Parmi les nombreux sujets que traite la parachath Beha‘alothekha figure l’institution de Pessa‘h chèni :
« Parle aux enfants d’Israël en disant : Un homme, lorsqu’il sera impur pour une âme, ou est en voyage au loin, il fera Pessa‘h à Hachem » (Bamidbar 9, 10).
Qu’est-ce qu’un « voyage au loin » ?
Deux conceptions s’opposent : Celle de rabbi ‘Aqiva, qui considère que voyage au loin celui qui se trouve plus loin que Modi‘in, et celle de rabbi Eliézèr, pour qui est déjà éloigné celui qui a franchi le seuil du Sanctuaire (Pessa‘him 93b).
Cette controverse, commente Vedibarta bam, doit être considérée d’un point de vue spirituel, et pas seulement géographique.
Le mot Modi‘in provient du mot mada’, à la fois connaissance et étude. Etre plus loin que Modi‘in veut dire par conséquent manquer de connaissances en Tora, se trouver éloigné du peuple juif.
Pour rabbi Eliézèr, l’éloignement dont parle le verset s’applique, non plus à l’ignorant, mais à celui qui, malgré ses connaissances, leur est devenu indifférent et a cessé toute pratique des mitswoth. Il sait que le Sanctuaire est saint, mais il en a « franchi le seuil » et refuse d’y pénétrer à nouveau.
Les deux « éloignements », celui de rabbi ‘Aqiva comme celui de rabbi Eliézèr, aboutissent au même résultat, mais ils ne sont pas désespérés. Pessa‘h chèni est là pour nous apprendre que même l’ignorant, celui qui « se trouve plus loin que Modi‘in », et l’érudit devenu indifférent, celui qui « a franchi le seuil du Sanctuaire », restent les bienvenus s’ils font retour aux valeurs de la Tora.