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Est ce que le Yair mentionné dans Divrei Hayamim (I, II, 22) est le même que Yair ben Menashé que l'on retrouve dans la Torah (Bamidbar 32,41 ou Dvarim 3,14)?
C’est une bonne question.
Ça se discute. Voyez
Radak (Divrei Hayamim I, II, 22).
Le
Malbim (ad loc) pense que c’est le même Yaïr, et bien que son père se prénommât Segouv, il est mentionné dans la Torah comme Yaïr ben Menashé, car il est descendant de Menashé par sa mère.
Mais le
Metsoudat David (ad loc) écrit qu’il s’agit de deux Yaïr distincts, en dépit des similitudes (villes, ‘Havot Yaïr), car c’est justement parce qu’il portait le même prénom qu’il nomma aussi ses villes de la même manière.
Plus encore, selon le
Metsoudat David, le 3ème Yaïr que nous connaissons
(Shoftim X,3) en a fait autant pour la même raison.
[Certains, dont le
Radal (Bamidbar Raba XIV, §56), ont imaginé qu’il n’y avait que deux Yaïr et que celui de
Divrei Hayamim (ben Segouv) est celui de
Shoftim.]
Le
Ramban (Bamidbar 32,41) pense aussi qu’il s’agit du même Yaïr et devance le
Malbim dans ses explications.
Idem pour le
Ibn Ezra (Bamidbar 32,41),
le Tour (ad loc, fin de Matot), le ‘Hezkouni (ad loc), le Kaftor Vaféra’h (§11, éd. Jér. 2007, p.90), pour qui Yaïr ben Menashé est descendant de Menashé par sa mère.
C’est aussi ce qu’écrit le
Daat Sofrim (ad loc), ainsi que le
Pardes Yossef (Shemot 2,18). Voyez encore le
Pardes Yossef Ha’hadash (Bamidbar 32,41,§134).
[Je précise au passage qu’il y a une erreur d’inattention dans le Daat Sofrim (op cit), il écrit que le père de Yaïr était ‘Hetsron, or c’était Segouv fils de ‘Hetsron.
Il a été devancé dans cette erreur par le Ramban ! qui écrit la même chose.
D’autres, comme le Abrabanel (fin de Matot, p.159) (!), lui ont emboité le pas et ont commis exactement la même erreur, certainement entrainés par la lecture du Ramban. C’est étonnant que tous se trompent ainsi, surtout les Rishonim. Je reste dubitatif... j'ai peut-être raté quelque chose?]
Ça fait beaucoup d’opposants au
Metsoudat David.
Néanmoins, du
Midrash Bamidbar Raba (XIV,7) on comprend qu’il s’agit de deux Yaïr distincts (comme le
Metsoudat David) car celui de la Torah est bien le fils de Menashé et non son descendant.
(Le midrash dit יאיר שלא הוריש חלקו לבניו, כי לא היו לו בנים... וירשו חלקו בני מכיר אחיו, c-à-d que Makhir et Yaïr furent frères).
On pourrait aussi le comprendre de la Brayta citée dans
Baba Batra (121b).
Ainsi que le déduire de la Gmara
Yevamot (62b) -comme le souligne le
Rashash (Yevamot 62b) pour qui il est clair que les ‘Hazal ne pensaient pas qu’il s’agisse du même homme, mais bien de deux personnes différentes prénommées Yaïr (et je m’étonne qu’il n’ait pas indiqué à l’appui le Midrash que j’ai mentionné).
Il y a aussi le
Biour Hagra (Divrei Hayamim I, II, 22 et 23) duquel il semble qu’il s’agisse de deux personnes distinctes.