Le Midrasch nous enseigne (Schemoth Raba, parscha 2, paragr. 6) qu'il est interdit de porter des souliers partout où la Schechinah (la présence divine) se dévoile. Nous trouvons cela à propos de Mosché Rabeïnou qui s'entend dire devant le buisson ardent : "Enlève tes souliers de tes pieds car l'endroit où tu te trouve est une terre sainte". Il en est de même avec son élève Yehoschoua (Yehoschoua, chap. 5, vers. 16). De même, nous dit le Midrasch, les Kohanim devaient servir pieds-nus dans le Temple.
Pourquoi, demande le Beèr Yossef, est-il interdit de porter des souliers là où la Schechinah se révèle ?
Dans le Sidour du Schlah Hakadosch, le Schaar Haschamayim, (et rapporté dans le Sidour Nehora Ha-schalem) la Beracha de "Schéassa Li Kol Tsorki" "qui a pourvu à tous mes besoins" est expliquée ainsi : Cette bénédiction se dit lorsque l'on met ses souliers. Il faut comprendre le rapport entre ce geste et cette bénédiction. Et j'ai appris de mon maître le Maharschal, que cela correspond au verset de David Hamélech :
"Tu ne l'as fait (l’homme) qu'un peu moins que des êtres divins, Tu l'as couronné de gloire et de splendeur. Tu l'as fait maître des œuvres de Tes mains, et mis tout à ses pieds. Brebis et taureaux, tous ensemble, et aussi les bêtes des champs". (Psaumes, chap. 8)
Dans ces versets David Hamélech parle de la grandeur de l'homme.
Il y a 4 degrés dans la création. 1) le minéral. 2) le végétal qui est supérieur au minéral et il en tire sa subsistance. 3) l'animal qui est supérieur au végétal et il le consomme. 4) l'homme, être vivant parlant, qui est maître de la gent animale, en mange et l'utilise pour ses besoins.
Et comme le dit ce verset, toute la création est aux pieds de l'homme. Il le montre de façon éclatante lorsqu'il met des souliers. Alors le cuir de l'animal se trouve sous lui, à son service, et par conséquent, aussi le monde végétal et le monde minéral.
Et c'est effectivement ainsi, plus que par toute autre action, qu'il peut percevoir que Haschem a pourvu à tous ses besoins, comme dans la bénédiction de "Schéassa Li Kol Tsorki".
Avoir des souliers aux pieds symbolise donc la force, et la maîtrise de l'homme sur la création.
Lorsque donc on est en présence de la Schechinah, devant le Roi des Rois, le Saint béni soit-Il, source de toute bénédiction, il est interdit de montrer sa maîtrise de la création devant Lui. Dans le Palais du Roi il n'y a pas de grandeur ou d'orgueil.
C'est pourquoi, lorsqu’on se trouve face à la Schechinah, il faut enlever ce qui symbolise la supériorité de l'homme sur les autres éléments de la création, et rester pieds nus.
Un lieu saint est un endroit où la Schechinah se révèle à l'homme.