A
1001questions (dont le pseudonyme explique la longueur du post):
Citation:
Ma question est si vous avez un bon feeling avec un rav au niveau de ses chiourim et ses conseils en Limoud mais quand il parle de 'hinou'h par exemple vous le trouvez à coté.
Est ce que vous pouvez décider que dans ce domaine (= 'hinou'h), vous ne l'écouterez pas.
C’est plutôt sur le limoud qu’il faut se poser des questions !
Si votre Rav est « à côté » en ‘Hinoukh, comment ne craignez-vous pas qu’il soit (en réalité) aussi « à côté » en limoud ?
Citation:
En plus clair: est-ce que la confiance en notre Rav peut être limité (et c'est moi qui fixe ces limites) ou à partir du moment où je décide que untel est mon Rav, faut il avoir une confiance à 100%, même pour des choses qui nous paraissent parfois à l'encontre du bon sens.
Ou puis-je mettre moi-même les délimitations de la confiance que je lui donne c'est à dire une confiance limitée.
Dans la théorie, un rav en qui on a confiance, on le comprend assez pour SAVOIR que même lorsqu’on ne comprend pas ses directives, il doit certainement avoir raison.
S’il n’est bon qu’en « Limoud » mais qu’il dit un peu n’importe quoi en ‘Hinoukh, vous ne lui faites pas réellement confiance. Donc n’écoutez pas non plus ses conseils en Halakha.
Il faut trouver un Rav qui vous semble
sensé, intelligent, érudit, honnête et gentil.
S’il manque une de ces cinq qualités, il devient difficile de lui faire confiance les yeux fermés.
Dans l’hypothèse où vous n’auriez jamais rencontré un tel rav
(c’est que vous n’avez peut-être pas assez cherché…), j’avoue qu’il est très difficile
(voire totalement irresponsable) de faire confiance à un rav uniquement parce qu’il sait traduire et expliquer une Gmara selon
Rabbi Akiva Eiger et le
Ktsot Ha'hoshen.
Avoir un rabbin ne se résume pas à connaître un bonhomme à appeler pour célébrer des mariages et enterrements.
Assé Lekha Rav veut dire tisser un lien assez solide avec un Rav au point d’apprécier en lui les cinq points cités plus haut et ainsi avoir confiance en son jugement.
Citation:
Même question cette fois-ci mais plus avec son Rav, mais avec les guedolé Hador:
Exige-t-on de nous une confiance aveugle envers Rav Steinmann, Rav Haim Kaniewski un peu comme il y a chez les hassidim envers leur Rebbe ?
Tout dépend de ce que vous entendez par ce « on »
(dans « Exige-t-on de nous»).
Pour ma part, je n’exige pas de vous cette confiance aveugle telle que vous la décrivez envers lesdits rabbanim, mais je ne puis vous garantir l’absence chez d’autres d’une telle exigence envers vous.
Je ne me pose pas ici la question de savoir si
Rav Kanievsky lui-même l’exige, je dis juste que certains
(et ils sont très nombreux dans son entourage au sens large) exigent de chaque juif une confiance aveugle en
Rav Kanievsky.
Selon moi, ce concept des « Gdolim » a été revisité ces dernières décennies pour ressembler de plus en plus à celui du Rabbi ‘Hassidique qui donne ses conseils plutôt par « Roua’h Hakodesh » que par ‘Hokhmat Hatorah.
C’est un phénomène moderne dans le monde non-‘hassidique.
Jusqu’à présent
(ou assez récemment), il n’avait été question d’écouter aveuglément un Rav que de la même manière qu’on écoute aveuglément le médecin que l’on connait
(chacun dans son domaine de compétence, qui dans la Torah, qui dans la médecine).
Les ‘Hassidim ont inventé l’idée selon laquelle chaque Rabbi est en mesure de répondre par « Roua’h Hakodesh » comme un prophète ou comme le Ourim Vetoumim.
Dès lors, sa réponse est pertinente même s'il n'a pas été informé convenablement de la situation ou des détails clés et il convient aussi de le consulter sur des sujets qui n’ont rien à voir avec la Torah [/les Midot/le Moussar/la Yirat Shamayim/le Limoud].
Les autres juifs y étaient opposés.
En fait, même parmi les plus grands de la ‘Hassidout nous trouvons des oppositions très nettes (et parfois même très fermes) à cette innovation.
Très étrangement, le monde des Mitnagdim, après avoir mené la guerre au monde des ‘Hassidim pour leurs innovations, se range de plus en plus à ses côtés, dans la pratique comme dans la pensée.
Citation:
N'y a-t-il pas un risque que ces guedolim soient utilisés par un entourage qui y aurait certains interets personnels,
Certains vous diraient qu’il ne s’agît plus seulement d’un risque ou d’une crainte, mais d’un problème avéré.
Bien entendu, si vous posez la question à ce même « entourage », ils ne partageront pas cet avis.
Citation:
si oui cela rends la confiance aveugle assez problematique.
En effet.
C’est pourquoi je prône la confiance aveugle mais pas stupide, c-à-d faire confiance à SON propre spécialiste et libre à lui de se référer (lorsqu’il le juge opportun) à plus grand que lui, parmi ces maîtres incontestés et bien connus.
Citation:
D'ailleurs j'ai souvent remarqué que certains rabbanim qui donnaient des directives stoppaient les discussions en disant que ce sont les guedolim qui ont décidé ainsi (et parfois sur des choses qui ne tiennent pas la route).
Là, il va être difficile de faire des généralités.
D'abord, êtes-vous sûr de pouvoir définir ce qui tient ou non la route?
Ensuite, il arrive que des rabbanim se rangent derrière l’opinion de Gdolim pour éviter d’avoir à expliquer certaines choses à ceux qui ne sont pas en mesure ou en droit d’en avoir connaissance.
D’autres fois, c’est plutôt parce que leur propre feeling les pousse à croire que ledit Gadol a parfaitement compris l’enjeu et il convient donc de lui faire confiance les yeux fermés (comme avec le chirurgien)
(cf. ma réponse à Jacob Cohen).
Et enfin, il peut aussi y avoir des rabbanim convaincus par les sbires et « l’entourage » des Gdolim qui vous diront de faire de grosses bêtises sous couvert d’un « Gadol » qui n’a en fait pas été informé convenablement de tout ce qu’il fallait savoir pour se prononcer.
Bref, pour bénéficier de l’opinion d’un Gadol, il faut avoir un décodeur en la personne d’un rav qui peut faire le pont entre vous et ledit Gadol.
Un Rav qui remplit les conditions nécessaires et qui incarne les cinq points cités plus haut, un Rav en qui VOUS avez CONFIANCE.
Si vous n’avez pas de Rav en qui vous avez confiance, vous avez un problème. Il ne faut pas croire qu’il suffit de s’en passer, car lorsque vous aurez besoin d’un spécialiste, vous ne saurez pas lequel suivre, ni comment le comprendre etc.
C’est comme avec le médecin ou le garagiste…
Un ami m’avait raconté une histoire
(qui date d’il y a à peu près 25 ans) le mettant en scène ainsi que
Rav Kanievsky et son Rosh Yeshiva
(le Rav Alain Samuel שליט"א, qui est un grand Talmid ‘Hakham et un très grand Tsadik, ceux qui le connaissent n’en doute pas un instant).
Il était allé poser une question à
Rav Kanievsky, accompagné de son Rosh yeshiva.
Le
rav Kanievsky a donné sa réponse de manière très tranchée et sans équivoque. Ils sont sortis et –immédiatement- son Rosh Yeshiva lui a demandé d’oublier ce qu’il avait entendu et lui a donné une directive totalement opposée à ce que venait de dire
rav Kanievsky.
Ce qui prouve bien qu’il ne s’agît pas de faire confiance aveuglément de manière stupide, mais que cela doit passer par son Rav que l’on connait et en qui on a confiance.
Citation:
Par ailleurs j'ai souvent était confronté à 2 situations:
- un Rav avec des midot exceptionnelles, mais insensible à ses shiourim ou bien estomaqué par les conseils qu'il donnait.
ou bien
- un rav avec des supers shiours, de très bons conseils, très bonne compréhension humaine, mais dont les midots me dérangent.
Comprenez qu'il m'est difficile d'avoir une confiance absolue ni en l'un ni en l'autre. Mais si je peux limiter ma confiance en eux, alors pas de problèmes, je peux faire la part des choses.
Lorsque vous avez «
un Rav avec des midot exceptionnelles » et que vous êtes «
insensible à ses shiourim ou bien estomaqué par les conseils » qu'il donne, c’est qu’il s’agît d’un niais.
Il est gentil, c’est bien, mais cela ne suffira pas.
Et quand vous avez «
un rav avec des supers shiours, de très bons conseils, très bonne compréhension humaine, mais dont les midots me dérangent », à moins que vous ne soyez particulièrement difficile sur les Midot, c’est donc que ce « rav » fait preuve de mauvaises Midot, dans ce cas, נבלה טובה הימנו.
Ce n’est certainement pas la personne à suivre.
Voyez
Moed Katan (17a) et ‘Haguiga (15b) : si le Rav ressemble à un « ange », que l’on suive ses enseignements, s’il ne ressemble pas à un « ange », qu’on ne suive pas ses enseignements.
[Mais si vous parlez d’un rav qui se comporte bien, seulement vous n’appréciez pas trop ses Midot, sans pour autant pouvoir dire qu’il ait de mauvaises midot, c’est juste que vous êtes difficile et exigeant avec les rabbanim, c’est autre chose.
J’ajoute cela car je sais qu’il y a –particulièrement en France ?- des gens qui sont extraordinairement exigeants avec les rabbanim.
Ils attendent d’eux d’être des surhommes en toute situation, de tout savoir, de tout comprendre, de penser à tout, de tout prévoir, d’être extraordinairement courageux, infatigables, inébranlables, de n’avoir aucune faiblesse humaine, aucune paresse, etc. etc.
Bref, certains attendent du Rav d’être réellement un ange, pas seulement qu’il lui ressemble.
Ce doit être une mauvaise Mida qui les pousse à vouloir se rassurer en imaginant le Rav totalement extra-terrestre, ainsi, il leur est possible d’admettre que le Rav leur soit « supérieur » et il leur devient possible de le respecter. (ça a aussi l'avantage de permettre au fidèle de se dédouaner de faire des efforts, n'étant qu'un être humain, il n'aspire pas à lui ressembler totalement.)
C’est le genre de personnes qui, après avoir lu dans la biographie de Rav Moshé Feinstein qu’il lui est arrivé une fois d’étudier dehors la nuit à la campagne avec une lampe et les moustiques ne venaient cependant pas le déranger, vont juger négativement un Rav qui ne produirait pas le même effet de terreur sur les moustiques.
S’ils lisent dans cette même biographie que Rav Feinstein ne dormait que 4h par nuit, ils vont condamner tout Rav qui dormirait plus.
S’ils ont entendu dire que tel Rav faisait Tikoun ‘Hatsot toutes les nuits ou que tel autre jeûnait tous les lundis et jeudis, ils considéreront cela comme jauge à Tsidkout des rabbanim, sans même remarquer qu’aucun des rabbins dont ils ont lu les exploits (souvent exagérés) ne cumulait la totalité des atouts qu’ils exigent de chaque rav…]
Citation:
En fait j'ai un mal fou à ecouter un Rav à 100% car je suis très critique et il y aura toujours quelque chose qui me dérange (je ne viens pas leur reprocher, ce sont des hommes avec leurs défauts), mais on entend toujours en permanence que ce que le Rav dit, il faut l'écouter car il a daat re'hava (largesse d'esprit) et voit des choses que l'élève ne voit pas (un peu comme un enfant avec ses parents) et afilou omer lecha al yamin shehou smaule, etc. Bref, le discours qui doit vous être connu.
Gardez à l’esprit la comparaison avec le médecin et tentez de trouver un rav qui regroupe les cinq points cités plus haut, ensuite, vous n’aurez plus de difficulté à faire confiance à ce Rav lorsqu’il convient de lui faire confiance
(=s’il a bien cerné le problème, qu’il est au courant de tout, etc.)
Citation:
l'analogie que vous donnez avec les médecins est juste mais il en reste que, plus quelqu'un est ignorant dans un domaine, plus le fait de donner sa confiance lui sera difficile et risqué.
Il est évident qu'un médecin a plus de facilité pour donner sa confiance à un autre médecin que quelqu'un qui n'y connait rien en médecine.
J’y réponds plus haut (désolé, je n’ai pas pris le temps de lire tout votre message avant d’y répondre, j’y répond au fur et à mesure que je le découvre).
Citation:
Tout ça pour en arriver au problème du baal teshouva qui aura énormément de mal a donner ça confiance en quelqu'un car il n'a pas assez de "background" et repère pour le faire. Et perso je trouve que beaucoup de rabbins exploitent cette naïveté pour donner parfois des conseils à des baalé teshouva qui ne vont pas dans l'intérêt de leurs élèves. Et le Baal teshouva lui n'ayant pas vers qui se tourner, écoute le Rav en qui il a confiance, alors qu'en fait le Rav défend ses intérêts.
Je ne viens pas vous dire qu’il n’y a pas de bandits ou de rabbanim stupides ou méchants.
Il y a déjà une différence avec les médecins, c’est que « Rav » n’est pas une appellation contrôlée.
Tout le monde peut se targuer d’être un érudit et s’affubler du/s’approprier le titre de « rav ».
Donc s’il y a –chez les médecins, des individus complètement stupides ou dérangés, à plus forte raison y en aura-t-il chez les « rabbins ».
Citation:
J'ai vu trop de Baalé teshouva qui n'ont plus de rabbanim à cause de ça et quine se referrent qu'aux sefarim uniquement, en faisant toute de diyoukim absurdes dans des sefarim qu'ils lisent.
Oui, hélas.
Il y a aussi des personnes qui ne font plus du tout confiance aux médecins et ne se réfèrent qu’à internet (uniquement les sites où aucun médecin ne donne son avis) et passent par l’automédication.
Ils ont pris soin de découper en petits morceaux leur carte vitale avant de la faire fondre au four à micro-ondes et d’en brûler les restes avant d’en jeter les cendres dans la cuvette des toilettes.
Qu’y puis-je ? Il y a des idiots partout.
Celui qui est déçu d’un médecin, puis d’un autre, s’il n’est pas idiot, ira en chercher un troisième et s’il le faut un quatrième, jusqu’à en trouver un bon
(puisqu’on sait qu’il en existe de bons).
Idem pour les rabbins, le fait d’être tombé sur un mauvais rabbin ne doit pas décourager d’en chercher un meilleur.
Citation:
ou bien 2eme solution:
Faire le tour des rabbanim quand il a une question ou un doute au même titre que quelqu'un qui s'est fait arnaqué par un garagiste (et qui n'a plus confiance aux garagistes ira faire 3-4 devis avant de réaliser des travaux sur sa voiture),
Rien ne vaut la confiance qu’on a en un vrai garagiste/médecin/rabbin. Même si l’enjeu dépasse ses compétences, il saura nous diriger vers la bonne personne.
Citation:
mais bon on m'a toujours enseigné qu'on ne pose pas une question a deux rabbanim car c'est un manque de confiance (oui mais c'est la tout le problème)
Ce n’est pas pour le manque de confiance. C'est autre chose, ce qu'on appelle "faire son marché dans la Halakha". J'en parle ailleurs sur
Techouvot je crois.
Citation:
Pour être plus clair: Est-ce que vous pensez qu'un élève doit écouter son rav, quand le Rav a un intérêt dans la réponse qu'il va donner ?
Plus précisément, pensez-vous que les rabbanim d'aujourd'hui lorsque leurs intérêts personnels vont à l'encontre de l'intérêt de l'éleve, les rabbanim iront dans l'intérêt de l'élève quitte à aller contre leurs propres intérêts ?
Je vous pose la même question sur le chirurgien ou le garagiste.
Probablement que chacun suivra son intérêt personnel.
C’est que j’écrivais plus haut, car ça dépend de l’honnêteté du rav. C’est un des cinq points cités.