La haftara que l’on a associée à la parachath Matoth est la première des trois haftaroth de-pour‘anoutha (« haftaroth de menaces ») que l’on récite entre les jeûnes du 17 tamouz et du 9 av.
Empruntée au premier chapitre du livre de Jérémie, elle rapporte les circonstances dans lesquelles Hachem a choisi ce prophète pour être Son porte-parole.
Contrairement à Moïse et à Isaïe, dont le choix par Hachem en tant que prophètes ne donne lieu à aucune explication, celui de Jérémie est clairement motivé : « … Je t’ai sanctifié avant même ta sortie du sein de ta mère » (1, 5).
En présence d’une telle insistance divine, Jérémie ne proteste pas. Ou du moins sa réaction est loin d’être aussi négative que celle de ses devanciers. Moïse avait demandé à être dispensé de servir comme libérateur au motif qu’il était « lourd de bouche et lourd de langue » (Chemoth 4, 10). Isaïe avait, quant à lui, protesté de « l’impureté de ses lèvres » (Isaïe 6, 5). Jérémie, au contraire, n’invoque pas son incapacité ou son indignité qui le rendraient inaptes à la prophétie, mais seulement sa trop grande jeunesse (1, 6).
La mission de Jérémie est définie d’une manière on ne peut plus concise dans le premier chapitre de son livre, verset 10. Il devra « arracher et démolir, détruire et renverser, bâtir et planter ». On retrouve l’énumération de ces tâches, sous une forme à peine plus explicite, dans 18, 7 et 31, 27.
Aussi la Guemara (Baba bathra 15a) explique-t-elle, pour justifier la place occupée jadis par le livre de Jérémie entre celui des Rois et celui d’Ezéchiel, qu’il contient uniquement le récit d’une destruction (koulei ‘hourbana).
En réalité, il convient d’atténuer le caractère un peu péremptoire de cette affirmation, en considération du fait qu’à « l’arrachage et à la démolition, à la destruction et au renversement » succéderont l’acte de « bâtir » et celui de « planter ». En effet, le livre de Jérémie contient plusieurs chapitres – de 30 à 33 inclus – qui constituent, à l’instar des chapitres 40 et suivants d’Isaïe, de véritables « consolations ».