La coutume est en effet de donner de la tsedaka (particulièrement) à ‘Hanouka, voyez le
Maguen Avraham (§670 au début),
Mishna Broura (§670, sk.1),
Kitsour Shoul’han Aroukh (§139,1),
Kaf Ha’haim (§670, sk.4)
et d’autres qui le mentionnent.
Mais il semblerait du Shout Harashba (III, §297) qu’elle soit très ancienne, voyez ce qu’en dit le Tsofnat Panéa’h (Matnot Aniim §9, 2).
Le Maguen Avraham (§670) indique pour source du minhag, le Torat Habaït, ce dernier écrit que le mot ‘hanouka en At-Bash donne la même guematria que les mots « Sod Tsedaka » (269).
Voici un argument assez peu convaincant à mon goût.
Vous trouverez aussi cette idée de Tsedaka à ‘hanouka, présentée et détaillée dans de nombreux a’haronim, comme le Bnei Yissoskhor (Kislev, maamar III, 22)(maamar II, 23)(maamar IV, 96 et 152) ou encore le Pri Megadim (Eshel Avraham §670) qui explique selon la Mishna (Avot perek 1) que le monde tient sur trois piliers : l’étude de la Torah, la Avoda (les sacrifices et la prière) et le ‘hessed (la charité).
Nos ennemis (les « yevanim ») avaient empêché nos ancêtres de pratiquer Torah et Avoda, c’est pourquoi nous devons –à ‘hanouka- intensifier nos efforts en étude de Torah, en prières (et Hodaa) et en charité.
Vous remarquerez qu’il n’explique pas vraiment pourquoi la charité.
Torah et prière car les « yevanim » cherchaient à nous en empêcher, mais pourquoi Tsedaka ?
J’ai vu dans Meréa’h Ni’hoa’h (Vayigash 5773, guilion 122, p.15) une lettre de Rav Perez(de Mexico) qui vient répondre à cela en disant qu’étant donné que les « Yevanim » avaient supprimé deux des trois piliers, le troisième ne tenant pas tout seul ne pouvait que s’écrouler lui aussi.
Cette réponse dépasse son côté technique, il y a aussi un message fixant la valeur du ‘hessed et de la charité à l’aune du maintien des deux autres piliers qui sont tout trois indissociables.
La charité sans « Torah et Avoda » ne revêt pas le même caractère qu’une charité réalisée par celui qui préserve les trois piliers.
Il y a encore beaucoup d’autres explications à l’accent mis sur la charité lors de ‘hanouka, je vous invite à les découvrir dans différents sfarim.
Voyez par exemple :
Drashot ‘Hatam Sofer (I, p.68) (pour faire passer le pauvre entre sa menora et sa mezouza…) (voir encore Or David (Meizles) sur Meguilat Esther p.67-68 sur cette différence entre la tsedaka de Pourim où l'on envoie des dons aux pauvres alors qu'à 'hanouka, les pauvres viennent eux-mêmes -comme cité dans le Maguen Avraham)
Noheg Katson Yossef (‘hanouka 11) (‘hanouka ressemble à Pourim où il y a Matanot Laevyonim). La même idée est mentionnée par le rav Shpitzer dans Tikoun Shlomo (Droush 34, 2ème droush de shabbat ‘hanouka, daf 32d)
Mishné Halakhot (VII, §88) (il y commet une petite erreur d’inattention : lorsqu’il écrit ‘Hanoukat Hatorah, c’est une erreur, il faut dire ‘Hanoukat Habaït, il s’agît de deux sfarim différents.)
Imrei ‘Haim (IV, p. 183, sur Mishlei XXI, 14)(il indique lui aussi une guematria : Nes ‘Hanouka= Tsedaka)(voir aussi Imrei ‘Haim I, p.170)
Yessod Veshoresh Haavoda (shaar 12, 1) (proche de ce qu’écrit le Kitsour Shoul’han Aroukh (§139,1).
Moed lekhol ‘haï (Pallagi) (§27, 77)
Yisma’h Israel (bereshit daf 75c)
Le Satmar Rouv dans Pardes Eliezer (‘hanouka 5645)
Toldot Shlomo (Steinberger) (48b, § 7 et 8)
Shout Kenaf Renana (Landau) (o’’h §79 –daf 71c)
Rivevot Ephraïm (I, §440, 3 -p. 350)
Shaar Yissakhar (Yemei Ora §139)
Erets Tsvi –Moadim (II, p.163)
Kdoushat Lévi (‘hanouka, kdousha ‘hamishit)
Et encore beaucoup d’autres.
Mais il faut dire que sans trop d’imagination, on peut se douter qu’étant donné que la halakha impose même aux pauvres qui se nourrissent de la Tsedaka de se procurer un Ner pour ‘hanouka, le devoir des autres est bien de faire attention qu’aucun pauvre ne manque d’argent afin de pouvoir accomplir son obligation.
Et de manière générale, lors de toute réjouissance, il n’est pas bon de se réjouir tout seul dans son coin en sachant que d’autres se morfondent dans la pauvreté et la tristesse, il faut veiller à partager sa joie avec ceux qui n’ont que peu de moyens.
(voir l’expression du Rambam à ce sujet dans Hil. Yom Tov §VI, 17 et voir aussi ce qu’il écrit dans Hil. Meguila §II, 17).
Cette idée n’est pas éloignée de ce qu’écrit le Rivevot Ephraïm (I, §440, 3).
J’ajoute enfin, que le Ben Ish ‘Haï recommande de donner de la tsedaka en l’honneur de rabbi Méir Baal Hanes le jour de rosh ‘hodesh Tevet. (voir aussi Shout Sia’h Its’hak §449).
Je ne me relis pas, désolé.