Dans cette haftara, le prophète Ezéchiel, au nom de Hachem, invective Pharaon, « grand crocodile, couché au milieu de ses fleuves, lui qui dit : “Mon fleuve est à moi, c'est moi qui me le suis fait !” » (29, 3).
Ce verset souligne la caractéristique essentielle de l’Egypte et la source de son arrogance : Bien que son territoire soit désertique dans sa plus grande partie, ce pays n’a pas besoin de pluies, et sa fertilité lui est procurée exclusivement par le Nil, un fleuve dont les crues sont régulières et qui suffisent à assurer la prospérité des régions qu’il traverse.
Cette arrogance de l’Egypte antique se trouve renforcée par celle de son roi, Pharaon. Persuadé qu’il est une divinité, il s’identifie au Nil et affirme en avoir été le créateur.
Mais un jour viendra, annonce le prophète, où ce « grand crocodile » recevra la juste punition de son arrogance, et il sera donné « en pâture aux animaux de la terre et aux oiseaux des cieux » (29, 5).
Cette punition, l’Egypte ne la méritera pas pour avoir asservi les enfants d’Israël comme dans notre paracha, mais parce qu’elle leur a « prêté un appui de roseau » (29, 6).
Le roseau dont il est ici question, ce n’est ni le « roseau pensant » de Pascal, ni le roseau « qui plie et ne rompt pas » de La Fontaine.
Contrairement à ces deux auteurs, qui ont du roseau une vision positive, nos prophètes, comme ici Ezéchiel, et avant lui Isaïe (36, 6), en font un symbole de fourberie et de duplicité :
A plusieurs reprises, explique Rachi, les enfants d’Israël ont accordé leur confiance aux Egyptiens : à l’époque de Sennachérib, conquérant du royaume d’Israël, et à celle de Nabuchodonosor, conquérant du royaume de Juda et destructeur du premier Temple. Mais ils n’ont jamais obtenu d’eux le soutien qu’ils en attendaient et qui leur était promis par des alliances conclues en bonne et due forme. L’Egypte s’est comportée comme un roseau, perfide et infidèle, qui n’apporte jamais un appui sûr à celui qui compte sur lui.