Citation:
Le Roch ( Chabbat Siman 1) ainsi que Tosfot (3a) laissent comprendre qu'il ya au moins un Issour Derabanane de laisser un juif fauter même lorsqu'il peut le faire sans nous.
De même est ramené dans le Chaar Hatsiyoun (347,9) au nom du Chakh' et M.A.
J'ai entendu sur Rav Edelstein Zatsal qu'il aurait répondu à un père lui ayant soumis le problème concernant sa fille qui s'habillait de manière impudique : " Donnes lui l'argent pour s'acheter ces habits !"
Je m'étonne sur ce "Psak" qui certes correspond à sa Hashkafa de ne pas réagir avec le Lahats et j'imagine qu'il ya d'autres critères à prendre en compte dans cette histoire ( si elle est vraie ) :
Quels sont ils ?
Vous demandez comment
Rav Edelstein a-t-il pu répondre à ce père d’accepter de donner à sa fille de quoi acheter des habits non-tsnouïm alors qu’en faisant cela il entraine (ou, à tout le moins, « cautionne ») la faute ? (ce qu’on appelle Lifnei Iver ou en tout cas « Messayea ».)
Vous vous doutez donc qu’il pourrait y avoir d’autres critères/aspects desquels il faudrait tenir compte, aspects qui pourraient contrebalancer cet interdit de faciliter la faute d’autrui, et vous demandez quels sont-ils.
Je vous répondrais en disant que je ne suis pas persuadé qu’il convienne absolument de voir ces critères et aspects comme étrangers à cette même règle, il ne s’agit pas forcément d’aspects qui seraient plus importants et qui viendraient donc repousser cet interdit de Messayea, il se peut que les raisons qui motivent la décision de
R. Edelstein soient parfaitement liées au Issour Messayea et ne viennent pas le repousser ni l’annuler.
C-à-d qu’il ne faut pas prendre l’interdit de Messayea de manière bête et brutale, l’interdit est d’entrainer quelqu’un dans la faute, de faire en sorte qu’il s’y enfonce.
Si le père s’oppose brutalement à cette volonté de sa fille adolescente (qui n’a plus 10 ans), cette opposition ne serait aucunement une action de ‘Hinoukh qui encouragerait la fille à revenir sur le droit chemin, au contraire, c’est en s’opposant de manière ferme qu’il encouragerait sa fille à aller encore plus loin dans la pritsout.
De sorte que refuser de manière catégorique (dans SON contexte), contribuerait à éloigner l’enfant des valeurs juives, c’est donc là qu’il y aurait un Issour de faire fauter autrui !
[De plus, il y a le Netsiv mentionné ici :
https://www.techouvot.com/assister_a_un_mariage_mixte-vt8030561.html?highlight= selon qui Messayea Leovrei Aveira n’est pas applicable tant qu’il y a espoir que cela puisse maintenir un lien qui permettrait éventuellement de rapprocher et amener un peu l’enfant à la Torah.
Mais à y réfléchir, vous verrez que c’est lié à ce que je disais plus haut.]
Le sujet nécessiterait d’être beaucoup plus développé et commenté, mais je fais confiance à la clairvoyance des lecteurs pour comprendre d’eux-mêmes ce que je veux dire avec ces quelques lignes.
Et je me concentre sur un autre aspect fondamental qu’il convient de souligner ici :
Le message, en filigrane, qui ressort de cette directive de
Rav Edelstein, c’est qu’il ne faut pas oublier le BON SENS.
Il faut être NORMAL.
Il ne faut pas être un « religieux borné ».
Il faut COMPRENDRE ce que les ‘Hazal nous disent, et non pas décider en fonction de notre bêtise que les ‘Hazal étaient tout autant bêtes.
Le religieux borné (et idiot) (et il est très largement représenté) se dirait
(et -al pi rov- je peux même dire « se DISAIT », avant ces réponses répétées de R. Edelstein) que permettre à sa fille d’acheter un tel habit est un acte péché et interdit, point final.
Mais c’est réfléchir en mode « Gzérat Hakatouv », c-à-d tout percevoir dans la religion juive comme étant une Gzérat Hakatouv, comme s’il n'y avait rien à comprendre mais juste à accomplir [L’école de Brisk a, hélas, une part importante dans cette dérive du XXème siècle].
C’est ce que
R. Edelstein vient contrer ; la Tsniout est une MIDA, pas une « gzérat hakatouv », c-à-d que c’est une directive divine certes mais qui se comprend humainement.
Mais surtout, il en va de même de l’interdit de Messayea, ce n’est pas une Gzérat Hakatouv dans le sens où l’on n’y comprendrait rien.
On comprend parfaitement pourquoi les ‘Hazal nous disent de ne pas aider autrui à fauter, et c’est ce qui nous permet de comprendre que ces mêmes ‘Hazal nous diraient, dans le cas mentionné, que refuser obstinément de lui acheter ces habits, dans le contexte que nous connaissons, au XXIème siècle, ne serait qu’une déchirure de plus, un encouragement supplémentaire à se détacher encore plus de la religion juive (puisque ça viendrait du père, lui-même ayant déjà une part de responsabilité dans l’éloignement de cet enfant).
C’est là que se séparent les chemins respectifs de deux types de juifs pratiquants : celui qui veille à ne pas offenser le bon sens, et celui dont c’est le dernier souci.
Le premier s’inscrit dans la lignée des Rishonim (que j’ai déjà indiqués ici et là, sur ce site et ailleurs) et avance dans un judaïsme intelligent qui rapproche l’homme de D.ieu et qui développe les bonnes Midot.
Tandis que le second, s’accroche à l’enseignement de quelques A’haronim très minoritaires (ou du moins ce qu’il en comprend), erre dans un judaïsme égarant qui ne rapproche pas ses fidèles de D.ieu (lorsqu’il ne les en éloigne pas), se gargarisant d’orthopraxie psychorigide nourrie par une sorte de cécité psychique plus ou moins volontaire.
C’est un enseignement richissime que nous avons eu la chance de recevoir de
Rav Edelstein et Min Hashamayim il a eu l’occasion de le répéter maintes fois -et même en étant filmé et enregistré, sans quoi, nous aurions déjà, quelques mois seulement après son décès, des débuts de négationnisme visant à pervertir son message, expliquant qu’il n’a parlé que dans un seul cas très précis et compliqué mais que généralement il soutenait l’inverse, etc.
Car c’est un fait : avant que
Rav Edelstein ne répète des dizaines de fois cette idée dans différents contextes
(comme le traitement de l’enfant qui transgresse shabbat), ceux qui soutenaient exactement ces mêmes idées étaient traités de mauvais juifs qui, par manque de Yirat Shamayim, conseillent de ne pas renvoyer de la maison un enfant qui transgresse shabbat.
On me l’a reproché. J’ai eu l’occasion, plusieurs fois, de conseiller des gens
(qui rencontraient ces problèmes) dans ce sens
(en leur disant de ne PAS renvoyer leur fils me'halel shabbat de la maison, mais au contraire en l'acceptant tel qu'il est), avant que
Rav Edelstein ne le fasse de manière explicite et de façon diffusée, et immanquablement, cela m’était reproché par les soutiens d’avis rabbiniques opposés, persuadés qu’ils étaient de détenir « la » vérité ou le « Daat Torah », ainsi que le monopole de la véritable Yirat Shamayim, qui leur dictait de préconiser une sévérité implacable et exemplaire envers tout enfant s’écartant du chemin des Mitsvot.
Je ne viens pas me vanter, il ne s’agit pas de dire que je sois plus imprégné de Torah qu’eux, non. Simplement que je tenais à me soucier du bon sens alors qu’eux non.
Voyez encore ceci :
https://www.techouvot.com/rav_guershon_edelstein_zatsa_l-vt8030605.html?highlight= à propos d’un autre sujet lié
(et un peu plus détaillé là :
https://www.techouvot.com/viewtopic.php?p=57261#57261 ).
Ceci étant dit, n'allez pas croire que ces sorties enregistrées et très explicites de
Rav Edelstein suffisent à faire changer de Hashkafa certains juifs obtus persuadés de détenir le Emet absolu. Ils diront (de manière plus ou moins détournée) que
Rav Edelstein avait tort.
Aussi, pour éviter des pertes d'énergies futiles, j'annonce ici même que je n'ai pas la prétention d'avoir plus raison qu'eux, ni la volonté d'imposer ma vision.
Je viens simplement répondre à votre question, vous qui tenez compte de l'avis de Rav Edelstein.
