Je ne sais pas à quand correspond votre "jadis" ?
C’est une mode assez récente de demander la « dira », disons depuis les années 80.
Et c’était déjà –assez souvent- la femme qui travaillait.
Avant-guerre et depuis presque trois siècles, en Europe de l’Est, on ne demandait pas la "dira" mais on était nourri-logé chez les beaux-parents pour quelques années, généralement six ans, parfois trois, afin de pouvoir continuer à étudier sereinement.
Ce métier s’appelait "être gendre".
Cela se savait jusqu’en France -même chez les non-juifs- que les juifs d’Europe de l’Est entretenaient leurs gendres pour quelques années afin qu’ils puissent étudier un maximum de temps.
Voyez comment les frères
Tharaud indiquent cela dans
"L’ombre de la croix" (éd. Plon 1920, p.82) «
cette situation…chez les juifs de l’Europe orientale est reconnue comme une profession véritable…et qui s’appelle "être gendre" »
Voyez encore dans le même livre plus loin
(p.123-4 et 218-9).
Voyez aussi dans d’autres de leurs livres, comme
"Un royaume de Dieu" (éd. Plon 1920, p.80 et p.84) et aussi dans
"Petite histoire des Juifs" (éd. Plon 1927, p.209)
[Voir encore
"Au seuil de la terre promise" Robin, Madagascar 1965, p.96 : «
chez les juifs…suivant les frères Tharaud, il y a un art d’être gendre… ».
Cependant la primauté de cette découverte leur est discutée, voir
"Les juifs de Balzac" de 1939, de Spitzer p.61 en bas –ouvrage à ne pas confondre avec
"Les juifs de Balzac" de Kupfer, plus volumineux et plus récent.]
Vous demandez :
Citation:
Si un jeune homme est vraiment promis a un bel avenir en Thora, n'est-ce pas aussi/uniquement a ses parents d'y veiller pour lui ??
Si les parents sont conscients de son avenir prometteur et en ont les moyens, bien sûr qu’ils doivent le faire eux-mêmes.
Seulement ils n’ont pas toujours les moyens ou n’en sont pas convaincus (ce qui n’est pas le cas du beau-père , qui lui, peut/pouvait choisir son gendre
:) )
Mais il ne faut pas considérer cette subvention comme une perte ou un inconvénient, au contraire, c’est une chance pour le beau-père de pouvoir s’inscrire dans la transmission de la Thora en « sponsorisant » un étudiant en Talmud qui -de surcroit, sera le père de ses petits-enfants et pourra donc leur faire passer des valeurs de Thora qui se retrouvent rarement chez les amei aarets.
S’il ne comprend pas que c’est une aubaine, tant pis pour lui.
Et si ce n’est pas une aubaine (car son gendre ne va pas étudier sérieusement), tant pis pour eux deux.
Vous demandez : "
n'est-ce pas aussi/uniquement a ses parents d'y veiller", je dirais :
"aussi": oui.
"uniquement" : certainement pas !
Tout juif qui en a les moyens devrait tout faire pour qu’un juif prometteur en Thora, un talmid ‘ha’ham en puissance, puisse éclore.
La pénurie actuelle de Talmidei ‘ha’hamim authentiques ne nous permet pas de laisser passer une telle opportunité !
Il y a certes beaucoup de rabanim, mais très peu de talmidei ‘ha’hamim authentiques.
Ceci étant dit, n'allez pas croire que chaque kollelman "réclame" sa "dira" et oblige ainsi le pauvre beau-père à s'endetter s'il ne veut pas que sa fille vieillisse seule.
Ce sont des racontars, il ne faut pas croire tout ce qu'on raconte sur ces milieux qui ne se soucient malheureusement du qu'en "
dira"-t-on qu'en interne (à mon sens, il eût été préférable de faire l'inverse; se soucier de son image à l'extérieur et cesser d'organiser sa vie autour du qu'en dira-t-on interne).
Certains se complaisent à imaginer chaque kollelman en propriétaire d'un bel appartement (que son beau-père doit payer en se serrant la ceinture durant trente ans), pour mieux critiquer le monde de la thora.
Mais c'est loin de la réalité, il y a beaucoup d'étudiants de kollelim qui ne possèdent pas de somptueuse "dira".
A titre d'exemple, j'ai été kollelman durant des années et n'ai jamais possédé la moindre dira, ni même un petit studio -et ce jusqu'à ce jour.
D'autre part, il faut aussi savoir que cette idée de la "dira" ne se retrouve pas en France (=pour un kollelman qui étudie en France) car les allocations du kollel -et autres- permettent de louer un petit appartement.