Citation:
Dans certaines communautés, les cohanim attendent le mariage pour faire birkath cohanim. Pourtant l'opinion prédominante aujourd'hui est de bénir la communauté même célibataire. Des fois cela entraine des désaccords, voire des conflits!.. Je voulais avoir votre opinion là-dessus.
La Mitsva ne stipule pas qu’il faille être un cohen marié pour bénir l’assemblée, un célibataire peut le faire, aucune contre-indication dans le ‘houmash ni dans le Talmud.
Néanmoins certaines communautés sfarades ont cette habitude de réserver la Birkat Cohanim aux seuls cohanim mariés.
C’est une coutume du Maghreb, ça se trouve chez des marocains et des tunisiens, ou plutôt des Djerbiens
(Brit Kehouna, Noun, §2), car à Tunis les célibataires faisaient Birkat Cohanim
(Zé Hashoul’han p.212) [en même temps, à Djerba c’était un peu nécessaire, il n’y avait pas assez de place pour tous les Cohanim 😊 ].
L’idée est que le célibataire n’est pas « Sharouy Bessim’ha »
(Yevamot 62b), or pour Birkat Cohanim il convient d’être joyeux.
C’est ce que vous trouverez cité dans le
Mordekhai (Meguila §815), le
Maharam de Rothenburg (Prague §345) et le
Shibolei Haléket (§23) au nom de
Rabénou Its’hak Bar Yehouda, pour qui l’endeuillé qui change de place à la synagogue ne devra pas faire Birkat Cohanim durant cette période par manque de Sim’ha, et qu’il en va ainsi de tout célibataire qui ne fera pas non plus Birkat Cohanim.
Et il ajoute « et c’est une Mitsva de faire perdurer ce Minhag ancestral autant que faire se peut ».
Il faut comprendre qu’à l’époque des Gueonim et des Rishonim, la période de célibat était autrement plus courte que de nos jours.
Celui qui ne se mariait pas à 14 ans le faisait à 17 ans, le cohen célibataire était donc « privé » de Birkat Cohanim que durant quelques années après la Bar Mitsva, parfois un an, et très rarement plus de quatre.
De nos jours, il est hélas fréquent de rester célibataire jusqu’à 30 ans, voire plus.
Mais il faut aussi prendre cette coutume comme un rappel à l’ordre, pas que pour les cohanim, mais pour tous les juifs : le minhag de marquer une différence entre cohen marié et célibataire est là pour rappeler à toute la communauté que le célibataire est considéré comme dépourvu de véritable Sim’ha
(ça ne veut pas dire qu’il ne peut pas rigoler avec ses copains, loin s’en faut, il le peut d’ailleurs parfois beaucoup plus en étant célibataire… il s’agit d’une Sim’ha de Kdousha, que les célibataires ignorent -hélas, certains mariés aussi).
Pour les ressortissants de ces communautés maghrébines, il faut maintenir ce Minhag.
Ceux parmi eux qui ont fait la Aliya et habitent en Israël, auront le droit de changer ce Minhag
(et de commencer à faire Birkat Cohanim même avant le mariage) (-ou le « devoir » selon certains) cf.
Yabia Omer (IX, O’’H 108, 67) , Its’hak Yeranen (VII, §15).
Bien qu’il ne m’apparaisse pas Halakhique de dire qu’ils en soient obligés s’ils font partie d’une communauté maghrébine en Israël
(c-à-d s’ils sont regroupés en communauté de maghrébins de ces villes, là, ils peuvent garder leur Minhag même en Israël).
En fait, depuis plus de 1000 ans, ce Minhag fait partie des différences entre Israël et ‘Houts Laarets (Bavel).
On le retrouve dans le
Yam Shel Shlomo (après Baba Kama, ‘hiloufei minhaguim §50) et dans
Otsar Hagueonim (Sotah §102) où il est dit qu’en Israël la coutume est que les célibataires fassent la Birkat Cohanim, alors qu’en Bavel, seuls les cohanim mariés la font.
Cette coutume s’est accentuée chez les ashkenazim
(qui suivent généralement les anciennes coutumes d’Israël, alors que les Sfaradim suivraient plutôt celles de Bavel) (et chez certains Sfaradim) au point de ne pas faire Birkat Cohanim du tout ni en semaine ni à shabbat, mais seulement à Yom Tov.
Le
Rama (Darkei Moshé et S.A. O’’H §128) l’explique en disant qu’en semaine on n’est pas assez Sharouy Bessim’ha car préoccupés par notre travail et soucieux de pouvoir gagner de quoi vivre, pour Shabbat, idem, on est encore pris dans l’ambiance de la veille et du lendemain qui arrive, mais à Yom Tov, où il est écrit Vessama’hta be’haguékha, on se sent plus « Shrouyim bessim’ha ».
EN CONCLUSION , en Israël il vaut mieux annuler ce Minhag
(du moins tant qu’on n’est pas regroupés en marocains ou djerbiens…), pour la France c’est moins évident.
Car si en Israël l’ancien minhag local est de dire Birkat Cohanim même par les célibataires, en France, l’ancien minhag local était
(au moins pour le Nord de la France) que personne ne dise la Birkat cohanim à part à Yom Tov… Donc une communauté marocaine ou djerbienne en ‘Houts Laarets
(-enfin en pays d’origine Ashkenaze au moins, comme : France, Angleterre, Suisse, Belgique) peut (voire DOIT) maintenir ce Minhag millénaire, qui sera certainement une source de Brakha pour que les célibataires de la communauté trouvent rapidement leur âme sœur.
Le fait est que dans la communauté djerbienne installée à Paris XIXème (L’AJJ), selon mes informations, les célibataires ne disent PAS Birkat cohanim
(qui ne se dit pas en semaine non plus, à l’exception de Rosh ‘Hodesh Nissan et Pourim).
Cependant, il est assez fréquent en France que les communautés soient une sorte de Melting-pot de ressortissants de toutes les Kehilot, de toutes les villes du Maghreb
(et parfois un ou deux ashkenazim en prime 😊 ), dans ce cas, même si la communauté est officiellement djerbienne ou de telle autre Kehila qui avait pour coutume de réserver la Birkat Cohanim aux seuls mariés, comment considérer un jeune célibataire originaire de Tunis qui souhaite faire Birkat Cohanim ?
Faut-il le lui interdire afin de « préserver » la coutume locale ? ou que chacun fasse son propre minhag ?
ça se discute, ça dépendra de toutes sortes de paramètres difficiles à détailler et même à énumérer.
Mais c’est POUR CELA qu’il y a un rabbin dans une synagogue, c’est le rôle du rabbin local d’apprécier la situation et de savoir s’il faut ou non « interdire » aux célibataires la Birkat Cohanim, ou seulement les en décourager, ou au contraire les y encourager, voire faire changer le minhag de toute sa communauté afin que tous les célibataires fassent dorénavant Birkat Cohanim (comme en Israël).
Je ne peux donc que vous diriger vers votre rabbin, c’est à lui qu’il revient de fixer ce point, selon ce qu’il estime être bon pour sa communauté.
Quant à ce que vous écrivez, je cite :
Citation:
Des fois cela entraine des désaccords, voire des conflits!.. Je voulais avoir votre opinion là-dessus
Là, c’est vraiment absurde, se disputer autour de Birkat Cohanim, c’est le comble !
Vous n’êtes pas sans savoir que l’amitié et la fraternité sont des conditions sine qua non à la Birkat Cohanim, à tel point que les ‘Hazal l’ont « inscrit dans le marbre » en l’ajoutant dans le texte même de la Brakha que le cohen récite sur la Mitsva : Levarekh èt Amo Israel
Beahava, pour bien nous rappeler que s’il y a bien une Mitsva où la Ma’hloket , la dissension, la discorde, la brouille ou toute autre tension, est absolument incompatible avec la Mitsva, c’est la Birkat Cohanim ! Cf.
Mishna Broura (§128, sk.37) et Kaf Ha’haim (§128, sk.75)
Il faut bénir le peuple BEAHAVA.
Si un cohen se fâche pour faire Birkat Cohanim, même en récitant la Birkat Cohanim il serait à l’opposé de la Mitsva !
Il serait même dans la AVEIRA. Voyez le
Mishna Broura (§128, sk.37) pour qui s’il y a une personne présente en ma’hloket avec le cohen, que le cohen lui en veuille ou que la personne en veuille au cohen, le cohen doit sortir et ne PAS faire Birkat Cohanim et
c’est une SAKANA (un danger) pour le cohen de faire Birkat Cohanim dans cette situation de tension.
Voyez aussi le
Zohar (III, daf 147b) qui relate l’histoire d’un cohen qui a récité la Birkat cohanim en étant en ma’hloket avec l’un des fidèles présents
(et même sans ma’hloket mais simplement un fidèle vis-à-vis duquel il ne bénissait pas « Beahava ») et ce cohen est mort (vraisemblablement sur place, pendant la birkat cohanim) !
C'est vraiment jouer avec le feu que de se disputer autour de Birkat Cohanim...
Le
Maguen Avraham (§53, sk.26) écrit qu'il ne faut se disputer pour aucune Mitsva:
אין להתקוטט עבור שום מצוה
Mais se disputer pour Birkat Cohanim c’est un non-sens !
La Brakha d’un seul cohen et seulement à yom tov, vaut plus que toutes les brakhot de plusieurs cohanim tous les jours de l’année, s’ils ont dû se disputer pour cela. La brakha doit être prononcée BEAHAVA, il faut que chaque cohen soit en paix avec chaque membre de la synagogue
(et à plus forte raison avec le rabbin).
Idem dans l’autre sens, si votre rabbin vous dit que vous devez abandonner le minhag de vos ancêtres djerbiens qui ne disaient Birkat Cohanim qu’une fois mariés, il faut changer de minhag (ou de synagogue).
Bref : c’est au rabbin de décider de ces choses.
Si vous voyez que certains s’opposent à la décision du rabbin, soutenez-le et tenter de raisonner les opposants : il ne s’agit que d’un Minhag, que l’on fasse comme l’une ou l’autre option, on est dans le vrai, le Emet, et la Mitsva.
Par contre, en créant une ma’hloket entre deux fidèles
(et à plus forte raison avec le rabbin), on est dans le Shéker et la Aveira, c’est le piège du Yetser Hara.
Ça serait trop beau que les fidèles fassent la prière sans parler durant la ‘hazara et le kadish et la Kriat Hatorah, tous dans le respect de l’endroit et d’autrui.
Alors il faut que le Yetser s’en mêle et qu’il y ait des disputes sur tout et n’importe quoi en prétendant que c’est la Yirat Shamayim qui nous pousse à nous démarquer et à « sauver la kehila » en maintenant un ancien Minhag (ou l’inverse : en changeant un minhag désuet).
La vérité est que le Shalom prime sur tous ces Minhaguim, il ne faut pas qu’il y ait de tensions entre deux juifs autour de l’accomplissement d’une Mitsva de telle ou telle manière si les deux voies existent.
Si la chose nous est insupportable, il reste l’option de CHANGER de synagogue, mais en aucun cas se disputer.
D.ieu aime les juifs qui sont en paix entre eux, Beshalom OubeAhava, sans ma’hloket.
Encouragez donc votre rabbin à prendre position sur le sujet et suivez-le, c’est tout ce qu’attend de vous le bon D.ieu, pas que vous fassiez d’une Mitsva un moyen de discorde ou de vexations.
Si vous estimez que votre rabbin n’est pas suffisamment soucieux de la Halakha
(-c’est fréquemment l’opinion de certains fidèles, ils ont parfois raison et parfois tort, ça dépend du fidèle et du rabbin), CHANGEZ de synagogue mais ne vous disputez pas ‘has veshalom, ça serait pire que d’annuler un Minhag ancestral et pire que d’annuler une Mitsva Min hatorah de Birkat Cohanim.
Si vous trouvez que je suis excessif dans ce message, je vous encourage vivement à tenter de faire un « reset » général de toute votre Avodat Hashem, car franchement, se disputer autour de Birkat Cohanim est vraiment faire preuve de manque de bon sens, car c’est LA mitsva par excellence où la dispute est fatale, comme l’indiquent les Poskim et le
Zohar (op cit) avec cette histoire terrifiante d'un cohen qui a perdu la vie en raison d'une "tension" autour de Birkat Cohanim.
On se demande souvent pourquoi dit-on que MINHAG et GUEHINOM sont constitués des mêmes lettres (מנהג -גהנם), pourtant nous connaissons tous l'importance de préserver les Minhaguim?
Eh bien votre question me fait penser à une réponse
(de type "Droush"): c'est parce qu'en voulant préserver ou annuler un Minhag on peut en venir à se disputer et là, l'issue est fatale: c'est le Guehinom assuré.
On a malheureusement assez de problèmes, de tensions et d'incompréhensions entre nous, pour qu'il ne soit vraiment pas nécessaire de nous en ajouter sur le dos des Mitsvot.
-Si votre rabbin dit qu'il faut rétablir la Birkat cohanim des célibataires, écoutez-le, c'est une Mitsva d'écouter son rabbin, de faire Birkat Cohanim et d'éviter les disputes.
-Si votre rabbin dit qu'il ne faut pas que les célibataires fassent Birkat Cohanim, écoutez-le aussi, c'est une Mitsva d'écouter son rabbin, d'éviter des discordes, de préserver les Minahaguim et Yehi Ratson que ce soit une source de bénédiction pour les célibataires de la communauté qui ont du mal à se marier, qu'Hashem leur envoie leur Zivoug, une Kala pleine de qualités, Bizkhout la Mitsva de Kvod Hatorah Ve'hakhmeiha et la Mitsva d'être Rodef Shalom.