La raison pour laquelle Moïse a été pleuré par les hommes seulement, alors que son frère Aaron l’avait été par « “toute” la maison d’Israël », femmes comprises (Bamidbar 20, 29), est expliquée par Rachi (ad Devarim 34, 8, d’après les Avoth de-Rabbi Nathan chapitre 12) : Aaron faisait régner la paix entre les hommes, et tout particulièrement entre maris et femmes.
Quant à Miryam, le Keli Yaqar, faisant observer que le verset qui annonce sa mort (Bamidbar 20, 1) est immédiatement suivi par : « Et il n’y avait pas d’eau pour la communauté… », indique que le manque d’eau qui a suivi sa mort a été la punition des enfants d’Israël pour n’avoir pas pleuré son décès comme ils le feront plus tard à la mort de ses deux frères.
L’idée de « punition » employée ici par ce commentateur suggère que les enfants d’Israël se sont rendus coupables d’une grave ingratitude envers Miryam, grâce à qui ils avaient pourtant bénéficié d’une source d’eau inépuisable.
Signalons ici un enseignement du Yalqout Chim‘oni (Bamidbar chapitre 33, § 786) :
« A la mort de Miryam, personne n’a prononcé son éloge funèbre ni ne l’a inhumée, si ce n’est Moïse en la portant par la tête et Aaron par les pieds. De même Moïse n’a pas, à sa mort, été pleuré par “toute la maison d’Israël” comme l’avait été Aaron, mais par “les enfants d’Israël” car il les morigénait à tout propos, alors que son frère ne leur reprochait jamais aucun défaut.
Lorsque Moïse a vu tous les honneurs rendus à Aaron, dont le cercueil avait été hissé au sommet du Ciel, quand il a vu le Saint béni soit-Il et Ses anges l’entourer et dire son éloge, il s’est mis à pleurer : “Malheur à moi qui suis resté seul ! Lorsque Miryam est morte, personne en Israël ne s’est joint à Aarone et à moi qui la pleurions et qui l’avons inhumée. Lorsque Aaron est mort, son fils [El‘azar] et moi nous avons veillé devant son lit de mort. Mais moi, qui sera avec moi et qui me veillera lorsque je mourrai, ni père ni fils, ni frère ni sœur ? Et qui me pleurera ?”
Le Saint béni soit-Il lui répondit : “Ne crains rien, car c’est Moi qui te veillerai et qui t’enterrerai dans l’honneur.” »
[J. K.]