Merci pour votre intervention, aussi éclairée que détaillée.
Vos arguments étant parfaitement fondés, je ne peux que vous en féliciter.
Mais… … …
Les différents Rabbanims auteurs d'ouvrages sur les tolaïm ont très certainement pris en compte, comme vous, les conditions de rov, de miyout, de bitoul, etc. Ils ont d'ailleurs pour cela des haskamot des Gdoleï-Israël (lesquels savent parfaitement aussi qu'il n'existe qu'un seul siman sur les tolaïm dans le Choul'han-Arou'h, et prennent aussi leurs sources chez le Gaon, le 'Hafetz-'Haïm et/ou le Ben-Ish-'Haï, même sans avoir eu le privilège d'avoir été invités à leur table…), sans quoi ils ne feraient pas référence aujourd'hui. Le issour gamour d'ingérer un insecte n'est-il pour eux qu'une 'Houmra, comme vous le rapportez ? Ont-ils ainsi fait preuve de "Motsi Laaz al Rishonim" ?… J'en doute fort. Ma réponse se bornait donc à reprendre leurs préconisations, pour les fraises s'entend.
Vous citez (1) des "vers miniatures" employés dans le vin, mais c'est inexact car il s'agit là de levures sous forme d'organismes monocellulaires (la moindre forme de vie biologique humaine ou animale est composée à contrario de plusieurs milliards de cellules) non reconnus comme 'Haï [vivants], même s'ils sont parfaitement reproductibles. Hala'hiquement, ils sont assimilés à un champignon. Pas de quoi interdire le vin, sinon les yaourts et le pain auraient également été interdits. Ce n'est donc absolument pas comparable à ce qu'on peut trouver sur une fraise, ou sur une feuille de salade. Là, on rejoint Pasteur, puisque (2) les puces aussi se reproduisent, tout comme les acariens.
Enfin, les courageux pionniers de Goush-Katif et leurs instances de Cacherout ne travaillent probablement pas non plus pour rien dans leur recherche et dans leur cultures. Sinon, un simple pesticide aurait suffit …
Pour ce qui est de la parabole sur la ceinture de sécurité dont vous percevez vous-même l'utilité tous les jours, je ne l'ai pas comparée à un Minag-Israël, mais plutôt à l'absence d'un Minag-Israël pourtant fort nécessaire dans la désinsectisation (d'ailleurs pour la cigarette, vous ne semblez pas en disconvenir…). Il ne s'agit donc pas ici d'avoir des "positions sur les orthodoxes des temps anciens" 'hass-véchalom, mais plutôt sur cet argument permissif qui sert parfois de justificatif, ou de Koula ("ils ne le faisaient pas avant, alors moi non-plus…") donc permettez-moi, comme Machal [exemple] cette anecdote:
Jusque vers l'après-guerre, le Chaatnez n'était qu'une vague notion, y compris dans le monde 'Harédi. Vers 1950, un ba'hour de Gateshead, chimiste de formation, s'y est intéressé de près, puis s'en est entretenu avec les Rasheï-Yéchiva présents [Reb Leïb Gurewitz z"l, et Reb Leïb Lopian z"l, les Guéonim de l'époque !] qui ont relayé le message (sans pour autant être Motsi Laaz al Rishonim, n'est-ce pas ?). Et… - de l'aveu même des autres Avreï'him qui en parlent encore aujourd'hui !!! - tout le monde est descendu le lendemain au Beth-Hamidrash en pyjama, effrayés du fait que leurs costumes et manteaux puissent contenir un issour déOraïta... La notion de Kilaïm/Chaatnez était claire du point-de-vue du Limoud, mais personne n'avait jusque-là soupçonné la présence de mélanges lin-laine dans les cols, les doublures, les épaulettes, etc. C'était donc une affaire de spécialiste. Tout est parti de là, du moins pour l'Europe, dans le contexte d'alors. Ce même ba'hour a par la suite mis-au-point plusieurs techniques mécaniques et chimiques pour la recherche du Chaatnez, est devenu Dayan et Av-Beth-Din, et a formé plusieurs autres "cadres" dans le domaine du Chaatnez.
Où est le Motsi Laaz al Richonim ?
Il en est de même pour les fruits, salades et légumes, que certains ne passaient auparavant que sous un simple jet d'eau, jusqu'au jour où des spécialistes, de surcroît békiim beKol haTorah Koula, ont mis en évidence les tenants et les aboutissants d'une Bédika correctement effectuée.
BeBirkat Hatsla'ha.