Si la troisième syllabe de votre pseudonyme est aussi votre patronyme, vous n'êtes certainement pas concernée par cette habitude, car elle est purement sfarade.
Le Rambam (Issourei Bia §XXI, 17) impose aux jeunes filles aussi de se couvrir les cheveux.
Cela veut dire qu'une jeune fille serait tenue de se couvrir les cheveux autant qu'une femme mariée, pas uniquement pendant la prière.
Le Shoul'han Aroukh (E"H §XXI, 2) le suit et écrit donc que cela concerne la mariée comme la célibataire.
L'ennui, c'est qu'il y a une idée répandue chez les rishonim selon laquelle une jeune fille n'aurait pas besoin de se couvrir les cheveux (voir Méiri et Rosh Brakhot 24a, Tosfot nedarim 30b et beaucoup d'autres) et que cette idée est retenue dans la halakha par... le Shoul'han Aroukh (O"H §75, 2) lui-même!
Il se contredit donc sur ce point.
Pour expliquer cette contradiction, nous trouvons différentes approches chez les A'haronim:
il y a la réponse classique du Ba'h, du Prisha, du 'Helkat Me'hokek et du Beth Shmouel (les deux derniers ad loc. sur le Shoul'han Aroukh et les deux premiers sur le Tour E"H §XXI) selon laquelle, on ne parlerait que d'une célibataire qui aurait déjà été mariée (et donc veuve ou divorcée), mais une jeune fille qui ne se serait jamais mariée n'aurait pas à se couvrir les cheveux.
Il y a aussi la réponse dite du Maguen Avraham (O"H §75, sk.3) qui préfère expliquer que ce que le Shoul'han Aroukh interdit à la jeune fille c'est [de sortir avec] les cheveux détachés (non noués), mais elle n'aurait pas besoin de les couvrir.
D'autres encore veulent expliquer que l'interdit visant la jeune fille célibataire ne s'appliquerait qu'en extérieur, dans la rue.
Il faut savoir que la coutume des juifs yéménites est que les petites filles se couvrent les cheveux, dès l'âge de trois ans (comme ce qui semble être dit dans la Rambam).
Je le sais parce que je les ai vues, lorsque j'habitais encore aux Etats-Unis, à Lakewood, N.J., toute une famille yéménite y vivait et les petites filles portaient le foulard elles aussi (ils sont arrivés aux USA vers 1996, directement du Yémen, sans parler l'anglais et ont certainement été très déroutés par tout ce qu'ils ont découvert en Amérique). Mais s'il faut une source écrite, j'indiquerais le Even Sapir (I, daf 60a).
Les tunisiennes (et plus particulièrement à Djerba) se couvrent la tête pour prononcer une prière ou une bénédiction ou encore aller à la synagogue (dès l'âge de 12 ans), voir Shout Ish Matslia'h (O"H §XXIV), car même s'il n'y avait pas d'obligation de se couvrir les cheveux avant le mariage, les filles sont tenues de se couvrir la tête au même titre que les garçons au moins lorsqu'elles font la prière ou vont à la synagogue.
Voir Klal Haolé de Rabbi Méir Mazouz (sur ce siman).
C'était aussi l'habitude au Maroc (cf. Ish Matslia'h O"H §XXIV) et dans d'autres pays sfarades.
A part quelques uns qui semblent moins rigoureux comme le Ben Ish 'Haï (II, Shmini §19) (il vivait en Irak) qui se contente de recommander sans imposer.
Mais plusieurs autres se montrent déterminés, comme le 'Hessed Laalafim (§II, 8) (§206, 4).
Le Rav Ovadia Yossef (Yabia Omer VI, o"h §XV) aussi se montre rigoureux sur ce point et indique qu'une jeune fille doit se couvrir la tête pour la prière (Amida) et pour le Birkat Hamazon (au moins).
Il y a aussi des rabanim sfarades permissifs (Mishpetei Ouziel E"H §94 et d'autres).
Par contre chez les ashkenazim, la coutume répandue est que les jeunes filles qui n'ont jamais été mariées n'ont pas besoin de se couvrir les cheveux ni même la tête et ce, même lors des prières.
Certaines suivent le Maguen Avraham et ne sortent pas dans la rue sans s'attacher les cheveux. Mais elles prient nue-tête.
Il faut comprendre que ce n'est pas un hasard si c'est plutôt dans les pays sfarades que les rabanim trouvent nécessaire que les jeunes filles se couvrent les cheveux, car les non-juives locales en faisaient autant...
Donc dans votre cas, comme vous semblez être ashkenaze, vous n'êtes pas tenue par cette pratique.
Dans la théorie rien ne vous empêche de l'adopter, mais il n'est pas bon de se distinguer du tsibour dans lequel on évolue.
Si toutes les jeunes filles de la synagogue où vous allez se couvrent la tête, vous pouvez les imiter, mais si ce n'est pas le cas, il ne vaut mieux pas vous distinguer ainsi.
Généralement en France, les inconditionnel[le]s de Rav Ovadia Yossef oublient de l'être lorsqu'il interdit certaines choses ou imposent des mesures de rigueur (il le fait essentiellement dans les domaines qui concernent les femmes et la pudeur), ce qui fait que je ne crois pas qu'il y ait en France une synagogue où toutes les jeunes filles se couvrent la tête.
Il y a donc bien mieux à faire pour se rapprocher de D.ieu que de se lancer dans cette habitude non respectée par vos voisines et de surcroît étrangère à vos coutumes.