Je cite :
Citation:
Il y a un sentiment d'inutilité dans l'etude de la guemara qui me dérange énormément
La réponse classique des rabbanim à ce problème est de dire que le limoud construit ta personnalité.
C’est vrai, ça PEUT la construire.
Mais il y a encore autre chose.
Ça « construit » aussi la compréhension [qu’a l’étudiant] de la Torah et des mitsvot.
Celui qui n’étudie pas la Gmara reste condamné à avoir une vision erronée de la halakha, il peut lire tous les résumés halakhiques les plus détaillés, comme le
Yalkout Yossef et Cie et même les connaitre par cœur, s’il n’est pas passé par les souguiot, sa compréhension de la mitsva est
(au moins partiellement) biaisée.
Il ne saura donc pas adapter son action aux particularités de chaque situation et surtout, il ne pourra pas vraiment se rapprocher de D.ieu à travers son accomplissement des mitsvot tant qu’il n’en comprend pas bien le sens et le cadre.
Je sais que ce que je viens d’écrire est assez court pour parler d’un tel sujet, mais il serait bien long de l’expliquer ici à l’écrit.
Citation:
Je me suis mis à la place de ce médecin, et je me suis dit qu'il devait avoir vraiment une satisfaction énorme après avoir réussi à soulager ce patient
Bien entendu, le médecin qui soulage un patient en tire satisfaction, mais il n’est pas le seul.
Il en va de même pour de nombreux corps de métier.
Dans la branche médicale c’est plus fréquent car les enjeux sont d’importance primordiale.
Même s’il ne s’agît pas toujours de soulager une douleur physique, certains soulagent la douleur mentale.
Même un dentiste pourrait ressentir une satisfaction lorsqu’il soigne un patient.
Un plombier ou un garagiste aussi, s’il y réfléchit.
Pareil pour un serrurier.
En fait même un cordonnier et même un éboueur…
Ce qui importe c’est de pratiquer son métier avec la volonté d’aider autrui, c’est ça qui apporte le bien-être, pas le fait de s’intéresser exclusivement aux sommes gagnées.
Ainsi, on fait du ‘hessed en travaillant, tout en se rendant à soi-même doublement service : gain d’argent et de satisfaction.
Ce type de satisfaction découlant du travail bien fait peut concerner aussi le ba’hour yeshiva dont vous parlez, à la différence qu’il n’est encore qu’au stade des études.
Votre médecin non plus ne sauvait pas et n’aidait pas les malades en première année de médecine, mais il savait qu’il se dirigeait vers cela.
Lorsque votre ba’hour Yeshiva aura appris « plein de torah » et se mettra à travailler
(en supposant qu’il travaille dans ce domaine, comme rabbin, Dayan, possek, auteur, enseignant, Mashguia’h, etc.), lui aussi pourra ressentir de la satisfaction du fait d’aider des gens en détresse.
Mais la particularité du limoud à retenir, celle qui aura une incidence sur la vie dudit ba’hour -MÊME s’il exerce un métier indépendant du limoud, c’est que son étude et sa capacité à étudier, son autonomie dans les textes, lui permettront d’accéder à la vraie Torah et ne pas s’arrêter au succédané généralement présenté aux pauvres Amei Haarets
(qui constituent nos communautés françaises) comme étant « la Torah ».
Résultat, ses Mitsvot auront un sens et une puissance décuplée et toute sa vie de juif prendra une autre direction, aura un véritable sens
(s’il persévère dans l’étude).
Ces Mitsvot « intelligentes » lui donneront de la satisfaction, sans parler du fait qu’il sera généralement à même d’aider autrui aussi grâce à cela.
Citation:
J'aurais envie de leur répondre que tout apprentissage construit tout expérience d'etude affine ta personnalité pas spécialement de la guemra
C’est vrai en ce qui concerne la construction de la personnalité par l’expérience, mais il y a bien plus, il y a la construction par l’information.
Pour quelqu’un qui ne pratiquera pas, c’est vrai, on pourrait se dire que cela n’apporte pas grand-chose, mais pour une personne qui souhaite pratiquer les mitsvot, toute sa Avodat Hashem peut être transformée par ce limoud.
Un élève en médecine qui n’exercera pas
(mais travaillera en tant qu’électricien par exemple), aura bien entendu quelques avantages par ses souvenirs de ces études, il comprendra mieux l’effet des médicaments qu’il donnera à ses enfants, saura prévenir les interactions médicamenteuses néfastes, ou doser convenablement en fonction de la situation et du sujet.
Mais ça s’arrête-là.
Le talmudiste qui n’épouse pas une carrière rabbinique, s’il reste pratiquant, bénéficiera tout de même d’une véritable compréhension (plus ou moins profonde) de ce qu’il fait quotidiennement dans sa vie de juif.
Citation:
En fait je n'arrive pas à comprendre quelle est la finalité de toute cette gymnastique d'esprit bien que je sais qu'un fou de math abstraite ne sera pas dérangé par ce genre de sentiment l'abstrait c'est son quotidien , son épanouissement est provoqué par le frottement de ses neurones mais ce sentiment d'inutilité est assez dérangeant.
Attention, il est vrai que certains yeshivistes pèchent par excès de pilpoul.
La casuistique pure n’amène pas toujours à une compréhension plus authentique/véritable de la Torah.
Même si cette gymnastique cérébrale reste bénéfique pour entretenir son cerveau et assurer ses vieux jours, elle ne dirige pas toujours l’étudiant vers le Emet.
Le « savant fou » en jubilera, mais ça ne concerne qu’une petite partie de la population et il n’y a guère de raison d’espérer être un savant fou.
Citation:
Je précise que cette sensation est présente surtout dans la guemara mais pas quand j' ouvre un rav dessler par exemple elle est moins dérangeante
Oui, parce que là, vous voyez plus immédiatement l’intérêt de l’information. Alors que se former au Talmud est un exercice plus long, plus délicat et moins « immédiat ».
Rav Dessler travaille essentiellement sur les Agadot, vous verrez qu’en lisant d’autres livres similaires qui traitent des Agadot du Talmud, vous trouverez un plaisir plus concret, c’est normal.
Néanmoins, il faut savoir que les véritables trésors ne se trouvent pas dans le
Mikhtav Meéliahou, mais dans le Talmud.
C’est en lisant « entre les lignes » que l’on découvre des trésors insoupçonnés
(mais pour lire entre les lignes, il faut déjà savoir lire les lignes elles-mêmes).
En fait votre question touche à un sujet très large : quel est le « but » du limoud hatorah?
D’accord, c’est une mitsva, mais qu’est-ce que D.ieu attend de nous à travers cette mitsva ?
Qu’entraîne cette mitsva, que produit-elle sur celui qui l’accomplit ?
C’est très vaste, il se trouve que les rabbins disent souvent des choses différentes les uns des autres à ce sujet.
Je crois avoir déjà posté un message sur « quel est le but du limoud ?».
(ou approximatif. J’ai essayé très rapidement de le trouver, sans succès. Ça ne doit pas être les bons mots.)
Si ce n’est pas le cas, je tenterai –b’’n- de le faire si on me le demande sur un NOUVEAU fil de discussion.
(pas ici, merci. Il ne faut pas mêler les sujets)
Je termine sans me relire (par manque de temps), veuillez excuser les fautes.