Citation:
les avot et les chévatim et les autres héros de la tora habitaient en asie et en egypte, il se pourrait donc qu’ils avait eut la peau noir, a-t-on des informations sur leur couleur de peau, est’on sur qu’ils étaient blanc ?
Même s’il y a de nos jours des Juifs Noirs, les ancêtres du peuple juif ne semblent pas avoir été Noirs.
Il y a effectivement quelques sources dans la littérature rabbinique qui laissent entendre que les Avot et autres héros de la Torah n’étaient pas Noirs.
A propos de Sarah, lorsque son mari, par crainte, lui demande de dire qu’ils sont frère et sœur
(Bereshit 12,11), on comprend de ce qu’en disent ‘Hazal
(Bereshit Raba 40,4) que Sarah était blanche, voyez aussi
Rashi (Bereshit 12,11).
(Et si Avraham se faisait passer pour son frère, on l’imagine mal Noir.)
Par rapport aux trois autres matriarches, Rivka, Ra’hel et Léa, on trouve au sujet de Lavan (qui était le frère de Rivka et le père de Ra’hel et Léa) qu’il était particulièrement clair de peau.
Le Midrash
(Bereshit Raba 60,7) dit (sur le verset de
Bereshit 24,29 ולרבקה אח ושמו לבן) que son nom «
Lavan » (blanc) doit être compris, d’après Rabbi Its’hak, comme signifiant « פרדוכוס »
(Pridokhous -cf. Jastrow), ce que le
Aroukh (qui a pour version פרדכסוס Pridekhsious) interprète comme voulant dire «
très clair de peau, il était étrange ».
On peut supposer que sa sœur et ses filles ne devaient pas être très foncées non plus.
D’ailleurs, le
Sforno (Bereshit 29,17) écrit que Ra’hel avait le teint rose, et il semble en dire autant sur Rivka
(Bereshit 24,16).
Idem, le
Rashbam (Bereshit 29,17) et le
Radak (ad loc) précisent que Rivka avait le teint rose et clair.
(Et le Radak ajoute aussi qu’elle avait les cheveux noirs -vraisemblablement considéré plus beaux.)
Essav, fils de Rivka, était « rouge » ou roux
(Bereshit 25,25), ce qui est peu probable chez les Noirs.
Idem plus tard à propos du roi David
(Shmouel I, 16,12 et 17,42).
Il y a aussi dans le Midrash
(Routh Raba 3,6) à propos de Naomi l’idée qu’elle avait le teint rouge (=rose).
Et nous voyons dans
Eikha (4,8) que les habitants de Jérusalem avaient le teint rose (voir aussi
Psikta Zoutrata-Lekakh Tov Eikha 4,§2).
Le
Yeroushalmi (Horayot 3,4) parle de l’enfant hiérosolomytain prisonnier à Rome que Rabbi Yehoshoua a vu, qui avait le teint « rouge » et de beaux yeux.
Idem pour le fameux Nazir de Shimon Hatsadik mentionné dans le
Yeroushalmi Nedarim (1,1).
Il y a une interprétation dans le Midrash
Bereshit Raba (98,10) sur le verset : חכלילי עינים מיין, qui dit אלו בני דרום שעיניהם כחלות (
ce sont les habitants du sud qui ont les yeux bleus), ce qui est peu probable chez les Noirs.
Concernant Yossef, nous trouvons dans le Midrash
(Bereshit Raba 86,3) (Yalkout Shimoni §145) que Potiphar (qui a acheté Yossef en tant qu’esclave) s’était fait la réflexion suivante :
בכל מקום גרמני מוכר כושי, וכאן כושי מוכר גרמני, אין זה עבד
"En général, c’est le
Guermani qui vend le
Koushi, et ici c’est l’inverse, c’est donc que ce n’est pas un véritable esclave…"
Koushi est utilisé pour parler d’une personne noire de peau, et Guermani pourrait vouloir dire « Allemand »
(Guermania, Germanie). Etant entendu que Yossef n’avait pas la nationalité allemande, il ne s’agit donc que d’une façon de parler pour désigner une apparence physique. C’est du moins ainsi interprété par le
Midrash Sekhel Tov (Bereshit §39), le
Aroukh (sv. Guerman), le
Tosfot dans
Hadar Zekénim (Bereshit 37,28) et le
Rosh (Bereshit 37,28).
Voir aussi la Mishna
Negaïm (2,1) qui parle de
Guermani (ou selon une autre version גרמוני avec un Vav) qui signifie « blanc de peau », cf.
Bartenora et
Hagahot Hagra. Voir aussi
Tiféret Israel.
Le
Rambam l’explique sans lien avec l’Allemand, Guermoni גרמוני serait à rattacher à גרמא, un os (et l’os est banc). Mais voyez le
Le’hem Shamayim à ce propos.
L’énigmatique incipit du
Tehilim (7,1) qui parle de Koush Ben Yemini (על דברי כוש בן ימיני), fait référence à Shaoul selon la majeure partie des commentateurs classiques (
Rashi, Targoum, Metsoudat David, Radak…).
Le
Ibn Ezra fait exception, s’oppose à l’interprétation du
Radak sans le nommer, et préfère dire que Koush serait ici un nom propre.
Mais nous trouvons dans le commentaire de la Torah de
Rav Shimshon Refael Hirsch (Bamidbar 12,1), qu’il explique ce verset en parlant de Shaoul qui est critiqué pour sa conduite alors qu’on se serait attendu à mieux en fonction de ses origines, et en expliquant pourquoi il est appelé Koush « le Noir ». Et l’on comprend de ses mots que les juifs d’origine n’étaient pas Noirs :
«
Es war dies eine solche moralische Entartung, wie es eine physiologische wäre, wenn von einem jüdischen Stamme ein Neger geboren worden wäre ».
[Je reproduis ici son explication, telle quelle, par ses mots (il a écrit son commentaire en allemand), parce que je ne possède pas la version hébraïque ni française, et aussi parce que ce qu’il écrit, même si ça passait parfaitement il y a 150 ans, ne passerait plus du tout de nos jours -même sans être particulièrement « wokiste ». L’époque était raciste.]
Cependant, d’autres sources viennent relativiser un peu ce qui précède ; nous voyons dans les
Pirkei DeRabbi Eliezer (§24), au sujet des trois fils de Noa’h, que Shem et sa descendance sont «
noirs et jolis », que ‘Ham et sa descendance sont «
noirs comme le corbeau », et Yefet et sa descendance sont «
blancs et beaux ».
Shem étant l’ancêtre des juifs, sa descendance est qualifiée de «
Noire » en regard de Yéfet qui serait plus clair, comme l’explique le
Radal.
(En hébreu, Sha’hor veut aussi dire foncé, pas uniquement « noir », c’est aussi le cas en hébreu moderne. Comme Lavan qui ne veut pas forcément dire « blanc », mais aussi « clair ».)
On retrouve l’appellation « Koushi » pour parler d’une peau foncée, dans le
Midrash Tan’houma (Nasso §7) où le roi des Arabes demande à Rabbi Akiva s’il doit tuer sa femme étant donné qu’il est lui-même Koushi, qu’elle l’est aussi, et pourtant son enfant est blanc.
Le roi des Arabes était probablement Arabe, donc Koushi ne représente pas forcément la nationalité, ni même la couleur noire de peau, mais une peau foncée.
Les juifs seraient donc, à l’origine, entre les Noirs et les Blancs.
Voir aussi le
Tiféret Israel (Negaïm 2,1) qui rattache ces différents teints aux continents sur lesquels les descendants de Shem, ‘Ham et Yéfet se sont respectivement installés ; si Yéfet est au Nord en Europe, ‘Ham au Sud en Afrique, Shem se retrouve un peu entre les deux en Asie.
Ainsi, Rabbi Yo’hanan est défini comme très beau dans
Baba Metsia (84a) et sa peau aurait été (cf.
Rashi) de couleur «
jaune » avec reflets «
rouges ».
La Mishna
(Negaïm 2,1) elle-même cite Rabbi Yishmael qui dit que les juifs sont de couleur אשכרוע
(c’est un bois, possiblement du buis), c-à-d ni noir ni blanc mais entre les deux : « הרי הן כאשכרוע, לא שחורים ולא לבנים, אלא בינוניים ».
Mais tout de même plus proche du blanc selon le
Tiféret Israel (ad loc).
Voir aussi
Yalkout Shimoni (Vayikra §551) et
Sifra (sur Vayikra 13,2).
Rav Aviner (Mikédeem Lebeit El tome 2, §97, p.154 et §98, p.157) comprend de cette Mishna, ledit אשכרוע étant du bois, qu’il s’agit de dire que la couleur de peau des juifs était marron, comme celles des juifs yéménites « foncés ».
Et il saluait la venue des Ethiopiens en Israël qui permettra à long terme de rapprocher le teint des juifs de leur couleur d’origine.
Je ne sais pas pourquoi il faudrait absolument retrouver la couleur d’origine ? Et je doute que ce fût effectivement le cas.
Selon ce qui a été indiqué plus haut, on aura du mal à imaginer les Avot et Shvatim foncés à ce point.
Sa lecture de la Mishna me parait aussi erronée,
Rav Aviner devait penser à l’écorce, mais il se peut que R. Yishmael parlât plutôt du bois, et cela me semble plus logique sans quoi il n’eût guère été nécessaire de faire particulièrement mention du buis (אשכרוע), il aurait été possible de parler de nombreux autres arbres plus fréquents dans le langage des Tanaïm. S’il a parlé du buis c’est probablement pour la teinte de son bois qui est d’un jaune pâle, qui tend au beige.
Il est aussi assez probable que plusieurs teints devaient coexister dès les débuts du klal israel, depuis l’époque des Shvatim, puisque les mariages « mixtes » ont forcément brassé un peu les teints et il n’y avait pas qu’une taille fixe et déterminée de mélanosomes.
Il devait y avoir des « juifs » plus ou moins bronzés, sachant que Moshé Rabénou a épousé une femme Noire
(Bamidbar XII, 1). ‘Hazal ont dit à ce sujet
(Moed Katan 16b) que cela signifie qu’elle avait de bonnes midot, et
Rashi (Bamidbar XII, 1) dit que c’est une manière de parler de sa beauté
(c’est une interprétation personnelle, comme le souligne le Reèm (ad loc), voir aussi Siftei ‘Hakhamim. Rashi trouve cependant certainement une base à son explication à partir du Targoum qui traduit koushit par « belle » -shapirta et Rashi se base certainement sur cette même source pour son commentaire de Souka 53a sv. trei koushaei), ce qui est contesté par le
Ibn Ezra (ad loc) pour qui Tsipora était bien Noire.
Selon le
Rashbam, il ne s’agit pas de Tsipora
(cette dernière étant midianit et non koushit) mais d’une seconde épouse qui était koushit, Noire.
Que ce soit pour le
Rashbam ou pour le
Ibn Ezra, les fils de Moshé devaient être métisses. Et leurs enfants n’étaient probablement pas tout blancs.
Idem pour d’autres convertis qui sont entrés dans le peuple juif au fil des siècles, certains d’entre eux étaient Noirs ou très basanés, et leurs enfants devaient être assez foncés de peau.
Nous avons des sages du Talmud qui étaient Noirs, comme R. Yehouda Indoua, voir
Rashi Kidoushin (22b). Et son fils Rav Shmouel Bar Yehouda serait aussi un converti noir, fils de Rav Yehouda Indoua (d’avant sa conversion), selon
Rabenou Tam dans
Yevamot (101b). Leurs enfants étaient donc métisses etc.
Ainsi, nous avons aussi des juifs éthiopiens qui ont la peau noire, phénomène expliqué par le
Mishné Halakhot (XVII, §12) par leur présence séculaire en Ethiopie, j’aurais tendance à imaginer plus simplement le métissage avec des convertis locaux.
Il est dit dans le
Midrash Agada (Bamidbar 26,40), à propos de ‘Houshim le fils de Dan (fils de Yaakov), qu’il était « noir » "שהיה שחור בגופו". Or, on sait aussi que les « Phalasha » (juifs éthiopiens/Beta Israel) se disent descendants de Dan
(et que Dan n’avait qu’un fils, ‘Houshim, qui était Noir)…
Il se pourrait que Dan (ben Yaakov) ait épousé une femme Noire et que sa descendance, ou une partie d’elle, se soit ultérieurement installée en Ethiopie.
Il y a aussi les « Bnei Moshé », qui se disent juifs, descendants de Moshé Rabénou et Noirs (seule cette troisième assertion est vérifiable).
Si, comme on l’a dit, Moshé était marié à une femme Noire
(que ce soit Tsipora ou une seconde femme), on comprend que ses descendants puissent être Noirs.
C’est ainsi dans tous les peuples, il y a eu des mélanges et mariages mixtes, et même sans cela, souvent les paysans sont plus bronzés et hâlés, tandis que les nobles et les riches étaient plus blancs de peau, voir
Hubert Vautrin, L’observateur en Pologne (Paris 1807, p.288).
[En France aussi, on parle de « sang bleu » pour définir la noblesse, il se dit que c’est en raison de leurs veines bleutées, fait lié à leur teint pâle par manque d’exposition au soleil, ou encore, signe d'hémophilie résultante de l'endogamie qui était très pratiquée chez les nobles.]
On comprend encore du
Sefer Yossef Hamekané (Jér. 1970, §104, p.95) que les juifs d’Europe, au XIIIème siècle, avaient le teint plus sombre que les autres européens.
Idem, on voit du
Sefer Nitsa’hon Yashan (Ramat Gan 1978, p.276) que les juifs d’Europe, au XIVème siècle, avaient majoritairement le teint foncé (plus que les non juifs locaux).
Pour compléter cette réponse qui est déjà assez longue, je vous dirige vers un autre fil où je parle plus de la discrimination et du racisme :
https://www.techouvot.com/viewtopic.php?p=42366#42366
PS: par manque de temps, de force et de disponibilité, je ne peux pas me relire et c'est bien dommage. Veuillez excuser les fautes.