Vous avez parfaitement raison, le respect des parents est une valeur fondamentale du judaïsme.
Cependant, le respect de la Halakha l'est tout autant.
Et il se trouve qu'un non juif ne peut pas être Sandak en raison d'une halakha comme en raison du bon sens.
Je ne doute pas que le non-juif concerné le comprendra tout à fait s'il est de bonne constitution.
Je m'explique; la circoncision est une cérémonie durant laquelle le bébé "entre dans l'alliance du judaïsme", c'est une sorte de "conversion au judaïsme" par laquelle tout juif (=au masculin) doit aussi passer.
Comment concevoir que cette opération va se réaliser avec le concours d'un non-juif?
Avez-vous déjà entendu que quelqu'un se soit fait baptiser par un juif ou un musulman?.
Je pense que tout non juif peut comprendre que pour "rendre un bébé juif" il faut être soi-même juif.
Cet argument est souligné par le Rav Malkiel Tannenbaum dans son Divrei Malkiel (IV, §86, daf 62a), selon lui, jamais un chrétien (la question qui lui avait été posée concernait un chrétien) "ayant la tête sur les épaules" ne trouverait à critiquer cet interdit.
Mais ce rabbin ajoute encore un argument halakhique interdisant la participation d'un non juif:
Le sandak étant considéré comme nécessaire à l'action de l'épiromiste, il participe donc à l'accomplissement de la circoncision, or un non juif ne peut pas être Mohel (= épiromiste, circonciseur).
De plus, les commentateurs et les décisionnaires soulignent l'importance de choisir pour sandak un érudit en Talmud et qui respecte parfaitement la loi (voir Rama dans Shoul'han Aroukh Y"D § 264, 1).
Si d'aucuns en justifie le choix car il permettra la venue "voilée" du prophète Elie (qui accepte plus facilement de se déplacer dans ces conditions), d'autres (Levoush) expliquent que les bonnes intentions et la ferveur religieuse du Sandak auront une influence directe sur l'enfant qui aura des prédispositions à la Tsidkout et ressemblera -spirituellement s'entend- au Sandak.
Il y a un fait historique notable lié à cette halakha.
Je m'en voudrais de ne pas le partager avec le lectorat de Techouvot.com:
Le rav Klein dans son Mishné Halakhot (tome XII, soit Mahadoura Tinyana, tome II, §162, p. 104-105) raconte l'histoire d'un juif à Vienne, qui était tailleur pour l'empereur Franz Joseph (d'Autriche) et qui -à la naissance de son fils, proposa à son monarque d'en être le sandak.
Il fût étonnamment surpris de la réponse positive de l'empereur et alla gaillardement raconter à son rabbin l'honneur qui allait lui être gratifié en accueillant Franz Joseph dans sa synagogue pour être le sandak de son fils.
Le rabbin ne trouva pas cette nouvelle des plus réjouissantes et expliqua au tailleur que cela n'était pas compatible avec la loi juive.
A cette nouvelle, le tailleur annonça à son rabbin que s'il ne pouvait pas honorer l'empereur comme sandak , il se convertirait et irait faire la circoncision de son fils à l'église avec l'empereur en sandak!
Le pauvre rabbin désemparé, se tourna vers une autorité halakhique, le Rabbi de Tsanz (vraisemblablement le Divrei 'Haim, rabbi 'Haim Halberstam décédé en 1876. Franz Joseph était empereur d'Autriche de 1848 à sa mort en 1916).
La réponse (par télégramme) du Rabbi fût très claire: ne pas accepter que l'empereur soit le sandak, même au prix de la conversion de toute la famille.
Le rav local montra le télégramme au tailleur.
Ce dernier alla trouver le monarque, lui expliqua que la loi juive ne permettant pas qu'un non juif soit sandak, il souhaitait se convertir au catholicisme et célébrer la circoncision à l'église pour que l'empereur puisse être le sandak.
Mais Franz Joseph refusa et lui dit qu'il ne serait pas sandak à l'église.
En finale, la circoncision a été célébrée à la synagogue avec un sandak juif.
CONCLUSION:
le sandak doit être juif.
Il faut expliquer au grand-père non-juif que la circoncision est une sorte de conversion qui nécessite la participation de personnes déjà "adhérentes".
Si c'est bien expliqué, il n'y a pas de raison qu'il ne comprenne pas.
Si toutefois cela posait des difficultés, vous pouvez l'honorer du poste de Sandak Shéni (c'est celui qui porte le bébé juste APRES la circoncision, pendant que le Mohel récite les bénédictions et prières).
Etant donné qu'on ne peut pas considérer ça comme une participation active à l'acte de circoncision (puisque déjà accompli), il n'y a pas lieu de se montrer strict en cas de besoin.