Question un peu compliquée peut-être

Bonjour,

suite à l'étude du second verset de la Genèse d'après le commentaire du Ramban, je suis arrivé aux conclusions suivantes:

1. Ce que les Grecs appellent hyle et la langue sainte tohu,nous l'appellerions "rien" (au sens latin du terme, pas "nihil", mais "res, rem, rei" = la chose) car ce rien n'a pas de forme, pas de substance, il est en vérité à peine différent du néant, mais c'est de ce rien que tout sort.
En effet, lorsque le juste ou l'impie "tohe barishonot" (cf. Kiddouchin 40b), il en reste toujours quelque chose, une trace quasi-inexistante, mais une trace tout de même: il reste au moins le souvenir de ses actes passés

2. Dieu est le Seul à savoir créer (livro), mais aussi le Seul à savoir anéantir. Le vide, ce n'est pas le néant, puisqu'il y a l'espace. Le néant absolu, Seul Dieu en est capable.

3. Les trois stades de la création, beria (création), yetsira (formation), assia (mise en fonction) ont leurs contreparties dans l'annihilation: diversion (détournement) de la fonction, destruction, anéantissement

4. Des créatures, l'homme est seul capable de créer, ou de détruire (ce n'est pas un singe qui aurait construit le WTC, ce n'est pas un dinosaure qui l'aurait détruit!).
Cependant, n'étant pas Dieu, mais à Son image (de même qu'une image de sphère, c'est-à-dire un disque, n'est pas une sphère), l'homme ne sait que former ou donner une fonction, de même ne sait-il que pervertir ou détruire, mais même aux heures les plus sombres, même lors de l'exil à Babylone, le prophète Jérémie dit que la terre est retournée au tohu-bohu, et non au néant. Parce qu'encore une fois, l'homme ne sait ni créer ni anéantir. Du WTC, parti en tohu, il reste des poussières, un souvenir, il ne reste presque rien, mais il reste quelque chose

5. On dit que chaque chose n'a qu'un temps, et que tout retourne au tohu. C'est vrai, mais ce que Dieu a créé, la lumière, le firmament entre les eaux, le sol, les plantes, etc., en dépit des aléas, des extinctions d'espèces massives, etc., est toujours là. Et bien qu'inconcevable pour l'homme, c'est immuable, tant que Dieu le veut!

6. Enfin (et ceci me ramène aux sentiments de Dieu), je crois que Dieu possède des sentiments, ou plutôt que nous, qui sommes à Son image, exprimons un pâle reflet, que nous appelons "sentiments", de quelque chose que Dieu exprime. Mais quant à penser à ce qu'est ce niveau supérieur aux sentiments, c'est TOTALEMENT hors de notre portée

Et ma question est : que pensent des rabbanim et talmidei hakhamim de ces échafaudages?

Pourim samea'h et cordial Shalom

Les trois premiers versets de la Tora établissent un ordre chronologique dans la Création :
– Le ciel et la terre
– Le tohou wa-vohou
– La lumière.
Lorsque Hachem a ordonné que la lumière fût, le tohou wa-vohou existait déjà, et à celui-ci ont préexisté le ciel et la terre.
On peut en tirer deux conclusions :
1. Le tohou wa-vohou n’était pas un néant, puisqu’il a été précédé par ciel et la terre. La création ex nihilo n’a pu s’appliquer, par conséquent, ni au tohou wa-vohou, ni à plus forte raison à la lumière.
2. La lumière a été créée à partir d’un préexistant, le tohou wa-vohou. Beaucoup de penseurs en ont déduit un appui donné par la Tora à la théorie einsteinienne de e = mc2, c’est-à-dire à l’équivalence de la lumière et de la matière, la lumière étant une forme de matière, et la matière de l’énergie concentrée.
D’où il suit que la théorie du « big bang », c’est-à-dire de l’explosion de la matière primitive qui a donné lieu à la naissance de l’univers, n’est peut-être pas incompatible avec l’enseignement de la Tora.

Je vous remercie pour la réponse, mais elle ne répond pas vraiment à la question

Permettez-moi tout d'abord de vous faire remarquer que le texte porte :"Au commencement créa El' les cieux et la terre ET LA TERRE ETAIT (ou, "en Français moins littéral, "laquelle terre était") tohu-bohu. Si l'on en croit l'opinion de Rabbi Shim'on bar Yohaï rapportée dans Bereshit Rabba, terre et cieux furent créés en même temps.
Ma conclusion de ce qui précède serait donc que le tohu(-bohu) fut, avec les cieux, la première création.

Ensuite, je ne dis pas que le tohu est le néant, je dis qu'il s'en rapproche. Ainsi que l'explique le Ramban dans son interprétation du midrash "be-reshit/bishvil reshit" choisi par Rachi, le reshit est comme la trouma, en ce qu'il n'a pas de mesure. Le néant, c'est le zéro absolu (pas au sens kelvinien du terme, bien entendu!), l'afissa mou'hletet , chose inconcevable pour l'homme, car même le vide n'est pas le néant. Le tohu, c'est le "rien", le "quelque chose indéfinissable, mais dont on peut dire qu'il n'est plus le néant". Dans mon optique, "rien" et "néant" ne sont donc pas synonymes.

Je connais aussi ce parallèle entre Bereshit Bara et Big Bang, mais je vous avoue n'y attacher qu'une importance relative. Vous connaissez mon argument, la science est relative et changeante, la Tora est absolue et immuable.

Mes préoccupations sont plutôt d'ordre "moral" : Dieu crée, Dieu annihile, Lui Seul. Lorsque l'homme pervertit ou détruit, il en reste toujours quelque chose. Par ailleurs, les créations de l'homme, qui ne sont pas du domaine de la beria, sont périssables et muables. Depuis que Dieu créa les cieux et la terre, ils restèrent cieux et terre.

Pourriez-vous donc SVP réexaminer ma question à la lumière de ces objections?
Merci d'avance!

Il résulte implicitement de ma réponse que je partage globalement votre point de vue sur la notion de tohou wa-vohou et sur sa place dans le processus de la Création, sous cette réserve qu’il n’a été, à mon avis, ni un « rien », ni un « néant ».
Quant à vos préoccupations dont vous indiquez qu’elles sont « plutôt d’ordre moral », elles n’appellent aucune remarque de ma part.