Dans le premier verset de la haftara (Isaïe 27, 6), le prophète annonce que Jacob prendra racine, et que c’est en tant qu’Israël qu’il fleurira et donnera des fruits. Ce changement de dénomination témoigne de l’irrésistible élévation du peuple juif, d’abord opprimé en tant que Jacob, puis promu à la dignité d’Israël.
A propos du verset : « Et les enfants d’Israël fructifièrent, grouillèrent, se multiplièrent, devinrent puissants en abondante abondance, le pays en fut rempli » (Chemoth 1, 7), Sforno souligne la parenté du motוישרצו (« grouillèrent ») avec שרצים (« vermines »), comme si la Tora avait voulu comparer les enfants d’Israël à des pullulements d’insectes et de créatures rampantes.
Sforno explique ce rapprochement par le déclin du niveau de spiritualité de nos ancêtres en Egypte, dont ils avaient adopté la culture et les dévergondages.
Dans notre haftara, le prophète reprend le même thème en l’appliquant à ses contemporains, et spécialement aux « ivrognes d’Ephraïm » dont il prédit le prochain effondrement (Isaïe 28, 1 et suivants).
Mais il ajoute aussitôt que « ce jour-là Hachem des armées sera pour couronne de beauté et pour diadème d’ornement au reste de Son peuple » (28, 5), annonçant ainsi qu’après la destruction d’Ephraïm, symbole du Royaume du Nord, surviendra une ère de bonheur pour « le reste de Son peuple », c’est-à-dire le Royaume de Juda (d’après Radaq).