La haftara de Nitsavim – Wayélekh (Isaïe 61, 10 et suivants) commence par les mots : soss assiss (« Réjouir, je me réjouirai »), c’est-à-dire par la réduplication d’un même mot, répété dans la même phrase ou portion de phrase, procédé que l’on trouve souvent dans l’ensemble du Tanakh et qui sert à mettre l’accent sur une action ou sur une idée.
On peut constater que ce procédé est fréquent dans les haftaroth qui constituent les chiv‘a de-ne‘hmatha (« sept haftaroth de consolation ») lues après le 9 av :
– Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu (Isaïe 40, 1).
– Réveille-toi, réveille-toi (Isaïe 51, 9 et 17).
– Lève-toi, resplendis, car ta lumière est venue (Isaïe 60, 1).
– C’est moi, c’est moi qui vous console ! (Isaïe 51, 12).
– C’est moi, c’est moi qui efface tes transgressions (Isaïe 43, 25).
Et dans la haftara de Nitsavim – Wayélekh : « Réjouir, je me réjouirai en Hachem… » (Isaïe 61, 10).
Ce recours répété à la réduplication est expliqué comme suit par le Yalqout Chim‘oni Eikha 1, 1018 :
Tous les châtiments infligés à Israël ont été doublés, ainsi que l’a écrit le prophète Jérémie (4, 20) : « “Ruine sur ruine” se fait entendre, car tout le pays est dévasté… », et ainsi qu’il est écrit dans la Meguilath Eikha : « “Elle pleure, elle pleure” pendant la nuit… » (1, 2) ; « Jérusalem a “péché un péché” » (1, 8) ; « “Mon œil, mon œil” se fond en eau… » (1, 16), et ce doublement prend son origine dans le verset : « Car mon peuple “a fait deux maux” : ils m’ont abandonné, moi, la source des eaux vives, pour se creuser des citernes, des citernes crevassées qui ne retiennent pas l’eau » (Jérémie 2, 13).
Pour cette même raison, les consolations, elles aussi, seront doublées, à l’image de ce qu’il est advenu à Job lorsqu’il a recouvré ses biens : … et Hachem donna à Job “le double” de tout ce qu’il avait eu » (Job, 42, 10), et ainsi que l’a annoncé Isaïe : « Au lieu de votre honte vous aurez “le double”… » (Isaïe 61, 7).