Veuillez trouver quelques mots sur la poussiere adamique: aphar, avaq et adamah, peches dans la Tradition:
Genèse II, 7 : « Et IHVH Elohim forma l’Adam, poussière du sol, et il souffla dans ses narines une âme (souffle) de vie, et l’Adam fut esprit vivant ».
Cette « poussière du sol » a donc servi à former l’Adam premier. Mais précisons tout de suite qu’il s’agit ici de l’homme dans son état édénique c’est-à-dire parfait et antérieur à l’état qu’il a acquis par la suite, à cause de la transgression ou la faute originelle.
Dans le texte hébreu, le terme traduit par : « poussière du sol », est Aphar min Adamah. Remarquons que le mot Adamah (Sol), n’est autre que le mot Adam mis au féminin. Cette « poussière du sol » est la base ou matière de la formation d’Adam.
Il y a dans le Livre du Zohar, un commentaire (Sepher ha Zohar, traduction et commentaires en hébreu de Rabbi Ashlag. Jérusalem 1954, 1ère partie, 170 a) à propos de cette mystérieuse poussière : aphar min adamah.
Nous y voyons que l’auteur insiste sur la différence existant entre deux termes, dont le sens ne doit pas être confondu. Il s’agit d’une part de Aphar, cette poudre, cette poussière qui est vivante, et d’autre part de Avaq, une autre poudre, une cendre qui, par contre, est morte.
Le commentaire porte sur Genèse XXXII, 25 où il est dit qu’un homme lutta avec Jacob :
« Et un homme lutta avec lui… »
« Que veut dire : lutta (vaieaveq) ? Rabbi Shiméon dit : Ce mot vient du mot avaq (poudre, cendre). La poudre (avaq) se joint à la poussière (aphar).
Question : Quelle différence y a-t-il entre avaq et aphar ?
Réponse : Avaq c’est le résidu du feu, c’est-à-dire que ce qui reste d’une chose brûlée au feu est appelé avaq (cendre) ; et cette cendre ne produit pas de fruit dans le monde. Aphar (poussière) par contre, c’est d’elle que sortent tous les fruits, elle contient tout ; et voici qu’elle est en haut et en bas.
Explication : L’épouse de la « Face Courte »1 est appelée Aphar (poussière) ; elle contient tous les mondes et leurs productions.
Avaq (cendre) est l’épouse de Samaël2 qui est une Force (El) qui ne produit pas de fruits, et c’est pourquoi son réceptacle est Avaq.
Rabbi Jehoudah dit : S’il en est ainsi, si Aphar (poussière) est ainsi estimée, comment expliquer : « De la poussière (aphar) il retira le pauvre ? » (I Samuel II, 8). Il répondit : « Son sens est l’abaissement, car l’épouse désignée par aphar (poussière) n’a rien par elle même et n’est rien, recevant tout de la Face Courte. Et de cette poussière (aphar), qui ne possède rien, tant qu’elle n’est pas unie par mariage avec la « Face Courte », sort le pauvre qui n’a rien, mais de cette poussière (aphar), lorsqu’elle est unie par mariage avec la « Face Courte » sortent toutes les productions et tous les biens du monde, et en elle, sont faites toutes les oeuvres du monde, selon ce qui est écrit : « Tout était à partir de la poussière (aphar) et tout retourne à la poussière (aphar) » (Ecclésiaste III, 20). « Tout était à partir de la poussière », selon la Tradition, cela comprend même la sphère du Soleil. Mais Avaq (la cendre) ne fait pas de fruit ni de pousse dans le monde, et c’est pourquoi il est dit : « Et un homme, c’est-à-dire Samaël, lutta (ou : se couvrit de cendres) ; il vient dans cette cendre (avaq), c’est-à-dire son épouse, et la chevaucha afin d’accuser Jacob ».
Conclusion :
L’homme a été formé d’une matière pure et vive (aphar) qui est comme l’épouse de la Force d’Elohim ; mais par suite de la transgression originelle, cette matière s’est mélangée d’une substance morte appelée avaq (cendre), qui est comme la femelle de l’esprit d’aveuglement, le support de l’Accusateur de l’homme.
L’homme véritable doit donc être recréé ou reformé à partir de cette matière pure et vive débarrassée du mélange qui l’obscurcit et qui l’aveugle.
1 La Face Courte : terme fréquemment employé dans le Zohar, pour désigner Dieu sous son aspect de rigueur ; la « Face Longue » désigne son aspect d’amour ou de miséricorde. G. Sholem, dans son ouvrage Les Grands courants de la Mystique juive, Payot, p. 288, dit : La traduction correcte n’est pas « La Face Courte », mais « L’Impatient », comme opposé au « Longanime », pour la « Face longue ».
2 Samaël : l’Ange de la mort. L’accusateur. Littéralement : celui qui aveugle El, ou : la Force qui aveugle, de la racine Samo, aveugler, être aveugle.