Le mois de nissan occupe une place de choix dans la tradition juive : Il est considéré comme « le premier de tous les mois de l’année » (Chemoth 12, 2)
Une telle déférence lui est accordée en premier lieu du fait qu’il a été le témoin de l’affranchissement des Hébreux de l’esclavage égyptien, que nous célébrons par la fête de Pessa‘h.
Et dès ce Chabbath, pour nous mettre dans l’atmosphère de cette libération miraculeuse avant même le commencement du mois de nissan, on lit dans la Tora un passage additionnel relatant les préparatifs de nos ancêtres en vue de la sortie d’Egypte. On nous y rapporte, en particulier, la confiance qu’ils ont manifestée à Hachem, en aspergeant les montants de leurs portes avec le sang de l’agneau pascal, en signalant ainsi, aux Egyptiens exaspérés et tendus, qu’ils mettaient toute leur foi en Lui et n’attendaient que Son ordre pour quitter le pays.
Mais le mois de nissan jouit d’une grande considération pour une autre raison encore : C’est en ce mois qu’a eu lieu plus tard l’inauguration du Tabernacle. Les douze chefs des tribus d’Israël se sont succédés pendant les douze premiers jours de ce mois pour offrir à Hachem les sacrifices par lesquels la Maison de Dieu se trouva consacrée au service divin, Il y a, certes, un lien entre les deux événements qui ont marqué ce mois de leur empreinte : les enfants d’Israël n’avaient été libérés de l’esclavage que pour entrer au service de Hachem et, grâce au message divin, au service des hommes.
Notre haftara, tirée des chapitres que consacre le prophète Ezéchiel à sa vision du Temple de l’avenir, ne manque pas de faire allusion à la place privilégiée qu’occupe le mois de nissan. C’est le premier jour de ce mois que sera consacrés également la nouvelle Maison de Hachem prévue par le prophète (versets 18 et 19), Le prophète cite aussi, bien entendu, les sacrifices de la fête de Pessa‘h (verset 21), que l’on continuera à y présenter.
Ainsi, par la lecture additionnelle de la Tora tout comme par la haftara, se trouve proclamée d’une manière solennelle l’arrivée du mois de nissan. Ce Chabbath spécial lui est entièrement consacré et il porte, de ce fait, le nom de « Chabbath ha-‘hodech » – le « Chabbath du mois » par excellence.
Signalons enfin, que les prélèvements dont parlent les deux premiers versets de la haftara se trouvent précisés dans les versets qui précèdent notre texte, Ces détails ont pour but de prévenir les abus qui sont stigmatisés avec fermeté dans ce même chapitre.
(D’après le rabbin Jean SCHWARTZ, « LES HAFTAROTT »).