Bonjour
l'interrogation de Rabbenou me semble se rapprocher de certaines qui chez les goys se posent au sujet de la possibilité de réaliser un acte gratuit, en particulier en art (art pour l'art) ou poésie.
En parlant d'intérêt moral ou matériel, Rabbenou parle d'économie.
Me revient une proposition économique de cours de récréation enfantine (donc grande) :
« Le beurre bon marché est rare, ce qui est rare est cher, donc le beurre bon marché est cher. ».
Rabbenou entend « lichma » comme un injonctif que l'on peut dire ainsi : « tu as intérêt à faire de manière désintéressée » !
Cela ressemble aussi un peu à une double contrainte (double bind) version paradoxe, pour ceux qui ne connaissent pas, voir ici (une rapide présentation)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Double_contrainte
Il s'agit de nouage, de ligature si vous préférez.
Outre la possibilité clairement établie : « Ainsi, si le profit faisait partie d’une mitsva (comme l'intérêt moral ), il n’y aurait pas de problème au fait d’en tirer profit, le lishma serait toujours sauf. » ; possibilité en laquelle le Lishma et un intérêt personnel se confondent harmonieusement (c'est un dénouage) ; peut être est il possible d'envisager une situation en laquelle à l'inverse il n'y a jamais confusion (coïncidence) des deux mais cependant aussi dénouage.
Ainsi : serait vraiment lishma, ni la mitsva qui vient d'être faite, ni celle qui est en train d'être faite, mais seulement la prochaine...
Ici du côté goy voir les textes sur la dette infini, le potlach, les limites de l'utile.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Potlach
Dans ce cas Lishma (indépendamment de sa/ses traduction)signifierait... « dépêche toi de faire la suivante »...ou « peut mieux faire »...sans fin...
C'est d'un côté un peu frustrant peut être mais rien n'est plus satisfaisant que de supporter d'avoir à faire avec de la frustration, au moins un peu.
A cela « ...puisque la torah parle de la notion de lishma c quelle existe! » il conviendrait alors de répondre : non, pas du tout, elle n'existe pas, mais il dépend de toi de faire exister non pas la notion mais l'acte d'où se comprendra que lisma n'est pas une notion et donc ne se comprend pas,
suivant l' hypothèse selon laquelle il ne s'agit pas d'une « notion » au sens ou l'on entendrait par là quelque chose qui se peut concevoir à priori ou indépendamment du fait qui la réalise.
Lishma : un contenant pas un contenu (un comprenant pas un compris). Contenant à priori invisible qui ne serait visible que du contenu qu'il reçoit . Imaginer une bouteille absolument transparente (lisma) et du vin rouge (la mitsa) versé dedans qui en révèlerait la forme sans qu'elle cesse de demeurer transparente.
Comme qui dirait « poétiquement » que le secret du mystère caché s'envelopperait dans la transparence invisible qui crève les yeux d'évidente opacité ou approximativement.
Ceci dit cette hypothèse n'est ,d'un côté au moins, pas très sympa dans le cas présent puisqu'elle revient à sous entendre que la question « ...ça veut dire quoi ? » pourrait (entre autres) indiquer une insuffisance de fait de la part de qui la pose.
La balance ne pèserait plus seulement intérêt moral ou matériel d'un côté et désintérêt de l'autre mais aussi qualité du fait et sens qui en retour s'en éclaire bien qu'obscurément ; et encore, quiétude ou inquiétude.
Tenons l'inquiétude source de la question de Rabbenou pour avant goût de lishma.
Avant goût, un goût avant même le faire, cela me semble tout bénèf, mais je ne suis pas très doué avec les chiffres et je peux donc me tromper en matières économiques.
Il n'y a cependant me semble t il aucune raison de ne pas faire ce crédit à l'inquiétude.
On est pas chez les grecs, ni au g vin (Ha! Ha! Ha!).
Si d'aventure ma proposition est recevable alors probablement en existe t il une autre entre les deux.
Question :
Faire « lishma » est il une mitsva ?
Si oui n'est ce pas alors une sorte de « méta mitsva », « une mitsva de mitsav » (d'où le double nouage) et si non quoi ?