Nous sommes habitué à penser, comme la société dans laquelle nous vivons, qu'il faut laisser à chacun sa liberté de penser, et aussi la liberté de pouvoir l'exprimer. Il est évident qu'il doit y avoir une limite à ne pas dépasser. Elle est cependant difficile à déterminer.
Le problème est très complexe et nécessite un grand approfondissement, et nous n'aurons ici qu'une vision superficielle du sujet.
Le terme "délit" implique la notion de la transgression et de sa punition. Il ne peut y avoir de punition par un tribunal rabbinique pour une pensée, qui par définition ne peut être vue par des témoins, témoins qui sont indispensables pour une application de peine. Mais quand une pensée est exprimée, quand une opinion est professée, un tribunal peut sévir.
La pensée idolâtre est interdite. La pensée impure (dans le domaine sexuel) est interdite. La prière et les bénédictions doivent être pensées et non simplement énoncées. L'accomplissement des commandements doit être accompagnée d'une intention d'accomplir la volonté du Créateur.
Le Rambam dans son Sefer Hamitsvoth, précise que les commandements de la Torah concernent quatre domaines : les opinions, les actions, les caractères et la parole. En hébreu, il dit : "Da Schékol Tsivouyé Hatorah Veazharotéya Hiné Hème Bearba Devarim, Bedéoth, Oubipeouloth, Oubemidoth, Oubedibour".
Evidemment, nous avons notre libre arbitre, et nous pouvons choisir entre se conformer aux idées de la Torah et aux opinions des Sages, et ce sera le bon choix, ou le contraire, " 'Hass Veschalom".
Le Rambam donne des exemples pour chacun des 4 domaines.
Dans le domaine des "Déoth", il cite l'obligation de croire en un D.ieu unique, l'obligation de l'aimer, l'obligation de le craindre et l'interdiction de croire qu'il existe d'autre divinités que Lui.
Pour les actions, il cite les sacrifices obligatoires et la construction du Temple ainsi que les interdictions de sacrifice à d'autres que Lui.
Pour les caractères, il cite les obligations de se conduire avec miséricorde, de donner aux pauvres et de prodiguer la bonté, l'amour du prochain ainsi que les interdictions de toute haine, jalousie ou rancoeur et soif de sang.
Quant au 4ème domaine, celui de la parole, le Rambam cite les obligations de prier D.ieu, c'est-à-dire de Lui demander, de le supplier, de le louer, de se confesser à Lui pour nos péchés et les interdictions de mensonge sous serment, de colportage et médisance, de malédictions sur autrui etc.
Les divergences d'opinions, les idées personnelles sur un sujet, idées non conformes à la Torah ou aux Sages, les visions des choses, philosophiques ou autres, sont non seulement interdites, mais aussi susceptibles de nous faire dévier du droit chemin tel que tracé par la Torah et nos Sages. Elle déterminent notre choix de vie.
Il est évident qu'il nous est permis de penser, d'élaborer une pensée, de se faire une opinion, comme on dit - mais il faut que la dite pensée ou opinion soit en conformité avec la Torah et avec la pensée et l'opinion de nos Sages.
Il peut exister, comme dans le domaine législatif, des opinions différentes, des Sages qui ne sont pas d'accord sur un sujet. Il est alors permis de suivre l'opinion de l'un des deux. Il faudra cependant, ne pas profiter des opinions de l'un quand c'est celles-ci qui nous arrangent, et de l'autre dans le cas contraire.
Nous voyons par exemple, de grandes portions du peuple juif qui suivent la vision 'Hassidique du judaïsme alors que d'autres n'y adhèrent pas.
Pour certaines personnes c'est le seul moyen de se réaliser et de progresser dans le service divin. Mais cela reste à l'intérieur du cadre de la Torah et sous l'égide de grands maîtres de la Torah.
Mais ne tombons pas dans les nombreux pièges de ceux qui professent de la pensée juive sans y être autorisés. Seuls les très grands Sages, versés dans la Torah et le Talmud, reconnus dans le monde de la Torah comme habilités à le faire, peuvent nous indiquer une pensée juive authentique et conforme aux vérités de la Torah.
