De même que Moïse a dû affronter la révolte de Qora‘h, de même le prophète Samuel a dû faire face, à la fin de sa vie, à la contestation de l’ensemble des enfants d’Israël.
Ces deux agitations sont allées si loin que Moïse, tout comme Samuel, a été forcé de se défendre contre des accusations de malversation.
« Je ne leur ai pas pris un seul âne », a protesté Moïse (Bamidbar 16, 15), et « ai-je pris un âne ? », s’est récrié Samuel (I Samuel 12, 3).
Pourquoi ont-ils parlé d’un âne ? Pourquoi pas d’argent ou d’or ou d’autres objets précieux ?
C’est que l’un comme l’autre ont voyagé sur un âne, Moïse pour revenir de Midian en Egypte, et Samuel pour se déplacer à travers Erets Yisraël pour les besoins de son activité prophétique. Ils auraient eu droit l’un comme l’autre à la mise d’un âne à leur disposition, à la fourniture d’un véhicule de fonction, en quelque sorte, mais ils se sont contentés de leur âne personnel.
Mais pourquoi un âne, animal humble et destiné à des tâches subalternes, et pas un cheval, monture habituelle des grands personnages ?
On sait en effet que ceux-ci ont droit normalement, vu leur rang, à cet animal, explique le ha-‘Emeq davar (ad Bamidbar 16, 15) par antiphrase du verset : « J’ai vu des serviteurs sur des chevaux, et des princes marchant sur la terre comme des serviteurs » (Ecclésiaste 10, 7).
Non seulement, poursuit-il, n’ont-ils pas pris un cheval, mais ils n’ont même pas demandé à la collectivité des enfants d’Israël de leur fournir un âne.
Cela nous montre, poursuit le même commentateur, que celui qui s’occupe des affaires publiques a le droit de se faire entretenir par la collectivité. Sinon, le temps qu’il devrait consacrer à sa propre subsistance serait pris sur celui qu’il consacre à sa mission.
Seul en effet l’âne qui a servi au retour de Moïse et de sa famille en Egypte appartenait en propre à celui-ci, et non les autres nécessités matérielles de son existence, qui lui étaient fournies par les enfants d’Israël.