Les limites de la terre de Canaan sont fixées dans Bamidbar 34, 1 à 14.
Ces limites sont ainsi commentées par le rabbin Elie Munk (La voix de la Thora, vol. 4 p. 353) :
« La délimitation qu’on va lire, très simple dans son ensemble, et qui contourne le pays d’Israël du sud-est à l’ouest, et de là, au nord et à l’est jusqu’au point de départ, est beaucoup moins facile à suivre dans ses détails. Un grand nombre de localités ne sont mentionnées qu’ici et leur ressemblance avec certains noms modernes n’est pas toujours une donnée suffisante. D’autre part, divers passages de l’Ecriture fixent les contours soit du Canaan primitif (Berèchith 10, 19), soit de celui de Moïse (Josué 15, 8), soit de celui de l’avenir (Berèchith 15, 18 à21 ; Ezéchiel 47, 13 à 20). Il est certain que la présente délimitation n’est pas absolue. Elle ne s’applique, selon Rachi, qu’au pays légal, dit “Terre d’Israël”, réserve faite soit de l’orient du Jourdain assimilable à l’occident, soit des territoires mixtes dits Souria. Ou plutôt c’est une fixation minimale, statuant pour la génération actuelle et pour une longue suite de siècles, mais non définitive, et ayant principalement en vue le cantonnement de neuf tribus et demie, sans préjudice d’un agrandissement ultérieur prévu par Moïse lui-même (Devarim 19, 8), éventualité qui se réalisa sous David et Salomon, et que le Messie réalisera plus complètement encore (voir, pour les limites exactes du territoire, Encyclopédie talmudique II, s.v. Erets Yisraël). (Cf. Malbim qui développe les mêmes idées). Une autre considération générale vient s’ajouter à celle-ci : S.R. Hirsch souligne que l’importance des précisions des frontières réside dans le fait que toutes les lois se rapportant à la terre (année sabbatique, Jubilé, glane, coin des champs, dîme, etc.) ne sont valables qu’à l’intérieur de ces frontières. Aucune des conquêtes ultérieures, même celles de David, n’ont pu conférer aux provinces rattachées le même caractère sacré. Nous retrouvons ici un magnifique trait du respect de la propriété nationale des peuples et un frein puissant contre toute politique impérialiste qui, menée par des esprits aventureux, ne pourra tout au moins jamais se réclamer d’un prétendu “droit divin”. La Thora ne consacrera jamais ces visées. La nation juive accorde aux autres ce qu’elle est en droit d’attendre pour elle-même. Nous nous interdisons absolument de porter la main sur ce que Dieu ne nous a pas donné, mois nous défendons, âprement et avec une conscience absolue de notre droit, nos liens indissolubles avec ce pays qui, par la voix de Dieu et uniquement par elle, nous fut donné pour l’éternité. »
J’ajoute que l’expression « Grand Israël » est une invention récente, étrangère à nos traditions.