Le chapitre 13 du livre des Choftim (« Juges ») relate avec force détails les circonstances de la naissance de Samson, et en particulier la façon dont celle-ci a été annoncée à ses parents.
Tout au long de ce chapitre, c’est sa mère qui occupe le devant de la scène. C’est à elle qu’un ange de Hachem annonce qu’elle aura un fils (13, 3), c’est à elle qu’il est fait injonction de ne boire ni vin ni boisson forte, et de rien manger d’impur (13, 4), et c’est par elle, et non par l’ange, que son mari apprendra la nouvelle de sa future paternité. Signalons en outre que le mari est terrorisé à l’idée d’avoir reçu la visite d’un ange, et que c’est sa femme qui le rassure : « Si Hachem avait voulu nous faire mourir, Il n’aurait pas accepté de notre main un holocauste et une oblation, et Il ne nous aurait pas fait voir toutes ces choses, et ne nous aurait pas fait entendre alors des choses comme celles-là » (13, 23).
On ne peut donc que s’étonner de ce que le texte de ce chapitre, qui répète à l’envi – pas moins de dix-sept fois – le nom du père de Samson, Manoa‘h, reste muet sur celui de sa mère.
Ce n’est que dans les textes postérieurs que nous est livrée la clé de l’énigme : Elle s’appelait Tselalfonith (Baba Bathra 91a), Hatselalfonith (Midrach Echeth ‘Hayil), ou encore Hatselelponi, de la tribu de Juda (I Chroniques 4, 3).
Dans son ouvrage Benayiahou ben Jehoïyada sur Baba Bathra, le Ben ich ‘Haï explique ainsi la discrétion du texte biblique : Etant donné que l’ange de Hachem s’est adressé à plusieurs reprises à Tselalfonith, les hérétiques auraient pu la considérer comme une prophétesse, ce qu’elle n’était pas, et ils auraient pu en venir à s’interroger sur son nom.
C’est pour éviter que soit commise une telle erreur que le texte a dissimulé son identité.