Le premier chapitre du livre de Jérémie, qui constitue la haftara de la parachath Pin‘has quand elle est lue, comme c’est le cas en cette année 2010, après le 17 tamouz, raconte par le menu le dialogue échangé entre Hachem et le prophète afin qu’il consente à remplir sa mission pour laquelle il avait été désigné dès le sein de sa mère (1, 5).
Cette prédestination en quelque sorte prénatale de Jérémie est unique, et aucun autre prophète biblique n’en a bénéficié. C’est ainsi que l’élection de Moïse, le plus grand d’entre eux, par Hachem a été déterminée par ses vertus ainsi que par la misère dans laquelle étaient plongés en Egypte les enfants d’Israël, et il n’est nulle part question d’un dessein divin qui l’aurait choisi dès sa conception (Chemoth 3, 1 et suivants).
Pour Rambam/Maïmonide (Guide des Egarés 2, 32), la particularité de l’élection de Jérémie tient à ce que ce prophète, s’il a hésité à s’engager dans la mission que Hachem avait décidé de lui confier, c’est parce que celle-ci allait faire de lui l’annonciateur des destructions qui s’abattraient bientôt sur Israël.
Ayant constaté cette réticence, Hachem a vu dans la révélation de cette prédestination, qui n’était rien d’autre, somme toute, que celle d’un des Ses secrets, un moyen de le réconforter et de lui faciliter sa difficile mission. Mais c’est bien son éducation et ses qualités personnelles, et non une fatalité inéluctable, qui ont fait de Jérémie ce qu’il a été.