Ainsi que l’indique Rachi citant Baba Metsi‘a 32a et b, la mitswa édictée par le verset de Chemoth consiste à décharger le fardeau de l’âne de son ennemi. S’agissant en revanche de celui de Devarim, la mitswa consiste à recharger le fardeau qui est tombé de sur l’animal.
Rabbeinou be‘hayei (ad Chemoth 23, 5) propose une explication supplémentaire prenant appui sur Baba Metsi‘a 32a pour justifier la coexistence de ces deux versets :
On aurait pu penser que le verset dans Devarim, qui édicte l’obligation de « recharger » le fardeau de l’animal étendu sur la voix publique, rend inutile celui dans Chemoth qui impose celle de « décharger ».
En effet, si la Tora impose de « recharger » alors que cela n’occasionne pas de souffrance à l’animal, il devrait en être de même à plus forte raison lorsqu’elle nous demande de « décharger », puisqu’il y a alors souffrance de l’animal.
En vérité, les deux mitswoth de « charger » et de « décharger » sont de natures totalement différentes : Celle de « décharger » est à exécuter gratuitement, tandis que celle de « charger » peut être rémunérée. Cela signifie que l’interdiction de causer des souffrances à un animal est une mitswa mideoraytha (« mitswa prenant sa source dans la Tora »).
De même Rambam stipule-t-il (Hilkhoth rotséa‘h ou-chemirath néfèch 13, 13) que si l’on se trouve simultanément en présence d’un homme qui cherche à décharger son animal, et d’un autre en train de le charger, on a l’obligation d’aider le premier, et non le second, et ce afin d’épargner des souffrances à l’animal.
Deux autres explications nous sont proposées par Ramban (ad Devarim 22, 4) :
1. Le verset dans Chemoth édicte une mitswa « active » : « Aide à décharger ! », tandis que celui dans Devarim institue au contraire une interdiction (« Tu ne verras pas »).
2. L’un des deux versets parle de « ton ennemi » (Chemoth 23, 5), et l’autre de « ton frère » (Devarim 22, 4), cela pour t’apprendre que si tu agis ainsi, tu te rappelleras qu’il est ton frère, et tu oublieras la haine.