Les principales différences entre le premier Décalogue et le second, explique le rabbin Elie MUNK (La voix de la Thora, vol. V, p. 54) consistent, d’une part, dans la liaison de certains mots, qui sont ou non introduits par un waw, d’autre part dans un supplément de mots qui ne figuraient pas dans le premier Décalogue. Ces différences ont pour but dans l'ensemble d'exprimer, certes, les mêmes commandements, mais ceux-ci, [dans Devarim], sont plus rapprochés du destinataire que du donateur.
Ceci rejoint, poursuit le même commentateur, l'objectif général du Michné Tora qui, dans le Deutéronome est plus proche du destinaiaire qu'est Israël. Enfin, il. s'agit aussi de suppléments d'interprétations qui émanent du texte, répété avec modifications (Maharal, Tiféreth Yisrael, 43 à 45).
A considérer plus en détail les deux textes du Décalogue, il faut d’abord relever qu’il n’existe aucune différence dans le texte des deux premiers commandements (Anokhi Hachem Eloqékha et lo yihyé lekha). Ces deux commandements, nous apprend le Midrach (voir notamment Midrach rabba Chemoth, parag. 33), ont été prononcés de la bouche même de Hachem, contrairement au huit autres qui l’ont été par Moïse (voir Chemoth 20, 16).
Quant aux différences que présente l’énoncé de ces huit autres commandements, explique Ramban (ad Chemoth 20, 8), elles ne sont pas significatives, à l’exception de : « Souviens-toi (zakhor) du jour du Chabbath pour le sanctifier… » (ibid.), et « Garde (chamor) le jour du chabbath pour le consacrer… » (Devarim 5, 12).
Ces deux formulations ont été en effet prononcées par « une seule parole » (Roch hachana 27a), et ce pour bien marquer les deux caractéristiques essentielles du Chabbath, ainsi que la nature des mitswoth qui l’accompagnent.
En effet, « Souviens-toi (zakhor)… » représente une mitswa active, alors que « Garde (chamor) » désigne une « mitswa de ne pas faire ».