A
Hillel Rebibo :
Citation:
J'ai entendu une fois un rav m'expliquer que si le Monde juif religieux avait soutenu le projet sioniste de l'époque, et ét-ait monter en Israël, la Shoah n'aurai pas eu lieu, ou alors n'aurai pas eu la triste ampleur qu'on lui connaît. De manière historique cette idée semble vrai : pourquoi Hitler serait parti tuer des juifs en Israël, un territoire sous protectorat anglais ?
Ça se discute.
C’était un "fou furieux", s’il avait pu, il aurait exercé son art maléfique en Palestine aussi, le fait que ce soit sous protectorat anglais n’était pas de nature à l’arrêter, vous le devinez, il suffit de voir les bombardements sur l’Angleterre.
Citation:
Les sages de l'époque se sont -ils trompés ?
Pourquoi ces derniers se sont opposés au mouvement sioniste
Cela n’est pas lié au niveau de l’erreur.
Je veux dire que ces sages qui ont considéré qu’il ne fallait PAS suivre le mouvement sioniste avaient de très bonnes raisons à cela, si par la suite, cela a indirectement contribué à offrir plus de sacrifices aux nazis, ce n’est pas une preuve que ces sages auraient eu tort.
Imaginons par exemple s’il y avait eu une possibilité de quitter l’Europe pour l’Argentine en 1920, mais que la condition à cela (pour obtenir le passeport) aurait été de s’engager d’arrêter d’éduquer les enfants dans le respect du Shabbat.
Les juifs voulant quitter l’Europe pour l’Argentine auraient dû signer un engagement solennel ou jurer qu’ils n’éduqueraient pas leurs enfants dans le respect du Shabbat.
Imaginons encore que des juifs auraient choisi d’y aller malgré tout, et d’autres auraient demandé à des rabbanim ce qu’ils devaient faire.
Les Rabbanim leur auraient logiquement répondu de ne PAS y aller.
Vingt ans plus tard, les nazis débarquent et tuent ceux qui sont restés.
Est-ce une preuve que les rabbanim avaient tort de dire de ne pas aller en Argentine au prix du Shabbat ?
Non, ils avaient raison et ne pouvaient pas deviner ce qui allait se passer dans vingt ans.
(Sauf pour ceux qui de nos jours professent que les rabbanim sont des prophètes, voir ce que j’ai écrit ici : https://www.techouvot.com/un_gadol_toujours_infaillible-vp53687.html?highlight= C’est un des effets pervers et un revers de la médaille de cette « Shita ». Ceux qui attribuent ce pouvoir aux Rabbanim, les condamnent paradoxalement pour leur responsabilité dans la mort de milliers de personnes.)
Eh bien c’est pareil pour Israël (ou les USA).
Il ne fallait certes pas s’engager à mettre Shabbat de côté, mais les Rabbanim craignaient que ce soit ce qui allait se passer.
Difficile de dire qu’ils aient eu tort à propos de cette crainte, regardez la jeunesse juive (des USA et) d’Israël dans les années 1930-40, ce n’était pas brillant sur le plan religieux.
(Il y avait des religieux chez les JEUNES israéliens en 1930, mais bien peu et ils étaient surtout les enfants des juifs qui ont PRECEDE le sionisme, les enfants de ceux qui sont venus à l’initiative des sionistes étaient rarement pieux, ou en tout cas souvent bien moins que leurs parents.)
On ne peut pas prouver par les nazis que ces rabbanim ont eu tort.
Cependant, je ne viens pas dire qu’il n’y ait eu aucun tort dans le clan rabbinique.
Après 1933 et surtout en 1938, certains Rabbanim ont vu -au bout d’un moment- qu’il devenait trop dangereux de rester en Europe et ont encouragé leurs disciples à fuir là où ils le pourraient, que ce soit vers l’Amérique ou la Palestine ou ailleurs, car le danger était trop évident en Europe.
Alors que dans le même temps, d’autres rabbanim décourageaient encore les départs, toujours à cause des craintes religieuses citées plus haut.
Au sujet de ces derniers, nous pouvons parler d’erreur -et même d’erreur fatale.
Mais pas au sujet des rabbanim qui décourageaient les juifs de suivre les sionistes en Palestine dans les années 1910-20.
Il y a eu aussi des rabbanim qui, même en 1910, encourageaient la Aliya, en espérant justement que le contingent pratiquant prenne le dessus sur les sionistes anti-Torah en Palestine.
C’est un autre sujet de discussion, entre les rabbins pour et contre le sionisme.
Mais parmi les rabbanim opposés au sionisme, il faut distinguer une opposition jusqu’en 1940, d’une opposition en 1920.
Citation:
Pourquoi ces derniers se sont opposés au mouvement sioniste
L’opposition au sionisme était basée, comme dit plus haut, sur la crainte d’un abandon partiel ou total de la pratique juive.
Habiter en Israël n’a de sens que pour y pratiquer la Torah, mais y habiter en rejetant la Torah est considéré comme gravissime dans la tradition.
Celui qui se trouve dans le palais du roi se doit d’être encore plus respectueux du roi.
Hélas le sionisme était dirigé et organisé par des juifs parfois Apikorsim et anti-Torah.
Herzl lui-même n’avait plus grand-chose de juif dans sa vie quotidienne, même Yom Kippour ou Pessa’h avait disparus de sa vie.
Eliezer Ben Yehouda organisait un repas en invitant des convives à manger, en plein air, en Erets Israël, en plein Yom Kippour !
Le Kibboutz était souvent un moyen d’éliminer les moindres traces de judaïsme des juifs arrivés en Palestine. Et j’en passe…
Comment voulez-vous que des rabbins cautionnent tout cela ?
Il ne faut pas imaginer la Palestine du début du XXème siècle comme Israël du début du XXIème siècle ; avec la Shoah, des religieux et plus tard des rescapés sont venus et ont créé des Yeshivot, ils étaient en terrain hostile mais tous avaient intérêt à s’arranger, des rabbins comme le Rav Kook, le ‘Hazon Ish, et d’autres, ont œuvré en ce sens et finalement, la vie religieuse qui était très minoritaire est passée de « tolérée » à « acceptée ».
Aujourd’hui, avec le mouvement mondial de Tshouva des années 70-80, qui s’est encore amplifié par la suite, et avec le taux de natalité élevé des familles religieuses en Israël, et avec l’arrivée des Sfaradim dans les années 50, les rangs des religieux (ou disons des pratiquants) se sont considérablement élargis.
Les religieux israéliens ont gardé le réflexe de se considérer toujours maltraités et voir dans chaque décision de l’Etat une atteinte à leur liberté/foi etc., mais c’est parfois vraiment exagéré.
Ces vieux réflexes ont été hérités justement de ces années où il n’était pas « facile » d’être religieux en Israël, mais à partir de la seconde moitié du XXème siècle, avec l’arrivée des rescapés d’Europe et des Sfaradim du Maghreb, puis la création de nombreuses yeshivot, les choses ont commencé à changer positivement.
Le sujet du sionisme dans la religion est toujours très délicat, tant les positions sont distantes.
Les juifs français ont été éduqué avec le sionisme et il leur est plus difficile d’en voir les faces sombres.
D’autres argumentent qu’étant donné que l’Etat est laïque, il n’y aurait pas de Mitsva d’habiter en Israël.
Je ne sais pas d’où ça leur vient.
Qui a dit que si l’Etat est laïque la mitsva disparait ? L’enjeu n’est pas l’Etat, mais la vie que l’on va y mener.
Si l’on va y mener une vie plus spirituelle qu’en ‘houts Laarets, quand bien même l’Etat serait laïque et anti-Torah, ça reste préférable à ‘Houts Laarets.
Mais s’il s’agit d’aller en Israël pour s’éloigner de D.ieu, c’est hors de question.
Sur le plan purement halakhique, j’en ai parlé dans un shiour ici :
https://www.centre-alef.fr/4196/
Il y a aussi des discussions sur 4 pages ici :
https://www.techouvot.com/shiour_de_b_wattenberg_fautil_habiter_en_israel-vt17480.html
PS: je ne me relis pas, désolé pour les fautes.