Citation:
Comment expliquer que certains tsadikim de nos jours ont gaD énormément d'argent et qui en utilise énormément de façon personnelle telle qu'avoir d'énorme villa, des voitures très cher etc.
Ca me fait penser au fait qu'il est dit que l'argent au talmid haham lui permet d'être plus influent, il n'y a pas de problème à cela mais pourquoi en utiliser énormément de façon personnelle.
Baba Sale aussi en avait énormément mais une majorité était versé aux institutions toraiques et il ne faisait pas en sorte de l'utiliser pour vivre dans le luxe.
Rav Steinmann aussi aurait pu vivre de telle façon mais ne le faisait pas, même la normalité il ne l'a faisait pas.
Et comment expliquer la guemara qui rapporte qu'un certain rav n'avait qu'un seul habit pour lui et sa femme et que tout le monde lui poser la question pourquoi il n'achèterait pas des habits. Le rav leur a montré des caisses pleines d'argent et leur a dit que si il en profitait alors משלי אני לוקח en quelque sorte que de son olam haba il profitait et donc aurait un salaire moindre la haut.
Le rabbin que vous citez c’est
Rabbi Yehouda dans la Gmara
Nedarim (49b-50a).
En réalité, il se trouve qu’il puisse y avoir différentes approches, si tel Rav sert D.ieu via tel chemin, cela n’implique pas l’absence de voies parallèles.
C’est ce que la Gmara dit dans
Brakhot (10b) :
הרוצה להנות יהנה, כאלישע. ושאינו רוצה להנות אל יהנה, כשמואל הרמתי
Ça c’est en général, mais sur le point que vous mentionnez, j’aurais plutôt tendance à vous dire de vérifier, autrement que par une approche naïve, si ces personnes sont réellement ce qui correspond à ce que l’on doit considérer comme Tsadik/’Hakham.
Le fait d’avoir une grande barbe et un grand chapeau ne suffit pas.
Faire des mimiques bizarres et avoir des comportements étranges, n’indique pas que la personne soit d’une Madréga supérieure.
Les gens s’imaginent souvent que plus le rabbin est bizarre plus c’est un « grand ».
C’est ridicule.
Si déjà, j’aurais opté pour l’inverse. La Gadlout pousse plus à un comportement normal.
Idem par rapport au Psak Halakha, les gens ont tendance à considérer les Psakim les plus étranges/Me’houdashim et les plus Le’houmra, comme étant des preuves de Tsidkout de celui qui les émet.
En réalité, c’est plutôt l’inverse. La Gadlout d’un Possek se joue essentiellement sur le Yosher Hasvara, avoir une Svara Yeshara, une logique et une compréhension saines.
Dans une lettre connue,
Reb ‘Haim de Volozhyn écrit à son petit-fils que plus la Svara est Yeshara, plus le Rav est grand :
העיקר לאחוז בסברא ישרה... שכל גדולי הראשונים והאחרונים ז"ל לא נשתבחו אלא בסברה ישרה, כל הישר בסברא גדול מחברו
Ces valeurs, se raréfiant, commencent à perdre leur statut d’étalon. Heureusement qu’il reste encore quelques Talmidei ‘Hakhamim sur terre qui savent apprécier la Yashrout Hasvara, mais ils se font rares.
Un Rav qu’il convient de souligner pour sa Yashrout Hasvara
(ce qui ne veut pas dire qu’il avait toujours raison, mais que ses raisonnements étaient sains), c’est le
Rav Yehouda Henkin z’’l, il suffit de parcourir son
Shout Bnei Vanim pour s’en rendre compte de manière frappante.
Ce rabbin était plein de bon sens et d’une grande Bekiout.
[C’était un rav sioniste, mais respecté dans le monde ‘Harédi non-sioniste, d’une part car il était le petit-fils du Gadol des USA, le Rav Yossef Eliahou Henkin, et d’autre part et surtout, parce que c’était un Talmid ‘Hakham de premier plan.]
Il est Niftar en décembre 2020, j’avais un contact épistolaire avec lui, hélas seulement durant ses dernières années.
‘Haval al deavdin.
Heureusement qu’il nous a laissé ses responsa.
Ce qu’écrit
Reb ‘Haim de Volozhyn, que tous les grands Rishonim et A’haronim n’ont été loués que pour leur Svara Yeshara, est quelque peu discutable.
Il est indéniable que les Shva’him de certains A’haronim ne sont pas basés sur ce critère.
A son époque déjà, mais beaucoup plus encore par la suite.
Je ne citerais pas l'exemple de
Rav Yaakov Polak car il a justement été critiqué pour son Pilpoul excessif, mais citons le
Rabbi Reb Heshel qui était réputé pour sa ‘Harifout et Lamdanout, ainsi que pour la qualité exceptionnelle de ses Talmidim dont plusieurs Gdolei Israel.
Plus tard encore, qui irait dire que la réputation du
Rogatshover lui venait de sa Svara Yeshara ?
Son atout était sa Bekiout phénoménale et son esprit puissant et ‘Harif, mais pas particulièrement le Yosher Hasvara.
Et j’en passe encore beaucoup.
Même chez les Rishonim, les Shva’him de
Rabénou Tam se basent toujours sur son Koa’h Hapilpoul, pas nécessairement sur l’évidence de sa Svara.
Et nous trouvons dans le Shas les éloges de certains Amoraïm pour leur Bekiout comme
Rav Yossef (Horayot 14a, Brakhot 64a, et Erouvin 30a), et
Rabbi Zeira « ‘Harif Oumakshé » qui est mis en regard de
Raba bar rav Matana qui était « Matoun Oumassik »
(Horayot 14a) (ce qui laisse entendre ce que signifie le ‘Harif Oumakshé).
Ou encore chez les Tanaïm comme
R. Tarfon dont on souligne l’avalanche de sources qu’il pouvait débiter (
Guitin 67a -voir encore d’autres Tanaïm cités dans cette page dont l’éloge n’est pas directement lié à la Svara Yeshara), ou
Rabbi Eliezer qui était comparé à une citerne étanche qui ne perd pas une goutte de son savoir
(Avot II, 8).
Il faut donc comprendre à un autre niveau ce que voulait dire
Reb ‘Haim de Volozhyn, son intention était justement de souligner l’importance de la Svara Yeshara comme étant le critère par excellence
(même s’il est effectivement arrivé que l’on ait pu faire l’éloge d’un Talmid ‘Hakham pour d’autres atouts, et que celui de la Svara Yeshara n’était pas vraiment frappant dans son cas).
C’est-à-dire que la grande Bekiout et la grande ‘Harifout sont des atouts qui resteront largement conditionnés par le Yosher Hasvara.
Une ‘Harifout dépourvue de Yashrout Hasvara, même si elle reste épatante, n’est pas un critère majeur (Cf.
Tosfot Sanhedrin 17a et Erouvin 13b sv. Shéyodéa).
Je viens de me rendre compte que je me suis écarté de votre question initiale, j’y reviens donc :
Il y a beaucoup de gens sur terre qui vivent « dans la Gashmiout », si vous croyez qu’une de ces personnes est un Talmid ‘Hakham, vérifiez d’abord si elle l’est réellement, la majorité des gens « pris pour des talmidei ‘hakhamim » ne le sont pas.
Ensuite, il se peut -mais c’est plus rare- qu’un véritable Talmid ‘Hakham vive dans le luxe sans y être attaché, comme c’était le cas de
Rabbi Yehouda Hanassi (cf. Ktouvot 104a).
Et enfin, il se peut aussi, hélas, parfois, qu’un érudit en Torah s’attache à la Gashmiout et au luxe, ce qui risque assurément de gâter sa Torah (cf.
Shabbat 147b) (mais ça ne veut pas dire qu’il oubliera tous les textes saints en deux jours, et il pourra de toute façon encore donner le change à un Am Haarets).
PS: je ne me relis pas, sorry pour les fautes.
