son sujet.
Seulement, cet homme pieux et extrêmement érudit s’est gravement trompé tout en voulant bien agir et en n’enfreignant pas la moindre parcelle de ala’ha !
Voici ce que j’ai écrit ailleurs sur
Techouvot.com (
http://techouvot.com/refome_ou_progres-vt14592.html?highlight= ) -concernant
Mendelssohn et la gravité de son erreur.
Pour en revenir à notre sujet, il y a fort à craindre qu’instaurer un minian féminin, quand bien même respectueux de la ala’ha, entrainerait une ouverture vers d’autres horizons et une dérive que personne ne souhaite … pour le moment.
Comme tout changement dans la pratique de la religion, même s’il était strictement ala’hique, il ne saurait être sans dommage collatéral.
Beaucoup de choses permises selon la lettre de la ala’ha , en étant pratiquées officiellement et par un groupe, risqueraient de nous égarer de notre service divin et de notre religion.
Pourquoi pas une femme rabbin ? Ça aussi ça peut s’arranger avec la lettre de la ala’ha, il y a bien
Déborah qui remplissait un poste presque similaire (même si la lecture des
tossafistes en réduit bien le champ d’application) ! Ou encore une femme ‘Hazan ? Ou même une femme Rosh Yeshiva !
Pas qu’elle en soit incapable ou indigne –‘has veshalom, je ne dis pas non plus que c’est « ala’hiquement assour », je dis que c’est surtout un excellent moyen de garantir l’éloignement de nos descendants de la pratique de la religion juive.
S’il y a eu quelques cas isolés, c’est précisément parce que ça n’a jamais été institutionnalisé (ou officiellement reconnu) qu’on a évité les dérives.
Pire encore, imaginez un groupe de juifs qui décideraient de porter un crucifix autour du cou pour faire joli, sans considérer que ce soit un reconnaissance ou une adoption du christianisme, uniquement par souci d’esthétique.
Selon la lettre de la ala’ha, ils s’en tirent très bien (au moins autant que ce groupe de femmes qui veut faire une lecture féminine), le
Rav Ovadia Yossef, un rabbin orthodoxe, écrit
(Ye’havei Daat III, §65) qu’il n’y a pas d’interdit à cela tant qu’il ne s’agît pas d’idolâtrer cette croix.
Pourtant nous comprenons tous que dans ce cas, un « minian crucifix » qui se regrouperait aurait très peu de chances de ne pas entraîner des dérives ala’hiques et à la longue de sortir de la religion juive traditionnelle.
Et pourtant ils n’auraient commis aucun péché par le port du crucifix, tout comme
Mendelssohn et ses adeptes n’ont guère commis de péché dans les changements voulus par
Mendelssohn, si ce n’est celui d’ouvrir la porte à une dérive.
Péché non répertorié en tant que tel si ce n’est par le bon sens et l’honnêteté intellectuelle.
Le fait est qu’il est difficile de nos jours de soutenir que
Mendelssohn ait eu raison à l’époque de vouloir réformer le judaïsme, il suffit de constater les conséquences de ses innovations « ala’hiques » : il n’a AUCUN descendant ou descendant de ses élèves qui suive son exemple.
Tous ont abandonné la pratique (juive) religieuse -ce qu’il ne souhaitait pas (voyez ce qu’il écrit dans
Jérusalem II, 181). Et je pense que vous non plus n’en souhaitez pas autant pour vos enfants.
On m’a indiqué un autre article (
http://www.jforum.fr/forum/communaute/article/la-femme-juive-interdite-de-torah ) dans lequel il est écrit [pas mal de bêtises mais aussi] qu’à la sortie de cette lecture féminine de la rue
Ancelle «
Beaucoup étaient en pleurs. La ferveur était à son comble ».
Il est certain que c’est émouvant et cela indique bien qu’il y a un problème dans l’insatisfaisant rôle actuel des femmes au sein de la communauté, pourtant si ces femmes pouvaient voir les conséquences de ce genre d’initiative sur leurs descendants dans un siècle, elles pleureraient aussi, mais différemment…
(Je ne m’étends pas du tout sur ce second article, il n’en vaut même pas la peine et là aussi en insistant qu’il y a près «
de 30% de femmes à Polytechnique, qu’elles réussissent dans tous les domaines et parfois mieux que les hommes », il nous montre bien qu’il comprend qu’il y aurait un rapport de supériorité intellectuelle ou autre de l’homme par rapport à la femme.
C’est absurde et fatiguant. J’en ai déjà parlé plus haut.)
Les rabbins orthodoxes qui hurlaient au crime et au sacrilège à chaque innovation de
Mendelssohn n’avaient peut-être pas non plus raison à 100% de voir en tout ce qui est moderne du négatif, ils n’ont peut-être pas su exprimer clairement quel était le danger qu’ils ressentaient, mais ils avaient en tout cas plus raison que
Mendelssohn MEME D’APRES
MENDELSSOHN LUI-MEME puisque ce dernier refusait tout progrès si ça en coûterait à la pratique religieuse.
Il écrit
(Jérusalem –traduction de Bourel- II, 183) : «
si la réunion civile ne peut être obtenue sous aucune autre condition que celle de s’écarter de la loi (juive)…
nous devons plutôt renoncer à la réunion civile ». Lorsqu’on sait ce que ce rêve représentait à l’époque et surtout dans la vie de
Mendelssohn, on en comprend la force de son attachement au respect de chaque mitsva.
Il écrit encore
(Jérusalem II, 180) «
notre ratiocination ne peut pas nous libérer de la stricte observance que nous devons à la loi (juive),
et la vénération de D. établit une limite entre la spéculation et la pratique, limite qu’aucun homme consciencieux ne doit franchir ».
Et pourtant ce juif érudit, sage et pieux, en voulant opérer des changements a pratiquement condamné ses descendants à abandonner un jour ou l’autre le judaïsme qui lui était si cher.
Idem pour les mouvements réformés et ceux s’y apparentant (même en tentant parfois de s’arranger avec la ala’ha), ce n’est pas un secret, tout le monde sait qu’au bout d’une ou deux générations il n’en reste que de rares « survivants spirituels ».
Aux Etats Unis nous avons un peu de recul, ces mouvements ont plus que quelques décennies d’âge et souffrent de mariages mixtes bien plus que les autres communautés, en bref, combien de descendants juifs reste-t-il à un adepte de ces mouvements après deux ou trois générations ?
Et parmi eux, combien pratiquent (ne serait-ce que comme leur grand-père) ?
Je ne dis pas que D. n’existe pas en dehors de l’orthodoxie (cette dernière n'étant qu'une invention tardive en réponse à la Askala), je ne dis pas que celles qui organisent un minian de femmes commettent une transgression de la ala’ha, je dis seulement qu’il faut savoir faire preuve d’honnêteté intellectuelle et reconnaître que ces changements n’ont jamais apporté la bénédiction.
Il est indéniable qu’il y a eu des changements depuis l’époque talmudique, certains lisaient seulement un tiers de Parasha hebdomadaire et terminaient le sefer en trois ans.
Comme mentionné plus haut, seuls le premier et le dernier à monter au sefer bénissaient, les morts étaient enterrés dans des Kou’hin, et ce ne sont que deux trois petits détails parmi une multitude…
Si ces changements ont pu s’opérer sans qu’il y ait de casse autour, c’est parce que rien n’a été décidé par volonté humaine.
Tout changement volontaire entraînera une déstabilisation qui ne saurait être positive.
Même lorsque le peuple se trompe littéralement en accomplissant inconvenablement une mitsva, nous trouvons certains cas où les rabbins appellent à la prudence avant de réformer l’habitude des fidèles.
A plus forte raison lorsque cette habitude ne constitue pas une infraction à la loi.
Je pense que les plus avisés se doutent bien qu’il y a ici un risque de déstabilisation mais se disent qu’il est temps d’agir et tant pis pour fragiles et les déstabilisés !
Cette attitude est irresponsable et dénote d’un manque d’intérêt sincère pour le maintien de notre religion.
Il y a des domaines où la crainte est tellement faible et lointaine et ne risquerait que d’entraîner une si légère déstabilisation qu’elle se remettrait en ordre d’elle-même en une journée (par exemple acheter des nouveaux Pata’h Eliahou pour remplacer les anciens : ) ) , là j’entends l’argument des impétueux qui ne peuvent se retenir, cependant notre cas est différent, il s’agît de réformer le culte et c’est –selon ce que l’Histoire nous a prouvé- le terrain le plus périlleux.
Je pense donc que l’avis de personnes non soucieuses de pratiquer convenablement le judaïsme n’est pas digne de notre intérêt pour savoir s’il y a lieu ou non de considérer un danger pour la transmission du judaïsme.
Comment ces personnes qui ne se préoccupent pas de pratiquer s’inquièteraient-elles de la pratique des générations futures ?
Je comprends parfaitement ces femmes qui se sont précipitées d’organiser cette lecture, le sentiment de rejet de la part de la gent masculine aidant et le besoin de pouvoir « palper de la religion », être au contact avec des mitsvot physiques, aurait eu raison de leur circonspection.
L’accumulation de contrariétés est excellent moteur pour se propulser n’importe où mais ailleurs que là où on est.
Moi aussi je suis révolté par pas mal de conceptions qui sont entretenues dans le judaïsme tel qu’il est déformé de nos jours, et j’aurais bien envie de réformer certains points qui gangrènent selon moi notre belle religion, mais ce n’est pas sage, que je le veuille ou non.
Tout ceci pour dire qu’il ne suffit pas de trouver le moyen « kasher » d’organiser une lecture féminine pour se sortir du problème, car il est évident que cette lecture ne saurait s’installer (en France) sans créer de remous, sans déstabiliser le peuple.
D’ailleurs si j’en suis à écrire ce que j’écris en ce moment c’est bien parce que cette affaire a défrayé la chronique.
C’est un peu ce qu’avait répondu le
‘Hazon Ish à la délégation qui lui avait demandé de bien vouloir indiquer sa source dans l’une des quatre parties du
Shoul’han Arou’h lorsqu’il avait annoncé qu’il est « Assour » pour une jeune fille d’accomplir son service militaire dans Tsahal (-ce qui ne concerne pas le service civil).
Le
‘Hazon Ish répondit que ça se trouve dans la cinquième partie, connue seulement des véritables talmidei ‘ha’hamim.
Ce qu’il voulait dire par-là (-car il n’y a que quatre partie écrites), c’est qu’il faut savoir prendre soin de la transmission du judaïsme en tenant compte de l’esprit de la Thora et pas se contenter bêtement de respecter la lettre de la ala’ha.
L’orthopraxie stupide n’est pas garante de préservation du message de la Thora.
Le fait d’aller faire son service militaire (pour une jeune fille) ne contrevient à aucune règle ala’hique mais entrainera à n’en pas douter des transgressions ala’hiques de premier ordre.
Celui qui refuse de les considérer ne fait que dévoiler son manque d’attachement aux préceptes de D. , profitant que le texte n’indique pas d’interdit explicite pour se jeter dans une situation qu’il sait réprouvée par D.
Voilà brièvement ce que je pense de notre problème.
Je n’entre pas dans les discussions autour du "rôle de la femme et de l’homme selon la Thora", chacun a ses idées là-dessus et une femme qui souhaite un minian féminin a certainement les siennes.
Ce sujet des rôles est généralement très mal expliqué, de certains discours il pourrait sembler que le rôle de la femme se résumerait à changer les couches et faire la vaisselle, rien d’étonnant qu’une femme n’y trouve guère satisfaction. Même au Moyen-Age un tel message ne serait pas passé. Il faut arrêter de croire nos ancêtres féminins si stupides.
En réalité son rôle est d’être
la gardienne et la préposée à la transmission de la rou’hniout (spiritualité) dans la famille.
Je ne me fatigue pas à l’expliquer ici longuement, les femmes sont tellement persuadées que le rôle que leur laisse les rabbins n’est que d’ordre matériel que je m’épuiserais en vain.
Voilà pourquoi je ne discuterai pas du rôle réservé à la femme selon la Thora et de toute manière je précise que quand bien même ces femmes qui souhaitent un autre rôle que celui initialement prévu par les rabbins seraient-elles dans l’erreur, il ne revient pas aux hommes de le leur reprocher.
Les mentalités étant dépendantes de l’ambiance générale et de l’environnement, une femme vivant en France au XXIème siècle est forcément influencée par la mentalité française non juive qui n’a généralement plus du tout de spiritualité à transmettre, impossible donc d’envisager un rôle spirituel comme à l’époque de nos grands-mères.
Cela ne leur donne pas raison, mais donne tort aux hommes qui se croient en droit (et au niveau) de pouvoir leur en faire la remontrance.
Qu’ils s’occupent déjà de gérer les effets dévastateurs qu’a l’influence de la société moderne sur leur propre spiritualité avant de vouloir faire la morale aux femmes concernant la difficulté qu’elles rencontrent.
Tout homme honnête reconnait qu’en général les femmes sont bien plus spirituelles que les hommes, s’il y a une faille à ce niveau dans la spiritualité des femmes, reste qu’il y en a plus encore au niveau des hommes. (je m’arrête-là avant d’être traité de féministe
: ) )
Je ne creuse pas non plus les aspects fatigants des revendications autour de « la place des femmes dans le rite synagogal ».
Tout comme je ne trouve pas palpitant de parler du rôle des juifs « non-kohanim » dans la Birkat Kohanim ou dans la Avoda du Kohen au Beth Amikdash. Ou encore du rôle du Kohen dans le prélèvement du maasser rishon pour les leviim.
Qui a dit qu’ils devaient avoir là un rôle pour que nous nous demandions comment le définir ?
Se demande-t-on quelle est la place de l’homme dans l’immersion de la nida ?
Sa place est inexistante, l’homme n’est jamais « nida », il n’est pas tenu de se tremper où que ce soit suite à n’importe quel saignement.
S’il désire absolument se tremper au Mikve suite à une épistaxis, qu’il le fasse, il n’enfreint rien en cela, mais qu’il s’abstienne d’organiser des groupes de plongée pour ses camarades victimes d’hémorragies nasales.
Que penser d’hommes qui auraient l’impression de ne pouvoir exister religieusement qu’en s’astreignant à des immersions au Mikve suite à des saignements ?
Tout simplement que la Thora ne le leur a jamais demandé et même si elle ne le leur a pas non plus interdit, est-il bien sage de s’y astreidre ?
N’y a-t-il pas là une fuite (c’est le cas de le dire !) de la condition masculine ? Une peur d’assumer sa différence ?
Ou que dire encore d’hommes qui s’imposeraient de se couvrir les cheveux comme le font les femmes juives (perruques ou foulard, chacun son choix) ?
Ou bien d’hommes qui ne supportent pas que ce soit la femme de la maison à qui échoit la mitsva du prélèvement de la ‘hala, ou celle d’allumer les bougies de Shabbat ?
Comment ?! Pourquoi les hommes ne passent qu’après les femmes en matière d’allumage des nérot ? C’est insultant ! Ils sont profondément atteints dans leur dignité et terriblement frustrés de ne pouvoir accomplir cette mitsva et de devoir la céder à leur épouse. Quelle humiliation ! Et quelle intolérable misandrie !
Que dirions-nous à ces hommes qui iraient au mikve mensuellement, qui se couvriraient les cheveux, qui allumeraient les nérot de Shabbat ?
Qu’il est dommage d’investir leurs forces dans une « pseudo-mitsva » qui ne leur est demandée ni par D. ni par personne et qui n’apporte rien non plus à la société (au niveau Ben Adam La’haveiro).
Ils feraient mieux de se trouver d’autres moyens d’exister, de s’affirmer en tant qu’hommes et d’arrêter de penser que la femme leur est supérieure au point d’en développer un tel complexe.
Différemment, je demanderais pourquoi tous ces mouvements dits féministes tiennent absolument à donner à la femme une place EN TANT QU’HOMME et non une place typiquement féminine ?
Pourquoi décrètent-ils sans hésitation que le seul moyen d’exister dans une communauté pour une femme est d’imiter les hommes ?
Ne pourrait-on pas donner de l’importance aux femmes et leur rendre leur dignité en leur attribuant un rôle propre aux femmes ?
Pourquoi leur est-il si insupportable d’être différentes des hommes ?
La société non juive dans laquelle nous vivons où règne un exécrable et intolérable machisme injustifiable aurait-elle réussit à pervertir les esprits à ce point ?
Toutes les femmes seraient donc convaincues que ces idiots de mâles ont raison de se considérer supérieurs aux femmes au point que nos femmes juives ne puissent se sentir existantes dans nos communautés qu’en imitant les hommes ?
Si c’est le cas, l’heure est grave.
Cependant il est évident que le problème ne s’arrête pas là, il ne s’agît pas d’opposer un
non possumus à ces femmes sans tenter de trouver en parallèle une alternative au véritable problème.
Je ne pense pas que leur but dans la vie soit exclusivement d’organiser une kriat athora féminine (ou féministe), mais plutôt une volonté d’exister au sein de la communauté, se sentir utiles et respectées et « en contact avec D. ».
Ce sentiment est tout à fait compréhensible quand on sait que dans certaines synagogues les femmes sont reléguées au fond de la salle de manière méprisante avec des chaises cassées et un manque de livres de prière ou de ‘houmashim pour suivre la lecture.
Il est donc légitime et compréhensible qu’elles ressentent le besoin de voir les choses changer, afin qu’elles aient un vrai rôle dans la communauté.
Mais à vrai dire je trouve bien dommage qu’elles aient opté pour une lecture féminine, c’est bien beau au niveau du symbole, mais quel en est l’intérêt ?
Dans la mesure où les femmes n’en ont pas la mitsva, le seul gain en serait l’instruction qu’elles pourraient en tirer et franchement de nos jours pour s’instruire sur D. il y a des moyens souvent plus efficaces que de s’essayer à lire dans un sefer thora.
A ce compte, elles pourraient aussi décider de faire Birkat Kohanim.
Somme toute, si elles s’abstiennent de dire la bra’ha « asher kideshanou…levare’h… » et se contentent de réciter la bénédiction des kohanim devant l’arche, emmitouflées dans un talit comme le font les Kohanim, elles n’enfreignent rien au niveau ala’hique (cf
Tosfot Shabbat 118b) et c’est autrement honorable que d’organiser une lecture du sefer thora qui n’est pas réservée aux seuls kohanim.
Mais même en l’absence d’interdit ala’hique, ça ne serait pas très intelligent et en tout cas totalement inutile.
Pourquoi ne pas plutôt opter pour un regroupement de femmes pour quelque chose qui viendrait réellement combler un manque dans la communauté ?
Qu’elles lisent le sefer Thora leur donnera la satisfaction d’exister, de ne pas « compter pour du beurre », mais elles pourraient trouver cette satisfaction autrement et de manière bien plus intelligente qui de surcroît n’aurait pas provoqué un tel tollé.
Je ne sais pas quels sont les besoins les plus impérieux où une « société féminine » pourrait faire progresser le judaïsme, mais j’imagine bien une « université des femmes de la communauté » où les femmes les plus instruites -en ala’ha par exemple- pourraient partager leurs connaissances.
Une sorte de talmud thora pour femmes.
Surtout pour des sujets propres aux femmes, comme les lois de Nida qui ne sont -à ce jour- pas accessibles en profondeur au public féminin français –du moins à ma connaissance, mais pour l'ensemble des lois aussi.
S’il n’y avait pas assez de femmes qualifiées pour les enseigner, on pourrait imaginer un cycle de formation etc…
Ou encore une «’hevrat gmilout ‘hassadim » qui apporterait réellement à la communauté. Je trouve que ces actions communautaires sont autrement nécessaires à tous et à toutes qu’une lecture féminine du sefer thora qui aura pour l’instant surtout réussi à diviser la communauté, au lieu de la renforcer.
Un minian de femmes -alors qu’elles n’y sont pas tenues- n’est pas une idée très brillante pour exister dans une communauté. Avec un peu d’imagination il y a bien mieux à faire.
Si vous voulez des idées pour créer un groupe de femmes qui ferait avancer le judaïsme, je peux vous en trouver.
Je n’en ai pas en « prêt-à-consommer » car je manque d’expérience, je ne sais pas exactement ce qui se passe dans toutes les communautés de France et de Navarre pour savoir quels sont les réels besoins ni les aptitudes.
Mais si vous avez du temps, des ressources et de la cervelle, on peut en faire des choses extraordinaires pour la gloire du bon D. et celle de votre communauté.
Il y avait –au XIXème siècle- la
‘Hevrat Mekitsei Nirdamim (que je ne présente pas à des femmes instruites, elles savent assurément de quoi je parle), s’il est vrai que des savants et érudits étaient indispensables à cette ‘Hevra pour publier et éditer ces ouvrages –qu’ils ont littéralement sauvés de la perte- ce rôle peut tout à fait être rempli par des femmes instruites. La gloire de cette ‘Hevra reste d’actualité malgré sa disparition, ces personnes ont œuvré pour le judaïsme et tous les juifs leur en sont redevables sans forcément le savoir.
On pourrait aussi imaginer la création d’une collection de traduction d’ouvrages magnifiques, qui participerait sans aucun doute à faire sortir un peu la communauté francophone de l’ignorance dans laquelle elle baigne paisiblement (-ce qui permet ce goût excessif pour la mystique et les superstitions que dénonçait à juste titre l’article).
On peut encore imaginer la diffusion de travaux concernant le statut de la femme dans le judaïsme…
Si des femmes non-instruites en Thora veulent elles-aussi avoir une place dans la communauté, il peut y avoir plusieurs sortes d’associations de femmes, dans le domaine du ‘hessed, comme aider les enfants des familles de la kehila pour leurs devoirs scolaires ou autres problèmes, il y a énormément de familles en détresse et à différents niveaux et en parallèle il y a tellement de personnes qui cherchent comment se rendre utiles dans leur communauté, que je suis sûr qu’il y a de quoi faire.
Les associations de Gmilout ‘hessed françaises sont bien ridicules face à ce que font nos coreligionnaires américains.
Si l’idée de vous investir dans la bienfaisance vous paraît ne pas répondre à votre besoin, rien ne vous empêche de vous investir dans l’étude profonde de la Thora, il y a bien eu des femmes savantes en Thora, même aux époques où la majorité des femmes étaient analphabètes et où aucune structure d’enseignement n’existait pour elles.
Constatant qu’une bonne partie des hommes talmudistes manquent nettement de clairvoyance et de compréhension mature dans leur étude, je me dis que les femmes seraient peut-être plus douées qu’eux sur ces points, il serait dommage de gâcher ce potentiel.
Bref, il y a tant à faire pour faire progresser le judaïsme français que s’obstiner à faire un minian paraît mesquin et absurde, même si ça ne mettait pas en danger la transmission du judaïsme, à plus forte raison lorsqu’on sait que ce genre d’expérience est toujours suivi d’une déstabilisation de notre religion.
Ainsi, selon mon expérience, les femmes qui tiennent absolument à organiser un minian féminin ne sont généralement pas les femmes qui sont les plus éprises de D., ce ne sont pas les femmes qui œuvrent réellement pour le judaïsme, ni qui ne s’inquiètent trop d’accomplir la volonté de D. et encore moins de maintenir le respect des mitsvot dans les générations futures.
Les femmes animées d’un sentiment religieux sincère trouvent aujourd’hui de plus en plus de manières d’exister en tant que femmes religieuses, il y a un réel progrès à ce niveau depuis près d’un siècle avec les débuts des séminaires
Sarah Shneirer et de nos jours avec les fréquents regroupements et rassemblements féminins, les «
journées de la femme » etc… et ne ressentent pas le besoin de créer des minianim de femmes.
Je sais bien que la majorité des « cours pour femmes » sont ridiculement axés vers la bigoterie ou le mysticisme lorsqu’ils ne sont pas obstinément centrés sur la vérification des vers dans le chou-fleur, du shaatnez dans le paillasson, ou encore le sempiternel sujet du Lashon Ara.
Sans négliger ces disciplines, je comprends qu’il est lassant d’entendre toujours les mêmes choses et il faut reconnaître que ces thèmes ne sont pas des plus entraînants.
Après, il reste les conférences pleines de vide où l’orateur fait tourner deux ou trois petites idées liées à la parasha en les agrémentant d’une histoire magique digne des comptes des mille et une nuits.
Je sais que c’est consternant et j’en suis moi aussi révolté, mais il ne tient qu’à vous –femmes insatisfaites qui se sentent traitées comme des retardées mentales, de vous fédérer, de vous organiser ensemble autour de l’étude des textes ou au moins que chacune se rapproche d’un rabbin qu’elle trouve intéressant afin d’en tirer des enseignements vivifiants et riches.
Si ce sont les adresses qui vous manquent, je connais plusieurs rabbins qui pourraient faire l’affaire, ensuite il faut voir avec les affinités et faire son choix.
Il est tout de même édifiant de constater que les femmes religieuses qui ressentent le besoin d’exister et de s’affirmer en tant que telles ne sont pas attirées par l’idée d’une lecture ou d’un minian féminin, mais plutôt par des associations de bienfaisance, de diffusion de Thora, d’étude du Talmud et de la ala’ha, etc… Il est rare que les organisatrices de minianim soient scrupuleuses dans leurs rapports avec D.
Si vous savez que les rabbins auxquels vous vous identifiez s’opposent aux minianim de femmes, pourquoi vouloir leur forcer la main sans essayer de véritablement comprendre ce qu’ils trouvent de dangereux/négatif dans une telle démarche ?
Vous savez bien que tous nos tsadikim, même ceux du XXème siècle, refusaient de tels minianim. Que ce soit
Baba Salei ou
Rabbi Yossef Messas, le
Rav Kook ou le
rabbi de Loubavitsh ou les milliers d’autres rabanim de nos parents et grands-parents dans tous les pays.
Même le
‘Hafets ‘Haim, tellement clément envers les femmes et salué par l’auteur de l’article, n’a jamais organisé de telles lectures de la Thora, pourtant les femmes n’étaient pas mieux loties à son époque que de nos jours et il existait déjà des réformés qui tenaient à donner à la femme la même place que l’homme dans le rite synagogal et la religion au lieu de lui donner SA place –équivalente mais différente.
Comprenez-donc qu’en empruntant ces voies vous vous détachez des rabbins et de la religion de vos ancêtres.
Et si vous vous identifiez au mouvement libéral, ou bien si vous reniez la Thora orale, que faites-vous à la rue
Ancelle ? C’est une synagogue traditionnaliste, avec un rabbin consistorial, sous le patronage du consistoire central et tout le monde sait que le consistoire n’organise pas de minianim de femmes.
Serait-ce que le grand rabbin de Paris ou de France s’opposent à ces minianim par pure misogynie ? Allons donc ! C’est bien mal les connaitre.
Ces rabbins ne sont pas misogynes pour un sou et vous auraient certainement expliqué leur appréhension vis-à-vis de ce genre de réforme, comme je viens de le faire, tout en soulignant que toute discrimination au sein de la communauté est inadmissible et totalement insupportable.
Je ne sais pas s’ils ont été –comme moi- invités à se prononcer officiellement sur ce dossier, si oui, je ne sais pas ce qu’ils en ont dit, mais je pense qu’ils cautionneraient globalement ce que j’ai écrit.
Il est possible qu’ils se soient prononcés de manière différente, en mettant l’accent sur un autre point auquel je n’aurais pas pensé, mais je suis sûr qu’ils ne sont aucunement misogynes.
Et s’ils s’étaient mal fait comprendre et auraient laissé entendre un soupçon de machisme, je suis convaincu que ce n’est qu’à mettre sur le dos d’un manque de clarté et qu’en les interrogeant précisément le doute disparaîtrait.
Moi aussi –comme l’auteur de l’article- je connais le
rabbin Azoulay, c’est en effet un jeune homme fort sympathique, doté de bonnes midot qui rendent ses rapports avec autrui toujours agréables et doux, c’est certainement un excellent rabbin, un excellent mari et un excellent père de famille.
Je ne sais pas pourquoi il a autorisé –si c’est vrai qu’il l’a fait- cette lecture dans sa synagogue, mais je suis persuadé que son intention n’était absolument pas négative.
Il ne cherche pas à entraîner des dérives, ni à se lier aux réformés, je suppose qu’il a permis suite à d’incessantes demandes et d’harcelantes réclamations de la part de fidèles de sa communauté et suite à une réflexion sur la condition féminine dans nos communautés qui est souvent bafouée et non respectée, il aurait donc donner son aval dans un élan de volonté d'agîr pour corriger ces torts.
Mais je n’arrive pas à comprendre comment se serait-il permis une telle innovation sans l’accord de ses « supérieurs » ou du grand rabbin.
Somme toute, un rabbin consistorial est un employé subordonné et doit rendre des comptes de sa direction à son « employeur ».
Si un rabbin a souvent un peu carte blanche quant à l’organisation interne de sa Kehila, les changements majeurs eux, nécessitent l’aval du consistoire.
Tout ceci n’est que détail et ne nous concerne pas vraiment.
Je ne suis pas préposé (ni qualifié) pour le juger, d’autant plus que j’ignore probablement des parties essentielles de l’histoire.
Ce rabbin reste à mes yeux un homme de grande valeur dont l’intention est de rapprocher sincèrement ses fidèles de D.
Et si je pouvais donner mon avis aux responsables communautaires, je conseillerais l’indulgence vis-à-vis de cette éventuelle faute, car je suis persuadé que ce
rav Azoulay reste un homme aux grandes qualités et qu’il ne serait pas juste de le sanctionner sévèrement dans la mesure où il ne fait pas doute que ses intentions étaient bonnes.
Veal zé néémar :
Errare rabbinicum est.
Mais s’il y a eu faute professionnelle ou non sort du cadre de nos investigations et de notre centre d’intérêt.
Ce que je sais c’est ce que j’ai dit aux fidèles d’
Ancelle qui étaient venus me demander ce que je pensais de cette lecture -déjà AVANT qu’elle ait lieu (en fait la veille, pendant Yom Tov), je leur avais répondu qu’il n’y a pas forcément infraction [à la lettre] de la ala’ha (tout dépend de quelle manière c’est organisé), mais que c’est de toute façon mauvais pour l’avenir de la communauté, comme expliqué plus haut.
Comme j’ai été assez long, je reviens sur les points essentiels pour résumer un peu :
* L’organisation d’une lecture féminine du sefer n’est pas bénéfique et ne correspond pas à une mitsva.
* Les problèmes ala’hiques qui y sont liés, bien qu’existants, ne sont pas nécessairement incontournables.
* Le véritable problème de cette lecture c’est son caractère réformateur qui risque d’entrainer des dérives bien plus graves.
* L’article de JForum ridiculise son auteur (plutôt que les rabbins critiqués), comme de nombreux articles sur internet et c’est dommage.
* Il ne nous revient pas d’émettre un jugement sur le Rav Azoulay shlita, tout comme il ne lui appartient pas d’instaurer des changements de cet ordre sans l’accord des instances responsables.
* Ceux qui méprisent les femmes ou se sentent supérieurs de par leur masculinité ne sont que des imbéciles qui ne méritent pas notre considération.
* Il y a un réel problème (qu’il est interdit d’ignorer) concernant la place de la femme dans la communauté.
* Il faut trouver un rôle communautaire qui puisse donner aux femmes le sentiment d’être en contact avec D. et qui fasse en même temps progresser le judaïsme (et non qui le fragilise).
Voilà grosso modo ce que j’ai à dire sur ce sujet, bien entendu personne n’est tenu de prendre ce que je dis pour argent comptant, je présente ma vision des choses, ça ne veut pas dire que je ne respecte pas ceux qui voient les choses différemment (même si je me permet de rigoler un peu sur certains aspects burlesques des messages des intervenants, c’est essentiellement pour faire prendre conscience au lecteur que ce qu’il considérait clarifié à travers les sources talmudiques était en fait loin de l’être), je n’ai rien de personnel à gagner dans cette bataille, ni argent, ni gloire, ni respect.
Je ne suis pas rabbin de communauté pour m’inquiéter de je ne sais quelle perte de contrôle sur mes ouailles, je ne suis qu’un petit prof de
Talmud (sidéré par la puissance de la naïveté de certains), qui accepte de se prononcer par écrit parce qu’on le lui a demandé gentiment.
Je me doute que mon message risque de froisser certaines sensibilités, je m’en excuse en assurant que telle n’est pas mon intention.
J’appelle au calme et au discernement serein et j’invite le lecteur (ou la lectrice) froissé(e) à relire d’un œil objectif ce que j’ai écrit en me faisant grâce des critiques non constructives alimentées par la mauvaise interprétation de ma volonté.
Je suis conscient de mon peu de science et de valeur et d’au moins une partie de mes défauts, inutile de me les rappeler –sauf si ça vous soulagerait conséquemment, ce qui constituerait une utilité appréciable.
Si je me trompe ou si j’ai oublié un point capital, merci de me corriger.
Si vous avez d’autres idées pour attribuer un rôle religieux aux femmes, n’hésitez pas à proposer, à discuter avec votre rabbin.
Mon intention première dans ce message est de regrouper et non de diviser le peuple juif, je respecte les différentes sensibilités et niveaux de pratique religieuse de chacun, je ne viens pas affirmer qu’il n’y a de judaïsme authentique qu’au travers de ce qu’on appelle de nos jours le « mouvement orthodoxe », je m’oppose farouchement aux dérives d’une [infime partie de la] communauté orthodoxe israélienne implantée à
Beth Shemesh dont la conduite est à mes yeux bien plus condamnable que des femmes qui organiseraient un minian ou une lecture féminine.
Je ne cherche aucunement à faire « gagner des points » aux orthodoxes (qui ont aussi leurs dérives), je souhaite juste faire savoir publiquement et souligner qu’historiquement il n’est plus discutable que les innovations dans le culte sont un danger pour la transmission du judaïsme (-et le tollé que cette lecture de Thora a entraîné prouve à lui seul qu’il y a ici de quoi déstabiliser notre judaïsme), aussi je trouve inconséquent de créer cette division supplémentaire au sein de notre communauté, même si elle donne l’impression de combler une lacune.
Que D. nous aide tous ensemble à trouver la voie qui mène à la félicité, dans le maintien de nos valeurs, le respect de nos traditions, la paix et l’amour du prochain.
Binyamin Wattenberg.