La haftara de Chabbath parachath ha-‘hodech nous fournit l’occasion de vérifier l’authenticité du livre du prophète Ezéchiel et de nous faire prendre conscience des difficultés qui ont entouré son inscription dans notre canon biblique.
Cette haftara (Ezéchiel 45, 16 à 46, 18 selon le rite achkenaze et 45, 18 à 46, 18 selon le rite séfarade) décrit le cérémonial qui entourera le service du troisième Temple, celui qui accompagnera la venue du Messie.
Or, cette description contredit à plusieurs reprises celle de la Tora. C’est ainsi que la fête de Pessa‘h tombera le quatorze (45, 21) nissan, et non plus le quinze, le nombre d’animaux offerts sur l’autel ne sera plus celui qu’exigeait la Tora, et bien d’autres différences encore. Le livre d’Ezéchiel foisonne de ces contradictions.
Il s’en est fallu de peu, enseigne la Guemara (Chabbath 13b, ‘Haguiga 13a, Mena‘hoth 45a), que ce livre fût écarté du canon biblique. C’est l’intervention opportune de ‘Hanania ben ‘Hizqiya qui a emporté la décision.
De fait, le livre pouvait laisser l’impression de contredire certaines lois de la Tora :
– En paraissant instituer, hors des règles édictées par la Tora, une solennité le sept nissan (45, 20).
– En formulant des principes fixant la responsabilité personnelle (Ezéchiel 18, 4 : “L’âme qui péchera, celle-là mourra !”) différents de ceux contenus dans Chemoth 34, 7 : “Il poursuit le méfait des pères sur les enfants, sur les petits-enfants.” Cette contradiction, notons-le, n’est pas résolue par le Talmud (Makoth 24a).
– En paraissant limiter aux seuls kohanim (44, 31) l’interdiction de manger la viande d’animaux non égorgés par che‘hita, alors que cette prohibition s’applique à tous les Juifs, la solution de cette difficulté étant renvoyée à l’interprétation du prophète Elie (Mena’hoth 45a).
– En semblant étendre à tous les kohanim l’interdiction d’épouser une veuve, alors que la Tora ne l’édicte que pour le kohen gadol (Wayiqra 21, 13 et 14). Cette contradiction est résolue par la Guemara (Qiddouchin 78a et b).