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S'habiller comme un juif

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Bike
Messages: 3
Bonjour

À chaque fois que je suis dans la rue ou au travail j’essaye de «cacher» ma kipa, mes tsitit, tout signe distinctif… je fais toujours très attention que jamais un fil dépasse… mais je n'arrive pas à comprendre pourquoi. Je n'ai pas honte de dire que je suis juif si on me demande. Au contraire, j'en suis même fier. Mais j'ai l'impression qu'il peut m'arriver de tomber sur un fou et que ça me met en danger si jamais je suis reconnaissable en tant que juif.
Dois-je changer mon attitude, et assumer davantage ?

Merci pour tout de ce que vous faites.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6700
Citation:
A chaque fois que je suis dans la rue ou au travail j’essaye de « cacher » ma kippa, mes tsitit, tout signe distinctif…je fais toujours tres attention que jamais un fil dépasse…mais je n’arrive pas à comprendre pourquoi? Je n’ai pas honte de dire que je suis juif si on me demande au contraire, j’en suis même fier. Mais j’ai l’impression qu’il peut m’arriver de tomber sur un fou et que ça me met en danger si jamais je suis reconnaissable en tant que juif. Dois-je changer mon attitude et assumer davantage?


Vous n’êtes pas vraiment « obligé » de cacher votre Kipa etc. mais si vous craigniez de tomber sur un fou, ça n’a rien à voir avec « assumer davantage », c’est par précaution et il n’y a pas de mal à cela.

Si vous habitez (ou passez par) un quartier où se trouvent des gens hostiles aux juifs, vous avez bien raison de dissimuler votre Kipa et vos Tsitsiot.

En dehors de l’aspect « danger » que vous êtes le seul à pouvoir estimer (en fonction du lieu et du contexte), à ma connaissance, la loi française n’interdit pas le port de la Kipa dans la rue.
Il faut tout de même veiller à respecter l’espace public et ne pas s’y afficher de manière ostentatoire, cependant je ne crois pas qu’une kipa sur la tête soit « ostentatoire », ça reste discret et correct.

Pour les Tsitsiot, ça l’est déjà un peu moins, on veillera à les rentrer dans le pantalon et si on les sort, les mettre dans les poches, afin qu’ils ne pendouillent pas de trop (tout dépend aussi de leur longueur, ceux qui portent des tsitsiot qui descendent aux genoux, ça se remarque beaucoup plus).

En tout cas, on évitera absolument de se balader en Talit Gadol dans la rue (en France), ça n’est pas respectueux de l’espace public.

Quand j’étais jeune, les Rabanim étaient unanimes à ce sujet et indiquaient de couvrir la Kipa d’une casquette ou d’un chapeau, et de mettre les Tsitsiot dans les poches dès que l’on sortait dans la rue (et de ne surtout pas sortir en Talit dans la rue!).
Et puis il y avait aussi le danger en raison des antisémites. A l’époque, il ne venait pas des Arabes/musulmans comme aujourd’hui, c’était plutôt l’extrême droite, les skinheads, que l’on devait éviter. Et il ne venait pas à l’esprit de se promener en Kipa.

De nos jours, la nouvelle génération (depuis une trentaine d'années) voit les choses autrement et se sent souvent opprimée et injustement traitée si elle n’a pas le droit de se pavaner en Talit dans la rue.
Je ne comprends pas trop ce malaise, je n’arrive pas à saisir ce qui les embête lorsqu’on leur dit qu’il faut garder une certaine discrétion/Tsniout dans la rue.

S’ils veulent se promener en Talit en Israël, pas de souci, mais en France, comme nos concitoyens sont majoritairement non-juifs, cela contrevient au respect de l’espace public.

Il est difficile d’édicter des Halakhot précises dans ce domaine, je suis sûr que certains étendraient le problème au port de la kipa dans la rue, ça se discute, mais je n’ai pas l’impression que (de nos jours) le citoyen français serait « heurté » par la vision de quelqu’un en Kipa dans la rue. Il l’est plus par les Tsitsiot et l’est beaucoup plus par le Talit.

De manière générale, les rabanim dans les années 60 et 70 étaient beaucoup plus soucieux de la discrétion dans l'espace public, que le sont de nos jours les jeunes rabanim.

Il ne s'agit pas de "cacher son judaïsme", celui qui a une casquette et une barbe (voire un Borsalino et des péot) parait juif aux yeux de (presque) tous, la question n'est pas de cacher son identité, mais de ne pas l'afficher de manière outrancière.

Je ne viens pas prétendre que ce que je dis ici ait nécessairement valeur d'opinion religieuse, je vous dis juste la manière dont je ressens les choses, et je ne doute pas un instant que mon éducation, ainsi que la France dans la quelle j'ai grandi, y sont pour quelque chose.

La France a, depuis, beaucoup changé (-et c'est peu dire), et je pense que ça joue dans le fait que les plus jeunes ne comprennent absolument pas le lien entre la Tsniout(/discrétion) et le respect. Pire, ils se sentent emprisonnés s'ils ne peuvent pas se promener en Talit, et y voient une atteinte à leur liberté (de culte).
Les plus religieux d'entre eux vont jusqu'à s'imaginer que cette discrétion serait un pas vers l'assimilation et l'abandon de la pratique religieuse.
C'est dire...
c'est vraiment étrange.

En résumé:

-Si vous craigniez un danger antisémite: cachez vos tsitsiot et couvrez votre kipa.

-Sans cela, vous n'avez pas à "assumer davantage" en faisant pendouiller vos Tsitsiot, si vous êtes fier d'être juif et le revendiquez, que voulez-vous assumer de plus?
Le besoin qu'ont certains d'exhiber leurs Tsitsiot/Talit au grand jour (en France) n'est ni un exemple à suivre ni une marque d'attachement plus profond au judaïsme.
raphaeljudas
Messages: 34
Bonjour Rav Wattenberg,

En marchant avec M. Gay il y a bientôt 30 ans place Kleber à Strasbourg, M. Gay m'a dit qu'il prenait soin de bien garder son chapeau sur la tête comme signe distinctif pour montrer ce qu'est un Juif aux personnes sur la place.

C'est cette attitude qui me semble la plus noble dans le sens où elle montre qu'être Juif est une contribution métaphysique et morale à la société dans laquelle on vit. Être visible dans l'espace public participe de l'acceptation par les autres. En sus, aujourd'hui la perte de repères et la dépravation ambiante réclament qu'un contre-exemple positif soit donné.

Evidemment, sauf temps de persécution, lorsqu'il y a un risque avéré d'agression physique, il s'agit de se protéger. On le ferait si un chien nous attaquait.

Michel Monheit en prenant le contre-pied de l'adage "vivons heureux, vivons cachés", nous a lui aussi incité à, je cite, "être plus Juif dans la cité et plus citoyen à la maison".

Bonne semaine!
Raphael.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6700
Citation:
En marchant avec M. Gay il y a bientôt 30 ans place Kleber à Strasbourg, M. Gay m'a dit qu'il prenait soin de bien garder son chapeau sur la tête comme signe distinctif pour montrer ce qu'est un Juif aux personnes sur la place.

C'est cette attitude qui me semble la plus noble dans le sens où elle montre qu'être Juif est une contribution métaphysique et morale à la société dans laquelle on vit. Être visible dans l'espace public participe de l'acceptation par les autres. En sus, aujourd'hui la perte de repères et la dépravation ambiante réclament qu'un contre-exemple positif soit donné.

Evidemment, sauf temps de persécution, lorsqu'il y a un risque avéré d'agression physique, il s'agit de se protéger. On le ferait si un chien nous attaquait.

Michel Monheit en prenant le contre-pied de l'adage "vivons heureux, vivons cachés", nous a lui aussi incité à, je cite, "être plus Juif dans la cité et plus citoyen à la maison".


Auriez-vous raté quelques lignes dans mon message?
comme celles-ci:

Il ne s'agit pas de "cacher son judaïsme", celui qui a une casquette et une barbe (voire un Borsalino et des péot) parait juif aux yeux de (presque) tous, la question n'est pas de cacher son identité, mais de ne pas l'afficher de manière outrancière.

Je ne sais pas si la personne que vous citez est celle que je connais du même nom à Strasbourg, mais je doute qu'elle se promène avec son Talit Gadol (par dessus ses habits) en pleine rue. Le chapeau, oui, le Talit, non. C'est ce que j'écrivais plus haut.

Il ne s'agit pas de "vivre caché", ni de cacher son judaïsme, ni de paraitre "comme un goy dans la rue", mais de respecter l'entourage. Porter un chapeau: aucun problème. Un Talit, c'est autre chose.

Je répète ce que j'ai écrit plus haut:
Je ne viens pas prétendre que ce que je dis ici ait nécessairement valeur d'opinion religieuse, je vous dis juste la manière dont je ressens les choses, et je ne doute pas un instant que mon éducation, ainsi que la France dans la quelle j'ai grandi, y sont pour quelque chose.
raphaeljudas
Messages: 34
Je n'entrerai pas dans les différences entre chapeau, talit katan, talit gadol, parce qu'au fond ils sont autant de signes distinctifs qu'il me semble nécessaire de porter afin de susciter la curiosité de nos concitoyens et communiquer notre dévotion et notre attachement à la Torah et au Créateur.

Le fond du propos est bien d'assumer publiquement son identité, en diaspora comme en Israel. Reb Michel zts"l arpentait les rues de Paris en streimel, M. Gay arpente celles de Strasbourg en chapeau et un Juif pashout doit se sentir suffisamment fort pour arborer ses tsitsiot en public. C'est un chessed que l'on prodigue à ceux qui nous entourent.

Le souci de discrétion n'a aucune plus value aujourd'hui si tant est qu'il en avait un jadis. Beaucoup de goyim m'ont abordé avec bienveillance, respect et tolérance pour me poser des questions sur les tsitsiot que je porte à l'extérieur. C'est une façon d'établir le contact, l'habit étant la première des communications non verbales avec les autres hommes avec lesquels nous partageons ce monde-ci.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6700
Citation:
Je n'entrerai pas dans les différences entre chapeau, talit katan, talit gadol, parce qu'au fond ils sont autant de signes distinctifs qu'il me semble nécessaire de porter afin de susciter la curiosité de nos concitoyens et communiquer notre dévotion et notre attachement à la Torah et au Créateur.


Si je vous comprends bien, vous considérez donc qu’aucune discrétion n’est requise dans le domaine public.
Se promener en Talit Gadol serait même recommandé « afin de susciter la curiosité de nos concitoyens ».
Sachez tout de même que votre opinion n’était pas partagée par les Rabanim des années 70-80 en France.


Citation:
Le fond du propos est bien d'assumer publiquement son identité, en diaspora comme en Israel.

Pourquoi vous dites ça ?
J’ai fait (plus haut) la distinction entre « assumer publiquement son identité » et « l’afficher de manière ostentatoire ». Vous ne partagez donc pas cette distinction ?

Je me cite :

« Il ne s'agit pas de "vivre caché", ni de cacher son judaïsme, ni de paraitre "comme un goy dans la rue", mais de respecter l'entourage. Porter un chapeau: aucun problème. Un Talit, c'est autre chose. »

Je me cite encore :

« Il ne s'agit pas de "cacher son judaïsme", celui qui a une casquette et une barbe (voire un Borsalino et des péot) parait juif aux yeux de (presque) tous, la question n'est pas de cacher son identité, mais de ne pas l'afficher de manière outrancière. »

Et encore :

« Je ne sais pas si la personne que vous citez est celle que je connais du même nom à Strasbourg, mais je doute qu'elle se promène avec son Talit Gadol (par dessus ses habits) en pleine rue. Le chapeau, oui, le Talit, non. C'est ce que j'écrivais plus haut. »


Citation:
Reb Michel zts"l arpentait les rues de Paris en streimel,

Pour votre information, c’était bien le seul dans les années 1970-80.

Le Rav Rottenberg (père, alias « le Rouv ») ne mettait jamais son Shtreimel dans la rue.
Mais Shtreimel ou chapeau, je ne pense pas que l’on pouvait se méprendre sur sa religion.

(Quand il était déjà âgé et qu’il marchait dans la rue (ce qui arrivait rarement les dernières années de sa vie), les gens le regardaient, il dénotait, et il n’avait pas besoin de son Shtreimel pour cela.)


Citation:
M. Gay arpente celles de Strasbourg en chapeau et un Juif pashout doit se sentir suffisamment fort pour arborer ses tsitsiot en public. C'est un chessed que l'on prodigue à ceux qui nous entourent.

C’est votre opinion. Elle n’est pas unanimement partagée.
(Et vérifiez tout de même s'il arpenterait aussi les rues vêtu de son Talit Gadol. ça pourrait éviter de l'interpréter différemment de ce qu'il pense.)


Citation:
Le souci de discrétion n'a aucune plus value aujourd'hui si tant est qu'il en avait un jadis.

Considérez-vous que ces Rabanim avaient tort ?


Citation:
Beaucoup de goyim m'ont abordé avec bienveillance, respect et tolérance pour me poser des questions sur les tsitsiot que je porte à l'extérieur. C'est une façon d'établir le contact, l'habit étant la première des communications non verbales avec les autres hommes avec lesquels nous partageons ce monde-ci.

Le fait que beaucoup de Goyim vous aient abordé avec bienveillance n’indique pas grand-chose par rapport à notre sujet.
Le devoir de discrétion, si tel devoir il y a, ne suppose pas que la totalité des non-juifs vous trouve désagréable en affichant vos signes religieux de manière ostentatoire.

Je ne puis que vous suggérer de demander à votre Rav s’il ne voit aucun problème à ce que vous vous baladiez dans la rue, recouvert de votre Talit Gadol.

S’il vous dit que c’est très bien, et que ça va susciter la curiosité positive de nos concitoyens, et que ne pas déambuler avec son Talit sur les épaules reviendrait à ne pas assumer son judaïsme, écoutez-le, il doit savoir ce qu’il vous dit.

De mon côté, j’ai fait la même chose, par contre mes rabanim m’ont dit de respecter une certaine réserve dans l’espace public (sans parler d’éventuelles craintes dans certains quartiers dangereux, uniquement du point de vue du respect du domaine public), du coup je les écoute et suis leurs directives sans avoir le sentiment de ne pas assumer son judaïsme.
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