A
Mimi26 :
Citation:
Je me permet de ramener également l’explication du Sihot Moussar.
Il explique en substance que la raison pour laquelle les bné Israël ont chuté aussi lamentablement ( en apparence ), vient du fait qu’ils ont certe vu et vécu des choses extraordinaires, mais ils n’ont fait aucun effort pour cela, ils ont tout reçu en cadeau.
La servante à la mer rouge a vu ce que n’a pas vu le prophète ihezkiel dans ses visions.
Mais elle est qd même restée une servante ...
Oui, vous avez raison c’est dans
Si’hot Moussar (5731, §27), mais il me semble qu’il n’applique ça qu’à l’idée de la
Mekhilta selon qui la servante a vu ce que n’a pas vu Ye’hezkel ben Bouzi, tandis que vous élargissez l’idée en ajoutant que c’est ce qui fait qu’ils ont pu fauter.
Cela reste un ‘hidoush conséquent mais ça semble logique, je souscris à votre ‘hidoush.
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AJOUT : en feuilletant le
Si’hot Moussar un peu plus, je m’aperçois que
Rav Shmulevitz lui-même souscrit aussi à votre idée, car il écrit une seconde fois son ‘hidoush, en ajoutant que c’est ce qui explique leur capacité à chuter ainsi dans la faute.
C’est dans l’année
5733, maamar 14.
Donc finalement, ce n’est pas votre ‘hidoush -mais j’y souscris quand même 😊
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A part cela, il faut savoir que le
Si’hot Moussar n’est pas le seul à expliquer le niveau stagnant de la servante en raison de l’absence d’efforts et de préparation, cette idée a aussi été rapportée
au nom de Rav Ye’hezkel Lewinstein que je citais plus haut !
voir
Darkei Ha’haim (II, p.341).
Et ils ne sont pas les seuls, il y a aussi
Rav Avraham Yoffen dans
Hamoussar Vehadaat (Shemot p.49) et aussi
(I, p.71).
Il répétait souvent cette idée, comme il l’écrit lui-même dans ces deux endroits, au point qu’après son décès, lorsque
Sorasky a écrit une note biographique à son sujet (imprimée dans
Hamoussar Vehadaat Bereshit, p.8), il y inséra nécessairement cette notion chère au
Rav Yoffen.
Une idée proche, au nom du
Rav Mishkovsky, se trouve dans
Or Layesharim (Kelerman) (Maamarei Moussar vehashkafa p.110).
Avant eux déjà,
Rabbi Tsadok Hacohen de Lublin distinguait cette simple vision d’un véritable « kinian » (dans plusieurs endroits, dont
Pri Tsadik, Kdoushat Shabbat, maamar 7).
Bref, c’est une idée répandue parmi les Baalei Moussar.
Cela ne veut pas dire que les Bnei Israel soient retombés à leur niveau initial, qu’ils n’aient été marqués par l’ouverture de la mer que durant une journée.
Ils ont assurément été élevés à un niveau de Kdousha, mais pas du tout comme celui de Ye’hezkel qui lui, a acquis son niveau par l’effort et la persévérance.
J’en veux pour preuve ce qu’écrivent plusieurs Rishonim : le
Ramban (Shemot XVI, 6) écrit que les Bnei Israel se sont maintenus à ce niveau de Kdousha
(qui leur a permis de vivre de la manne):
כמעלת דור המדבר שהשיגו לזיו השכינה בים כמו שאמרו ראתה שפחה על הים מה שלא ראה יחזקאל הנביא ומאותה שעה נתעלית נפשם להתקיים בתולדותיו שהוא המן
Il écrit la même idée dans
Shaar hagmoul (éd. ‘Hazon Yoel p.423).
Voir aussi
Rabénou Be’hayei (Shemot XVI, 4).
Cependant, je me pose la question suivante : ce niveau est-il compatible avec la faute du veau d’or ?
De plus, le
Ramban cite aussi dans
Parshat ‘Houkat (Bamidbar XX, 1) les mots du
Rambam (Maïmonide) desquels on comprend que leur niveau était réellement équivalent à celui d’un prophète…
Ce
Rambam se trouve dans les
8 Prakim (vers la fin du 4ème chapitre), il écrit au sujet des Bnei Israel dans le désert qu’ils n’étaient pas des gens simples mais des personnes dont la plus petite des femmes était comme le prophète Ye’hezkel.
שלא היה מדבר עם סכלים ולא עם מי שאין לו מעלה, אבל עם אנשים שהקטנה שבנשיהם היתה כיחזקאל בן בוזי
(et il s’agit déjà quasiment de la fin des 40 ans de désert).
Ce qui semble contredire de manière assez conséquente la théorie des Baalei Moussar…
Lorsqu’en matière de Hashkafa, des A’haronim s’opposent à ce que disent les Rishonim
(vraisemblablement sans s’en rendre compte), il est difficile d’accepter leur vue.
On pourrait tenter une réconciliation/réhabilitation en distinguant deux aspects du niveau spirituel
(la « situation » et la « profondeur »), mais ce n’est pas la compréhension première des mots du
Rambam.
Rav Moshé Tsuriel-Weiss explique pourtant les choses ainsi : Tous les Bnei Israel étaient à un très grand niveau spirituel, mais un niveau spirituel qui n’était pas de nature à leur permettre de lutter contre leur Yetser Hara, précisément car ils avaient pu accéder à ce niveau sans efforts, un peu comme ce que les Sages disent sur A’hitofel qui était un grand en connaissance de Torah et ‘Hokhma, mais sans efforts et par conséquent, sa Torah ne le « protégeait » pas du Yetser Hara.
PS1: Que ceux qui trouvent la phrase du Rambam (dans les 8 Prakim) un tantinet misogyne veuillent bien tenter un effort cérébral, je suis sûr que ça leur permettra de trouver la réponse.
PS2: Je suis trop fatigué pour me relire, perdon por los errores.