Citation:
J'ai le sentiment que les relations entre juifs-ves sont assez tendues notamment à travers les différents mouvements: orthodoxe, libéral, massorti... Il y a beaucoup de conflits internes, est-ce réellement sain ?
J'ai lu quelque part qu'il est ridicule de s'entretuer dans la mesure où le peuple juif est la plus persécuté au monde et cela, depuis des siècles. Ma question est là suivante: pourquoi toutes ses critiques adressées aux autres mouvements ? Par exemple, il peut être très violent de dire qu'une personne n'est pas réellement juive car elle vit différemment la Torah. En effet, les non-juifs se chargent très bien de critiquer, déshumaniser, rabaisser le peuple juif, pourquoi tous ces conflits internes ont-ils lieu puisqu'ils ne font qu'affaiblir ce lien d'union et d'appartenance à une histoire commune ? Certes, les divergences peuvent être saines mais ici, elles semblent sans cesse se manifester lors de batailles rangées et à mon avis, elles peuvent affaiblir la communauté juive dans son entièreté. Sans prendre part aux débats, ni me positionner en faveur de, je me pose réellement ces questions.
Excusez-moi pour ce message qui peut paraître assez brouillon.
A ma connaissance, les relations entre ces différents groupes ne sont pas tendues.
Je dirais seulement qu’elles sont très légères -pour ne pas dire inexistantes.
Lorsque vous parlez de « s’entretuer », je ne vois pas du tout qui vous a raconté cela.
A moins que vous ne parliez d’Israël, car là-bas, il y a récemment eu des tensions entres réformés et orthodoxes.
Les réformés (ou libéraux/…) souhaitaient pouvoir pratiquer « leur culte » sur l’esplanade devant le Kotel, c-à-d que des femmes puissent s’y vêtir de Talit et Tfilines et faire la Kriat Hatorah (et je suppose aussi qu’il s’agit de le faire SANS Me’hitsa, c-à-d en mêlant les hommes et les femmes, il s’agirait donc de créer une nouvelle séparation en plus de la partie hommes, la partie femmes , une partie mixte où les femmes mettraient les tfilines et feraient la kriat hatorah).
Je ne suis pas au courant avec précision de l’histoire ni des revendications, j’ai juste entendu qu’il y avait eu des manifestations de juifs réformés arguant qu’ils ne voient pas pourquoi le Kotel serait réservé aux courant traditionnel qui interdit les mélanges hommes-femmes dans les lieux de prière et qui réserve le port des Tfilines aux seuls hommes.
Bref, ils demandent à avoir le droit de pratiquer le culte réformé devant le Kotel Hamaaravi.
Je ne sais pas où ça en est et n'ai pas eu d'informations de sources fiables, il y aurait eu des violences physiques (et c'est déplorable), il doit aussi y avoir des tensions politiques derrière tout ça, je préfère donc ne pas m'en faire une opinion.
Toutefois, je n’arrive pas à me retenir de souligner un point :
Le mouvement réformé a commencé par réformer les prières, abandonner l’hébreu pour les dire en allemand
(car le centre mondial de la Réforme, à ses débuts, était en Allemagne) et ils ont supprimé et éradiqué toute trace des nombreux passages de notre rituel (
Sidour) mentionnant la terre d’Israël, le Beit Hamikdash, les Korbanot, le retour à Sion, le messie, ainsi que tout ce qui n’était plus d’actualité selon eux et tout ce dont ils estimaient nécessaire de se détacher dans leur philosophie de réforme du judaïsme.
Comment ce mouvement qui parlait d’Israël comme d’une «
grand-mère âgée et décédée qu’il convient d’enterrer décemment et d’oublier », ce mouvement qui a effacé de son rituel de prière les passages se référant au Temple de Jérusalem
(que représente le Kotel), comment ce mouvement a le toupet de se dire offusqué de ne pas avoir sa place pour prier proche de l’emplacement du Temple qu’ils ont voulu effacer des mémoires juives ?
Comment exiger une place sur cette esplanade lorsqu’on a tout fait pour mépriser ce Temple ?
Comment réclamer un droit à la prière en Israël lorsqu’on a lutté pour effacer son souvenir d’un peuple qui le mentionnait trois fois par jour (et même plus) en dépit de 17 siècles d’exil ?
Le peuple juif reste bienveillant et accepte ces juifs réformés en son sein, les accueille même en Israël et leur offre aussi la possibilité de prier devant le Kotel qu’ils ont tant méprisé et humilié depuis deux siècles -mais en respectant les traditions juives qui ont maintenu dans l’esprit et le cœur des juifs l’espoir de pouvoir prier devant le Kotel !
Le Beit Hamikdash a toujours été vu par les juifs comme une maison de prière ouverte à tous les peuples, un non-juif y est aussi admis pour venir y prier, même s’il est chrétien.
Mais le non-juif chrétien comprend de lui-même qu’il n’a pas à pratiquer son culte publiquement en cet endroit.
Si l’on accepte les chrétiens, il est évident qu’on acceptera -et à plus forte raison- nos frères juifs réformés, mais ceux qui viennent prier au Kotel se doivent de respecter le culte que le Kotel "représente", le culte qui lui a été fidèle et a maintenu sa mémoire parmi les humains, à savoir, le judaïsme traditionnel, ce qui exclut le judaïsme réformé qui ne s’est jamais reconnu dans ce kotel et qui a toujours repoussé son souvenir et effacé l’attachement de leurs ancêtres à ce Kotel.
Il n’a jamais été question d’exclure des juifs du Kotel pour leur pratique religieuse, vous verrez tous les jours au Kotel des juifs ultra-orthodoxes de type Méa Shearim, des juifs mizra’histes (sionistes religieux), des orthodoxes plus modernes, des juifs traditionnels sans trop pratiquer, des juifs non-pratiquants, des juifs de toutes les couleurs et de tous les partis politiques, et vous y verrez aussi des non-juifs, croyants ou non.
Mais tous respectent le lieu et ce qu’il représente pour ceux qui y sont restés attachés durant ces siècles depuis la destruction de Jérusalem.
Si un juif réformé souhaite venir prier au Kotel selon l’usage réformé, en français ou en allemand
(ou en japonais) et même en y supprimant toute idée de retour à Sion, toute allusion au Beit Hamikdash et au Kotel, qu’il le fasse tant qu’il ne perturbe pas publiquement l’usage propre au lieu.
Mais venir imposer/manifester publiquement son culte alors que ce culte s’est distingué justement par l’aliénation du Kotel, du Temple et de Jérusalem, c’est indécent et incorrect.
En dehors de cette tension qui a eu lieu en Israël, je ne connais pas -en France- de tensions tel que vous en parlez, où des juifs en viendraient presque à « s’entretuer » (même en comprenant que le terme était exagéré).
Les juifs traditionnels ne cherchent pas à entretenir une relation « religieuse » avec les juifs réformés, je crois savoir que la réciproque est aussi vraie, mais pourtant, des deux côtés, nous constaterons un respect et une courtoisie exemplaires.
A moins que vous soyez au fait de vives « batailles rangées » dont j’ignore l’existence, je ne vois pas de quoi vous voulez parler.
Vous demandez :
Citation:
pourquoi tous ces conflits internes ont-ils lieu puisqu'ils ne font qu'affaiblir ce lien d'union et d'appartenance à une histoire commune ?
Je ne crois pas que les juifs pratiquants/traditionnels se comportent avec les juifs réformés autrement qu’avec des juifs athées ou des juifs ayant abandonnés la pratique des Mitsvot.
Ils les respectent en tant qu’êtres humains, mais que voudriez-vous qu’ils partagent au niveau de la religion qui n’a plus grand-chose de commun ?
Les réformés ont -comme cette appellation l’indique, réformé le judaïsme, leur religion ne correspond plus vraiment à la nôtre -qui était celle de leurs ancêtres comme des nôtres.
A partir de là, on peut échanger sur des tas de choses communes, comme les problèmes liés à l’antisémitisme qui nous concerne presque au même point, mais pour ce qui est de la pratique religieuse, nous ne partageons pas les mêmes Mitsvot -hélas !
On peut parfois partager des valeurs communes et on le fait à petite dose, comme on le fait avec les musulmans avec qui nous partageons aussi des valeurs communes.
Les réformés sont nos frères juifs, mais pour ce qui est de partager sur la pratique religieuse, il n’y a pas vraiment matière qui s’y prête.
Par contre, lorsqu’il s’agît de partager un point parfaitement commun
(comme l’antisémitisme et ses dangers), je crois savoir que ça se fait et les juifs traditionnels ne verront pas de souci à partager des idées pour le bien de tous.
Mais parler des Mitsvot avec les juifs réformés ne présente pas vraiment d’intérêt
(si ce n’est dans le cadre d’une disputation, pour ceux que ça intéresse). Du moins, pas beaucoup plus que de parler des mitsvot avec un éventuel mouvement juif athée, où l'on considérera que la judéité de ses membres n’est pas un élément portant à conséquence pour échanger sur les Mitsvot, c’est plutôt la pratique et les bases communes que sont la Torah (écrite) et le Talmud qui nous lient entre juifs traditionnels.
Un mouvement (juif ou non-juif) reconnaissant la Torah mais pas le Talmud s’exclut ipso facto de la tradition juive classique à laquelle étaient attachés tous nos grands-parents ainsi que les leurs, débattre des mitsvot avec les adeptes d’un tel mouvement ne peut avoir d’intérêt que dans la volonté de mener une disputation
(ceci étant dit, il doit certainement y avoir des gens intéressés par cela et ils doivent le faire, même s’ils ne vous en ont pas mis au courant).
Mais peut-être que j'ignore simplement les vives tensions qui s'exprimeraient quotidiennement entre juifs réformés et traditionalistes?
PS: je ne me relis pas et formule le souhait de bénéficier de l'indulgence du lectorat pour les fautes.