Citation:
Dans l'un de vos cours sur pirkei avot vous parliez d'une sensibilite-difficulte moderne au divorce, a propos du non divorce du Hazon Ish.
Oui, beaucoup m'en parlent, souvent en des termes qui me prouvent qu'ils n'ont pas bien compris ce que je disais.
Citation:
La guemara erouvin 41b, rapporte que deja a l'epoque, un homme pouvait en arriver a s'abstenir de divorcer d'une mauvaise femme " car il a des enfants et ne peut la divorcer".
Je reste interrogatif sur ce " ne peut pas la divorcer", pour preserver la famille, pour le bien des enfants ? je ne vois pas tres bien ce que la guemara veut dire.
Ce qu'elle veut dire est très simple: le mari ne sachant/pouvant pas s'occuper des enfants, il ne peut pas divorcer (tant qu'ils sont jeunes).
Le lecteur du XXIème siècle peut se demander ce que la Gmara veut dire, car de nos jours, il est plus que fréquent qu'un père s'occupe de ses enfants (je veux parler ici de l'aspect pratique, les nourrir, les laver, changer les couches etc. Même pour allaiter un bébé il y a les biberons), alors qu'à l'époque de la Gmara ça n'arrivait quasiment jamais.
C'était toujours la mère qui faisait à manger, qui nourrissait les enfants, les changeait, les habillait, etc.
Donc celui qui souhaitait divorcer alors qu'il avait des enfants était techniquement un peu coincé. A moins de dire au revoir en même temps à ses enfants et de les laisser avec leur mère. Mais cette solution est elle aussi un frein au divorce.
Il lui reste l'option de divorcer et de se marier rapidement après, mais d'une part il sera très embêté pour la période intermédiaire et surtout, la seconde femme ne s'occupera pas bien des enfants (qui ne sont pas les siens).
Bref, concrètement, celui qui avait des enfants ne divorçait pas facilement et préférait attendre qu'ils grandissent -c'est tout ce que la Gmara dit.
Citation:
Quoi qu'il en soit pensez-vous que cela soit un argument contre la description de la relative facilite du divorce a l'epoque antique, que vous avez proposee ?
Absolument pas.
Au contraire, selon votre logique, je vous rétorquerai que le fait que la Gmara n'ait pas envisagé cette option (qu'il l'aimait trop) indique bien que c'est une sentiment qui n'était pas fréquent.
Mais en ce qui me concerne, je me garde d'apporter une preuve à partir de ce passage, car il semble exclus d'imaginer une romance dans ce contexte; je vous rappelle que la Gmara y parle d'une Isha Raa, une femme mauvaise/méchante. Dans ce cas, comment imaginer un attachement sentimental?
Comment pensiez-vous apporter un contre-argument, en imaginant que la difficulté du divorce dont on nous parle dans
Erouvin (41b) relèverait de l'affection, alors qu'il s'agit d'une femme qualifiée de "méchante", ce qui est interprété par la Gmara
(Yevamot 63b) comme voulant dire qu'elle ferait constamment la tête à son mari ou qu'elle l'insulterait à longueur de journée , ou encore qu'elle se disputerait avec tout le monde , son mari et ses voisines
(Rabénou Avraham de Montpellier sur Yevamot 63b) .
Bref, si on recherche de la romance à cette époque, ce n'est pas dans cette configuration qu'il faut s'attendre à la trouver.
