Citation:
Dans une des Techouvot, quand vous parlez des conversions du consistoire vous écrivez :
Citation:
Il y a de quoi méditer sur ces égarements du judaïsme en France. Si les points purement halakhiques sont souvent mieux connus et respectés aujourd'hui, il faut d'abord savoir que ce n'est pas toujours le cas même de nos jours, et ensuite, que sur le plan Hashkafique, il y a à notre époque des dérives majeures au sein des Kehilot.
Elles seront peut-être dénoncées dans 50 ans et paraitront absurdes et terrifiantes aux yeux du grand public à ce moment, comme nous paraissent les agissements de certains rabanim des années 60-70 sur le plan halakhique comme totalement irresponsables et égarés.
Je pense que vous n'avez pas précisé votre pensée d'une manière intentionnelle, mais je me permets quand même de vous écrire pour vous demander à quoi pensez-vous précisément en écrivant ces lignes, quelles sont ces dérives majeures sur les hachkafottes actuelles qui nous paraisse bien en ce moment et qui pourrait être considérer « totalement irresponsables et égarés » dans un siècle ?
Vous parlez de ceci :
https://www.techouvot.com/viewtopic.php?p=57934
Effectivement, je n’ai pas voulu le détailler dans ce message afin de ne pas détourner l’attention des lecteurs du sujet qui nous occupait.
A présent, je peux vous dire que je pensais essentiellement aux dérives des dernières générations où l’attrait pour le mysticisme cause du tort à la Avodat Hashem.
La vénération des kabbalistes et l’intérêt excessif qui leur est porté, est selon moi un des « agents masqués » majeurs du détournement de la Torah.
Ceux qui ne sont pas masqués sont connus, mais il y a aussi des attitudes et Hashkafot qui se targuent d’être spirituelles et qui nuisent pourtant fortement à l’évolution positive de la Avodat Hashem en France.
Celle-ci est notoire.
L’adoration de la « kabbala » et des « babas » en tout genre, ainsi que l’attrait démesuré pour le mysticisme, et jusqu’aux Remazim et Guematriot excessives qui prétendent toucher au «« "Sod" »»
(avec plein de guillemets), participent activement au retard colossal des communautés françaises sur le plan de la Yiddishkeit.
Quand on compare la maturité du judaïsme orthodoxe en Angleterre, au Canada, ou même en Belgique, avec celle de la France, c’est sidérant.
Ils sont pourtant moins nombreux que nous, mais leur judaïsme est beaucoup plus vigoureux, mature, évolué, adulte.
Nous sommes ridicules aux yeux des Frum de toute la planète
(il parait que même le Mexique serait plus avancé que nous sur des tas de choses ! Un Rav israélien ayant enseigné au Mexique et en France me disait que le monde des Yeshivot au Mexique est nettement plus avancé que celui de la France. Ce qui prouve qu’en quelques années on peut nous rattraper et nous surpasser.)
Dans les grandes Yeshivot israéliennes, les étrangers (‘Houtsnikim) se retrouvent autour de valeurs et mentalités communes, mais généralement, la France reste de côté.
Il y a des Ba’hourim de Belgique, Suisse, Angleterre, Etats-Unis, Canada, Brésil, voire même d’Afrique du Sud ou d’Australie, et tous se retrouvent plus ou moins.
Mais les français sont considérés comme une race à part.
Il y a certes une mentalité très forte et particulière qui nous distingue, mais notre Yiddishkeit aussi n’est pas perçue par les autres comme étant « au niveau ».
Et encore, ce dont je parle là n’est qu’un détail par rapport aux réels dégâts, car les élèves des Yeshivot, généralement, sont les seuls français qui ne sont pas atteints par le syndrome du kabbaliste en herbe, réelle « Makat Medina » en France, où chacun se croit inspiré et s’imagine comprendre
(au moins partiellement) le jargon des pseudo-kabbalistes dans leurs discours psychédéliques.
Le vrai problème est là, en France, pas dans les Yeshivot israéliennes, mais dans NOS kehilot, synagogues, écoles, etc.
Pour
(l'ostracisation des français dans) les Yeshivot, il est certain que la mentalité française y est aussi pour beaucoup, mais pour le judaïsme en France, les dégâts de cette attirance pour la kabbale sont palpables.
Dès le plus jeune âge, les enfants sont habitués
(à l’école) aux Midrashim les plus farfelus, alors qu’ils n’ont pas la maturité / l’âge requis pour les comprendre.
Cela entraine que, dans leur esprit, la Torah est un monde totalement lunaire, un domaine où tout est possible, rien n’est sensé, tout est magique, une sorte de monde imaginaire en mode Alice au pays des merveilles. Au lieu de leur enseigner une Torah plus réelle, plus vraie, plus humaine, plus axée sur le Tikoun Hanefesh et Tikoun Hamidot…
(ce mal sévit aussi en Israël, mais disons que l'ambiance limoudique qui y règne -là où elle règne- permet de rattraper au moins partiellement les dégâts.)
Les adultes n’en guérissent pas, ils sont souvent incapables de comprendre le Pshat des Psoukim et refusent de penser qu’une Agada (un Midrash) puisse être une parabole à ne pas interpréter au sens littéral.
Leur judaïsme tourne autour de notions mystiques très éloignées de ce qui préoccupait les Rishonim et ils en oublient forcément les valeurs essentielles.
Il est probable (et du moins souhaitable) que d’ici 50 ou 100 ans, nos descendants soient estomaqués en apprenant les préoccupations « spirituelles » de leurs ancêtres.
Ils nous regarderont comme dépositaires d’un judaïsme errant et perdu, un peu comme nous pouvons percevoir cet aspect du judaïsme français des années 60 comme ridiculement égaré sur le plan halakhique.
(Pour ceux qui s'apprêtent à me demander en quoi le judaïsme des années 60 pouvait connaitre des égarements Halakhiques, j'indique que ce post vient suite à celui-ci :
https://www.techouvot.com/viewtopic.php?p=57934 )
Il faut certes souligner que ce fléau français sévit moins à Strasbourg qu’à Paris, Marseille, Lyon, etc.
On trouve à Strasbourg plus de juifs ancrés dans un judaïsme authentique qui passe par le Limoud et non par la magie.
Mais il faut aussi remarquer que Strasbourg est justement la ville où les élucubrations kabbalistiques reçoivent le plus mauvais accueil.
Il est rare qu’un Baba s’aventure à Strasbourg, même s’il écume toutes les banlieues parisiennes, et passe par toutes les villes abritant des communautés juives conséquentes, il sautera la case Strasbourg (s’il n’est pas stupide) car il risquerait d’y être mal reçu.
Cela va donc dans le sens de ce que j’écrivais plus haut, là où le judaïsme français arrive un peu à échapper à sa médiocrité, l’emprise de la mystique est plus faible.
Même si la France est très largement impactée par cette idéologie nocive à la Torah
(-au XXIème siècle du moins. Dans le passé, l’attrait pour la mystique et les superstitions n’entrainait pas du tout les mêmes dégâts), si l’on constate qu’une ville peut se distinguer, c’est qu’une simple communauté le peut aussi, à son échelle.
Même une Kehila de la région parisienne devrait pouvoir arriver à concentrer son attention sur le Limoud et non sur « la Kabbala », de sorte que ses fidèles (dont les enfants) évoluent dans une vraie Torah, une vraie Yirat Shamayim, une Torah de Midot Tovot et de EMET.
Bien entendu, cela dépendra du Rav, mais pas seulement.
Les fidèles ont un grand rôle eux aussi, en jouant le jeu, en suivant les directives du Rav et en comprenant sa volonté de les faire évoluer autour du judaïsme des Tanaïm, Amoraïm, Rishonim et A’haronim.
C’est possible dans une simple petite Kehila, sans être une Yeshiva, et c’est aussi possible (à défaut de Kehila allant dans ce sens) pour une simple famille. Aux parents d’indiquer à leurs enfants où sont les vraies valeurs, les vraies Mitsvot, les vraies Midot.