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…ce que je viens vous demander c’est plutôt de me faire un topo de cette pratique, me dire toutes les sources de cette pratique de se couvrir la tête, et surtout celles qui exigent de se la couvrir entièrement, les différents avis sur la question, les raisons profondes et moins profondes de cette pratique, etc.
Vous ne vous rendez pas compte de ce que vous me demandez. Il faudrait écrire un livre. Ce n’est pas possible sur le site, la longueur des messages est limitée.
Si vous voulez une réponse plus courte, je dirais que l’obligation de se couvrir les cheveux est unanimement acceptée dans les milieux traditionnels. Il y a bien entendu des courants modernes qui s’en passent, mais le judaïsme traditionnel l’impose.
Je comprends le malaise de votre épouse, mais je pense -si je peux me permettre- que vous vous y prenez mal : Si elle souhaite se détacher de la tradition juive, elle n’a pas besoin de consulter un rabbin, ni ce site.
Si elle cherchait seulement à se donner bonne conscience tout en abandonnant cette habitude, elle irait questionner un rabbin « moderne », qui considère qu’il n’est plus nécessaire de continuer ces habitudes archaïques et d’un autre temps.
Je pense donc que si vous posez cette question ici c’est qu’elle ne souhaite pas se détacher de la tradition juive (et de vos familles).
Dans ce cas, si elle aimerait se sentir en phase avec la tradition, il faut qu’elle cherche à en discuter avec des amies qui, elles, sont convaincues de l’importance de cette tradition et la comprennent/ressentent bien et n’y voient aucunement une privation/souffrance.
Mais c’est peut-être aussi le fait qu’elle n’ait pas d’amies de ce type qui fasse qu’elle se sente « déphasée » avec cette tradition du Kissouy…
Il se trouve que nous vivons parmi une majorité de gens qui considèrent que sortir nu-tête n’est pas une Pirtsa de Tsniout.
Mais l’obligation de se couvrir les cheveux reste une obligation MÊME dans une société où ce n’est pas considéré Parouts. Et comme le dit la Gmara
(Ktouvot daf 72a) « Rosha Paroua, Deorayta Hi ».
Se retrouver constamment en environnement « hostile » ne facilite pas la tâche aux femmes qui n’ont pas une conviction personnelle élaborée.
Le même problème se pose aussi par rapport à la Tsniout de manière générale.
La société actuelle admet une certaine Pritsout qui demeure interdite par la halakha.
Ne fréquenter que des amies pour qui il est vital de se promener en short (ou en décolleté), ne peut pas aider à se sentir « en phase » avec nos traditions, forcément.
Il faut donc, à défaut de réflexions poussées et d’un mental d’acier, savoir se faire des amies qui apprécient nos traditions pour s’y maintenir avec plus de plaisir.
Je comprends que votre épouse se trouve plus belle avec ses cheveux, mais elle pourrait aussi certainement se trouver plus belle avec une jupe plus courte, un décolleté plus large, ou autre vêtement considéré non-Tsanoua.
C’est normal, c’est la société qui dicte ses critères et fixe ce qui est beau. Il faut savoir ce que l’on veut, et arriver ainsi à minimiser l’impact qu’a sur nous la société qui nous entoure.
L’option que vous suggérez qui est de passer au Kissouy symbolique, n’est qu’une étape intermédiaire, un ersatz de solution, rien de plus.
Car en réalité, elle ne se trouvera pas assez belle tant qu’elle aura encore un petit chapeau, les cheveux au vent resteront toujours plus attrayants, donc le problème ne sera pas résolu, et le petit chapeau va vite passer à la cave.
Comprenez-moi bien, je ne cherche pas à vous embêter, au contraire.
Mais je ne peux pas vous mentir et vous dire que le chapeau qui laisse sortir les cheveux est suffisant du point de vue de la Halakha pour une femme qui ne se trouve pas belle en perruque/foulard.
Si la Halakha faisait ce type de dérogations, vous pensez bien que ça se saurait et qu’il n’y aurait plus aucune femme en perruque (à part les chauves).
Ce qu’il faut savoir (du point de vue des rabbanim traditionalistes) sur le plan halakhique « brut », c’est que :
-La
Gmara (ktouvot 72a) et les Poskim considèrent comme une obligation le fait se couvrir les cheveux pour une femme qui s’est déjà mariée.
-Min Hatorah, un « Sal » (kalta) (sorte de panier retourné sur la tête, qui laisse voir des cheveux) suffit, mais Miderabanan il a été imposé de tout couvrir.
-Certains poskim tolèrent une bande de 4 cm découverte au-dessus du front, d’autres l’interdisent. Pour le Zohar, même UN cheveu ne doit pas dépasser, c’est l’avis que suivent certains poskim extrémistes.
-L’obligation de se couvrir les cheveux est imposée par la halakha même dans une société où il n’est pas considéré indécent de sortir nu-tête.
A part ça, de nos jours, l'enjeu halakhique est aussi sociétal, le Kissouy est un marqueur capital dans la société juive.
Celle qui l’abandonne se détache officiellement du respect de la tradition, cela ne saurait se faire sans, à la longue, abandonner d’autres points de la Halakha, pour elle ou pour ses enfants.
Comparez l’attachement des enfants aux valeurs et à la pratique religieuses entre les familles où la mère se couvre les cheveux et celles où elle ne se les couvre pas, vous verrez qu’en dépit de certaines exceptions (c’est normal), on constate un rapport direct indéniable, c'est un tout.
Voilà pourquoi je vous parlais plus haut des fréquentations ; une femme qui fréquente des amies pour qui les valeurs de la tradition ne sont pas importantes, se retrouve souvent influencée en cela et souhaite en premier lieu retirer le kissouy, ensuite il y aura d’autres petites adaptations vestimentaires, puis de légers relâchements dans d’autres domaines, soit la Kashrout, ou la Tfila, etc., mais au-delà de tout, le véritable dommage, c'est le détachement mental des valeurs juives et de la Dveikout. Son cœur et ses pensées seront rapidement moins tournées vers l'Eternel et les choses éternelles.
(oui, je sais, il y a des femmes en perruque qui sont de véritables Shiktses dans leur tête, mais relisez-moi mieux, je n'ai pas dit le contraire.)
C’est pourquoi je pense que la première chose à faire, n’est pas nécessairement de rechercher un topo halakhique de tout ce qui a été dit sur le sujet, c’est trop intellectuel et la source du problème ne l’est pas tant que ça (voir pas du tout).
Mais c’est plutôt dans le registre « sentimental » qu’il faut investiguer, parler avec des personnes convaincues qui ne sont pas dérangées du tout par leur kissouy, etc. Se faire de nouvelles amies, etc.
Les relations jouent beaucoup dans ce domaine, les femmes dont les meilleures amies tiennent au Kissouy, ne sont pas tentées de s'en défaire.
Auraient-elles toutes un mental d'acier et une conviction fondée et élaborée au sujet du kissouy?
En devenant amies avec des femmes convaincues, souffriraient-elles toutes subitement d'alopécie -voire déjà de calvitie?
Non, je ne le pense pas.
Certaines ont leurs propres convictions, d'autres se "reposent" beaucoup sur leur entourage, voilà tout.
Et à défaut de motivation personnelle naturelle, il est utile de savoir bénéficier des amies comme d'un starter qui l'amènera vers une réflexion féconde.