Citation:
J'aurais tendance à penser que c'est une obligation.
Vous avez raison.
Citation:
Mais, que penser du Rav de Tsanz Klausenbourg qui refuse la nourriture non cascher à Auschwitz ? On admire, il s'en est sorti. Mais est-ce que tous les Juifs auraient dû faire comme lui ? Où avaient-ils l'obligation de se nourrir même avec du non cascher?
En parlant d'un cas précis, on peut toujours imaginer qu'il avait la certitude de ne pas atteindre la limite de ses forces et il ne considéraient donc pas la situation comme Pikoua'h Nefesh.
Il est vrai que c'est peu probable, mais nous ne pouvons pas parler de ce que nous ignorons.
Par contre, pour le cas d'école que nous imaginerons, où le risque serait évident, en effet la Halakha impose de manger Taref pour sauver sa vie.
Toutefois, dans le cas de Pikoua'h Nefesh avéré dont nous parlons, il subsiste un désaccord entre les commentateurs sur la considération que l'on doit avoir d'une personne qui voudrait jouer le Tsadik et risquer de se sacrifier pour une Mitsva qui ne l'impose pas.
Pour le
Rambam, c'est péché et suicidaire.
Pour le
Tosfot et d'autres, celui qui opte pour la dévotion dans ce cas en a le droit.
Mais ce sujet est discuté, il n'est pas établi que les Rishonim opposés au Rambam le soient dans des situations où personne ne cherche à nous faire transgresser la Halakha. Il se peut qu'ils n'autorisent la dévotion suicidaire que dans le cas où quelqu'un veut nous forcer à manger Taref et non lorsque nous ne possédons que du Taref à manger.
Vers les dernières années de sa vie,
Rav Dovid Powarsky (qui avait été mon Rosh Yeshiva plus tôt) avait raconté que lorsqu'il était jeune, une vieille dame de son village s'était vu imposer par le médecin de manger pendant Yom Kipour en raison de sa grande faiblesse, elle ne voulait pas et on avait consulté le Rav local, qui avait confirmé l'obligation de manger puisqu'elle risquait de mourir d'un jeûne (c'est connu: les vieux ne sont pas très jeûnes).
La vieille dame refusa, il lui était impossible de manger à Yom Kipour.
Elle n'écouta pas le Rav, jeûna, et en décéda.
Rav Powarsky dit à ce sujet qu'on ne peut pas forcer quelqu'un à faire une Aveira s'il ressent qu'il ne peut pas la faire.
Je pense qu'il voulait dire que la dame pensait qu'en mangeant à YK, elle pourrait aussi en mourir tellement l'idée lui était insupportable.
Le
Rav Powarsky utilisa cette anecdote pour répondre à ses enfants qui lui avaient dit qu'il était halakhiquement obligé d'arrêter de donner Shiour quotidiennement à la yeshiva, en raison de sa santé défaillante.
(il avait déjà un âge avancé à cette époque. C'était vers 1998 je crois, j'habitais aux USA mais on m'en avait informé par téléphone. Il est Niftar en 1999, le 6 Adar. A quel âge? pas très clair, sa date de naissance est discutée, entre 1894 et 1899 ou 1900 ou 1902. En tout cas, il n'était pas loin des 100 ans.)
Reb Dovid disait que s'il devait arrêter de donner Shiour, il en mourrait.
Donc dans ce cas, autant continuer...
[Il faut savoir que Yehareg Veal Yaavor s'applique aussi lorsqu'il y a une volonté de faire transgresser le juif, c'est un aspect de 'Hilloul Hashem.
Il se peut que le rabbi de Klausenburg ait estimé qu'au delà de la Halakha qui autorise à tout juif de manger Taref dans les camps, il y aurait un aspect 'Hilloul Hashem si un grand rav comme lui le faisait aussi.
Je n'en suis pas persuadé du tout, d'autant qu'il n'a pas sacrifié sa vie pour ne pas être rasé. Son refus de manger Taref devait probablement être un sentiment personnel, du type de Rav Powarsky.
(c-à-d qu'il craignait de mourir de chagrin en mangeant Taref.)]
Citation:
J'ai eu l'occasion ( et le privilège) de discuter, (il y a longtemps) avec un jeune de la dynastie hassidique de Tchernobyl. Il m'a parlé d'un membre de sa famille enfermé par les soviétiques. A Pessah, ses geôliers, dont un Juif communiste, lui donnaient du pain à manger. Il a refusé leur nourriture. Il s'est nourri uniquement d'oignons et en est mort.
Là aussi, il est possible que ce soit comparable au cas de Rav Powarsky.
C'est en tout cas ce que vous confirmez, je vous cite:
Citation:
Je lui ai posé la question du Pikouah néfech. Il m'a répondu que s'il avait mangé du hametz à Pessah, il en serait mort.
Encore faudrait-il établir qu'il craignait de mourir en mangeant des oignons, peut-être pensait-il que cela ne lui serait pas fatal?