Bonjour Rav,
Que pensez vous du fait de dédier un sefer torah à un goy ? Le fait que le goy soit quelqu’un d’important digne de kavod, ca change quelque chose ?
Merci de votre reponse
Kol touv
Que signifie "dédier"?
Si c'est juste d'écrire sur le manteau du Sefer Torah qu'il a été offert à la synagogue "en l'honneur de" untel qui n'est pas juif, ça va.
[Mais si vous parlez d'en dédier l'écriture elle-même, il faut voir ce que cela veut dire. Je suppose que vous pensez au premier cas.]
Je crois que vous parlez en fait du Sefer Torah dédié en l'honneur de Mohammed VI roi du Maroc.
Jeudi soir dernier à la synagogue, après Maariv, un ami m'a montré la photo du manteau de ce Sefer (où c'est brodé) en me demandant ce que j'en pensais.
Je n'y vois pas vraiment d'interdit. Ce n'est qu'un Kavod qu'on fait à un roi. Nos ancêtres sortaient les Sifrei Torah à la rencontre du roi lorsqu'il arrivait dans leur ville. Certains ont même offert des Sifrei Torah à des monarques et dirigeants non-juifs. c'est bien moins évident (en raison du Bizouy probable).
Mais écrire sur le manteau que le Sefer est dédié "en l'honneur du roi", c'est acceptable, surtout que ce roi doit respecter les lois noa'hides.
Bref: je pense qu'on peut offrir un Sefer Torah à une synagogue en le "dédiant" en l'honneur d'un non-juif, surtout si ce non-juif n'est pas idolâtre et qu'il respecte les lois noa'hides. Ce n'est qu'une marque de Kavod et aucunement rabaissant pour le Sefer, au contraire, on montre par-là que le Sefer Torah est un objet précieux à nos yeux (car personne n'aurait dédicacé une peau de banane à son roi).
Par contre, offrir un Sefer Torah à un non-juif, c’est autre chose.
Le fameux Dr Weizmann a offert un Sefer Torah au président Truman, le 25 mai 1948, pour le remercier d’avoir reconnu l’Etat d’Israël très rapidement, en dépit des pressions et des intérêts.
Mais halakhiquement, ce n’est pas évident.
Le Iyoun Yaakov (‘Haguiga 13a) explique que « Ein Mosrin Divrei Torah » ne signifie pas un interdit « d’enseigner » la Torah aux non-juifs, mais un interdit de leur « transmettre » un Sefer Torah…
C’est aussi la lecture proposée par Rabbi Moshé ‘Haguiz dans Leket Hakema’h (Y’’D , daf 107a) et par R. Elazar Horowitz dans son Shout Yad Elazar (§76).
R. ‘Haim Pallagi (Palacci) (Lev ‘Haim III, §44) refuse cette lecture dans la Gmara ‘Haguiga, mais est d’accord avec le din lui-même
[en y incluant explicitement les livres de Gmara ou autres.
Il y a aussi dans les Tshouvot Hagueonim (Lyck 1864, §46) une phrase laissant entendre qu’il serait interdit de transmettre, même momentanément, un seul passouk entre les mains d’un non-juif qui officierait en tant que facteur !
Ce n’est absolument pas ce qui est retenu dans la pratique, peut-être faut-il y voir une loi rigoureuse en raison du polythéisme pratiqué par les non-juifs concernés, je ne sais pas].
Idem pour le ‘Hida (Birkei Yossef Y’’D §246, Shiyourei Brakha §5) selon qui cette déduction ne tient pas la route, mais indépendamment de cela, le Din est vrai.
Voir aussi le Sfat Emet (‘Haguiga 13a) duquel le lecteur éveillé déduira qu’il considère un interdit de transmettre un Sefer Torah à un non-juif.
Voir encore le Shout Maharats (‘Hayes) (§32) concernant la ville de Lvov (Lemberg) où les autorités ont demandé (=imposé) aux responsables communautaires d’acheter pour elles des Sifrei Torah qui leur seront utiles lorsqu’il sera nécessaire de faire jurer un juif (dans le cadre d’un litige)…
Quant à montrer un Sefer Torah qui est dans le Heikhal à un non-juif, c’est encore un autre problème…
Concernant le Sefer Torah marocain cité plus haut, j'ajoute une information allant dans le sens contraire de ce que j'ai écrit:
Dans le livre biographique sur rav Elyashiv (éd. Torah-Box, p.208-9), on demande à Rav Elyashiv si un survivant de la Shoah qui fait écrire un Sefer Torah Leilouy Nishmat ses parents, peut faire inscrire sur le manteau du Sefer, le nom du non-juif qui l’a sauvé durant la guerre ?
Rav Elyashiv interdit car la Torah a été donnée aux juifs en cadeau.
Le Rav Tsimbelist s’est extasié devant cette réponse, en effet, la Torah est un cadeau que D.ieu a donné à Son peuple, « comment nous viendrait-il à l’idée de le partager avec un Goy ?»
Personnellement, je reste dubitatif devant cette analyse.
Qui a parlé de « partager » le cadeau, ou d’offrir la Torah à un non-juif ?
Il n’est question que de mentionner son nom en mémoire, pas d’écrire le Sefer à son nom. La personne parlait bien de dédier le Sefer à la mémoire de ses parents et seulement d'inscrire le nom de son sauveur sur le manteau.
Je ne comprends pas cette décision, mais en tout cas, si ce témoignage est véridique, rav Elyashiv aurait donc aussi interdit le Sefer Torah marocain dont nous parlions plus haut.
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