La tradition juive propose de nombreux critères pour définir quand devra venir le Machia‘h :
Voici quelques-uns de ceux énumérés par la Guemara (Sanhédrin 97b et suivants) :
Rav a enseigné : Toutes les dates [qui ont été calculées pour la venue du Messie] sont passées, et la chose ne dépend que de notre repentir et de nos bonnes actions. Tandis que Chemouel a enseigné : C’est bien assez pour un homme en deuil de s’en tenir à son deuil (Seconde explication de Rachi : Les souffrances de l’exil suffisent à Israël pour lui valoir sa libération, même s’il ne fait pas pénitence).
Même débat chez les Tannaïm : Rabbi Eliezer a enseigné : Si Israël fait pénitence, il sera libéré, et sinon il ne sera pas libéré. Rabbi Yehochou‘a a dit en revanche : [Il est exact que] s’il ne fait pas pénitence il ne sera pas libéré, mais alors le Saint béni soit-Il leur suscitera un roi dont les décrets seront aussi cruels que ceux de Haman, et Israël finira par faire pénitence, et [Hachem] l’aura ainsi ramené dans la voie du bien […]
Rabbi ‘Hanina a enseigné : le fils de David ne viendra que lorsque la misère sera si grande qu’on aura besoin d’un poisson pour un malade et qu’on n’en trouvera pas, ainsi qu’il est dit d’une part : « Alors J’abaisserai le niveau de leurs eaux, et leurs rivières J’en rendrai leur cours [gelé] comme de l’huile » (Ezéchiel 32, 14), et cet autre texte : Ce jour-là, Je ferai pousser la corne [la puissance] de la maison d’Israël » (ibid. 29, 21).
Rabbi ‘Hama fils de ‘Hanina a enseigné : Le fils de David ne viendra que lorsque les puissances les plus modestes auront cessé de peser sur Israël (Rachi : Ou bien lorsqu’Israël ne jouira plus même du moindre pouvoir), ainsi qu’il est dit : « Il coupera jusqu’aux toutes petites branches avec des serpes » (Isaïe 18, 5), et plus loin : « En ce temps-là des présents seront envoyés à Hachem Tsevaoth de la part d’un peuple déchiré et écorché (ibid. 7). […]
Rabbi Simlaï a enseigné au nom de Rabbi Él‘azar fils de Rabbi Chim‘on : Le fils de David ne viendra pas avant que n’aient disparu d’Israël tous les [mauvais] juges et magistrats, ainsi qu’il est dit : « Je ramènerai Ma main sur toi et Je purifierai tes mauvais alliages comme le fait la soude … et Je te rendrai tes juges comme ceux d’autrefois » (Isaïe 1, 25-26).
‘Oula a enseigné : Jérusalem ne sera rachetée que par la justice, ainsi qu’il est dit : « Sion sera rachetée par l’équité et ses habitants par la justice » (ibid. 27).
[…]
Rabbi Yo’hanan a enseigné : Le fils de David ne viendra que lors d’une génération qui sera soit entièrement méritante, soit entièrement coupable.
Rabbi Yehochou‘a fils de Lévi a rencontré le prophète Élie qui se tenait à l’entrée de la grotte où était inhumé Rabbi Chim‘on bar Yo‘haï. Il lui a demandé : Est-ce que je viendrai [recevoir ma part] au monde futur ?
Il lui a répondu : Si le Maître ici présent le veut bien.
Rabbi Yehochou‘a fils de Lévi lui a dit : Je ne vois que deux personnes [toi et moi], et j’entends [en effet] la voix d’un troisième. Et il lui a demandé [au prophète Elie] : Quand viendra le Messie ? Réponse : Va le lui demander à lui-même. – Mais où se tient-il ? – A l’entrée de la ville [de Rome] – Et à quel signe [le reconnaîtrai-je] ? – Il est assis au milieu de malheureux affectés de toutes sortes de plaies.
Tous les autres défont et refont tous [leurs pansements] d’un seul coup. Lui en défait et en refait un seul [l’un après l’autre], parce qu’il se dit : Si [le moment arrive où] j’aurai besoin [d’aller apporter la libération messianique], il ne faut pas que je sois retardé [à avoir à refaire tous mes pansements].
Il est donc allé le trouver, il lui a dit : Paix à toi, mon maître qui me donne l’enseignement.
Il lui a répondu : Paix à toi, fils de Lévi.
Il lui a demandé : Quand viendrez-vous ?
Réponse : Aujourd’hui.
Il s’en est retourné alors auprès du prophète Elie, qui lui a demandé : Que t’a-t-il dit ?
Paix à toi, fils de Lévi, lui a-t-il répondu.
Il lui a dit alors : En ce cas, tu peux considérer qu’il t’a assuré à toi-même et à ton père que vous aurez part [tous les deux] au monde futur.
Le maître lui a répliqué : Il m’a pourtant bel et bien menti [par ailleurs] puisqu’il m’a dit [aussi] : « Je viendrai aujourd’hui », et il n’est pas venu !
L’autre lui a répondu : [Tu n’as pas compris !] Voici ce qu’il a voulu dire : « Aujourd’hui si et à condition que vous écoutiez Sa voix » (Psaumes 105, 7).