Non.
En dehors du fait qu’il reste difficile à dire avec certitude qu’ils étaient concernés par les hilkhot Touma au moment où ils sont « morts », les Bnei Israel ne sont pas morts à ce moment, ils se sont évanouis, ils ont perdu connaissance.
C’est du moins la compréhension que j’ai de ce texte, elle n’engage que moi et je ne vous force pas à y souscrire.
C’est une Gmara dans Shabbat (88b) qui dit au nom de Rabbi Yehoshoua Ben Lévi qu’à chaque parole de D.ieu, « Yatsta Nishmatan », leurs âmes sortaient, les quittaient.
Plusieurs raisons me poussent à comprendre cette phrase comme une expression qui ne signifie pas qu’ils moururent.
Si vous comparez les deux autres Meimrot du MÊME rav (citées au même endroit), vous verrez une certaine contradiction entre elles, sauf si vous optez pour ma lecture.
(Je sais que le Maharsha a essayé d’y apporter une autre réponse -en disant qu’une partie seulement des Bnei Israel est morte, mais pas tous- mais sa réponse n’est pas pleinement satisfaisante à mes yeux).
Ensuite, si vous voulez un auteur qui interprète cette Gmara , comme moi, en mode « lav davka », voyez le Torah Tmima sur Shir Hashirim (V, 6, note 31) pour qui cette expression ne signifie pas la mort vraiment, mais un état de faiblesse, à comparer avec l’expression des ‘Hazal « Ein Hatorah Mitkayemet éla bemi shemémit atsmo aléa » (Brakhot 63b) (Guitin 57b) (Shabbat 83b), où il n’est bien entendu pas question de mourir réellement.
Il apporte une preuve, par le Passouk (Dvarim V, 22) où les Bnei Israel disent « si nous entendons encore une fois la voix de D.ieu nous mourrons », nous voyons bien qu’à la première fois ils ne sont pas morts.
Je trouve que l’on peut aussi évoquer deux autres Psoukim pour preuve, dans Dvarim (IV, 33) où il est dit « quel peuple a pu entendre la parole de D.ieu et y survivre comme toi ? »
(bien que le mot Vayé’hi pourrait être compris comme revivre –après le fameux Tal Te’hia dont il est question dans Shabbat 88b, mais voyez le Targoum « Veyitkayam » qui indique bien qu’il n’y a pas eu de décès, même momentané).
Idem dans Dvarim (V, 23) et là-bas aussi cf. le Targoum.
J’ai aussi été content de voir le Haktav Vehakabala (Dvarim V, 23, d’’h Lama Namout) qui dit exactement ça sur notre Gmara, y apporte plusieurs preuves intéressantes et l’applique à d’autres versets aussi.
(il note lui aussi, comme je l’ai fait, que la question du Maharsha s’en trouve répondue plus simplement que par sa réponse.)
Un autre auteur qui comprend qu’ils ne sont pas morts : le Midrash Shlomo (p.126)
Je pense qu’en cherchant, on en trouverait encore d’autres qui iraient dans ce sens, mais ce n’est pas la peine, j’ai déjà quelques alliés, ça me suffit, bien qu’aucun d’entre eux n’ait mentionné la preuve que j’ai citée à partir de Dvarim (IV, 33) et (V, 23).
En tout cas, selon ma lecture, votre question est répondue et on pourrait même l’ajouter à la liste de difficultés que soulève la lecture de certains (comme le Maharsha) comprenant qu’il y ait eu réellement mort d’homme.